Sureaux

Toujours à Chamarande, j'ai vu un étrange monticule fait de branchages non loin du rivage.

Le sommet en était surmonté par un bel oiseau noir que j'ai d'abord pris pour une poule d'eau. Mais il avait une curieuse tache blanche sur le front et le bec. J'ai cherché, c'est une foulque macroule, espèce très proche de la poule d'eau.

Je me suis éloignée dans toutes les directions pour tenter de l'avoir sous un autre angle, mais je la voyais toujours de face, son regard me suivait partout, j'étais surveillée.
Et puis j'ai aperçu son compagnon qui nageait à proximité.

Ces oisillons donneront ce bel oiseau, l'oeil aussi noir que la plume. Je vous le présente sous toutes les coutures, face, profil droit, profil gauche.

Oui, ce sont des bernaches du Canada.

Voici d'adorables oisillons photographiés près du lac du parc de Chamarande. De quel oiseau sont-ils les petits ?
Réponse ce soir.

A Romilly, la vie est de plus en plus visibe. De toutes petites grenouilles sautent partout. Rien à voir celles qui venaient pondre dans la mare, cette fois ce sont des bébés d'environ 3 cm :

Et voici mes premières photographies de demoiselle de l'année :

Je vous ai déjà montré mon Lysichiton americanum qui commençait à fleurir le 2 avril :

Alors que depuis plusieurs années il ne montrait qu'une fleur, très grande , certes, mais unique, j'ai eu l'agréable surprise d'en voir une deuxième le 11 avril. Ce n'est pas un rapide mais il a enfin fait un petit :

Et aujourd'hui, à Trifouilly, j'ai vu les fleurs de mes 4 bulbes de Lysichiton camtschaticum. Ils sont plus petits et blancs :

Tous ont besoin d'un terrain très humide, mais ce ne sont pas des plantes aquatiques.

Aujourd'hui sur la mare on pouvait voir des pontes de grenouille et des geris:

Et au bord de la mare :
un bourdon ?

le Lysichiton americanum qui émerge lentement au dessus des ficaires et du lierre

pendant que Dracunculus vulgaris en fait autant devant des Arum italicum, de la même famille

et les Caltha palustris sont en pleine floraison devant Allium ursinum

Elle est beaucoup plus grande que celle de Veneux, peut-être 300 m2. Mais elle est presque entièrement cernée par une haie de cyprès et voit rarement le soleil. Les parois sont verticales sauf un seul accès en pente douce d'environ 5 m de large. Cet accès est non seulement couvert de broussailles, ronces, etc. mais il est bardé de fils de fer accrochés à des piquets sur plusieurs rangées ! Il y a aussi des pancartes : pièges. J'ai du mal à cerner la psychologie des précédents propriétaires.
N'étant pas équipée pour couper facilement tous ces fils, je me suis seulement crée aujourd'hui un étroit chemin d'accès vers l'eau. L'achat d'une bonne pince coupante est prévu pour demain.

Cet accès m'a permis de décourir des Caltha palustris déjà fleuris, donc en avance sur ceux de Veneux,

des Iris pseudacorus, un joli trou dans la berge d'en face et j'espère en voir le propriétaire un jour, des lentilles d'eau déjà abondantes, et ces feuilles pas encore déroulées de nénuphar.

Il y a les mêmes chez le voisin :

En les voyant passer, 'Gloire de Nantes' a ouvert sa première fleur :

tandis que Allium ursinum et Caltha palustris sortaient leurs jeunes feuilles toutes fraîches au bord de l'eau :

Les grenouilles.
Depuis plus de 20 ans, elles arrivent avec une précision étonnante entre le 27 février et le 2 mars. Hier, j'ai senti des mouvements dans la mare et j'ai vu des bulles, elles étaient arrivées dans la nuit. Aujourd'hui je me suis acharnée à les voir. Elles sont discrètes, couleur feuille morte, mais, curieuses, elles sortent leurs gros yeux :

et, avec de la patience, on finit par pouvoir les photographier en entier :

J'ai continué à enlever des feuilles mortes sur les mares. Cela prend énormément de temps parce que je m'acharne à récupérer tout ce qui bouge pour retour à l'eau. Aujourd'hui, au soleil, il faisait chaud. C'est peut-être ce qui explique que tout ce petit monde était en surface.
Les vermisseaux filiformes (en haut) sont très nombreux.

Voici un paquet de larves :

Les deux accolées en haut, que font-elles ? J'ai essayé de les séparer. Impossible. Celle de dessus agrippait l'autre fermement et je ne voulais pas les blesser. Elles sont identiques d'aspect. Accouplement ? c'est impossible si ce sont des larves. Cannibalisme ?
Les voici sous un autre angle :

disait un vieux crapaud farouche, alangui sur le dos d'une femelle qui lui servait de taxi.
Non, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Par manque de concertation avec les crapauds.
Non seulement ils refusent d'emprunter les crapauducs mais, en plus, ils cherchent à contourner l'obstacle. J'ai vu apparaître des clôtures provisoires en plastique pour prolonger les clôtures en bois.

Et ces clôtures s'étendent chaque année plus loin vers Moret. Et il faut toujours leur faire traverser la route dans des paniers.
Vous pouvez voir des photos de ces superbes crapauducs sur ce site.

Mais dans la Plaine de Sorques il n'y a pas que des oiseaux. Nous sommes dans la forêt de Fontainebleau, il y a des mammifères, des petits et des grands. Mon terrain, qui n'en est pas loin, moins de 3 km, a déjà vu passer un cerf, un sanglier, un renard, et tous ceux que je n'ai pas vus. Et il y a aussi des batraciens. Chez moi, seulement des grenouilles, pour l'instant. Si j'ai eu un jour l'idée de créer une mare artificielle, qui a été tout de suite habitée, c'est parce que l'année où j'ai habité pour la première fois cette maison, il y avait une colonie de grenouilles dans le vide sanitaire en été. Celui-ci communiquant avec la buanderie, elles s'y hasardaient et je devais regarder où mettre les pieds pour étendre le linge.
Les étangs de la Plaine de Sorques sont le lieu de reproduction de divers batraciens et surtout un lieu très important pour les crapauds.
Mais ils vivent dans la forêt le reste de l'année et, pour atteindre les étangs, il faut traverser la route. Autrefois c'était une hécatombe. On lit que les automobilistes n'ont aucun respect pour la vie des batraciens. C'est injuste, ils n'ont pas le choix. Je n'ai jamais écrasé ni un chat, ni un chien, ni un lapin, ni un écureuil et pas même un hérisson. Il suffit de freiner, quand on fait attention on a généralement le temps. En est-il de même lors de la migration des batraciens vers leur lieu de ponte ?
Une amie m'a raconté un jour ce voyage infernal. Elle habitait Moret et avait pris cette route pour voir sa mère à Moncourt-Fromonville, en soirée, après le coucher du soleil. Elle n'allait pas vite. Elle a vu les crapauds, elle s'est arrêtée. Sa voiture s'est alors trouvée complètement cernée par des dizaines de batraciens, un flot incessant. Que faire ? Rester là et passer la nuit dans la voiture ? D'autres voitures arrivaient. Leurs conducteurs allaient-ils aussi passer la nuit dans la voiture ? Il y en aurait eu combien au petit matin ? Trente, quarante, cinquante, plus, jusque dans Moret ? Elle n'avait pas le choix, elle a foncé dans le tas. Et elle est rentrée par une autre route. En me racontant cela, elle s'est mise à pleurer et à trembler. Elle a longtemps eu du mal à dormir. Avait-elle le choix ? Que celui qui connaît la solution lui jette la première pierre.
Plus tard des petites barrières en bois ont été installées. Des passionnés ramassaient les crapauds dans des paniers pour leur faire traverser la route.

Enfin des crapauducs ont pu être installés. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas du tout.

Nous quittons le lac aux oiseaux, direction Moncourt-Fromonville. Nous passons au dessus du canal du Loing. Un chemin longe le canal et permet la promenade. Mais nous sommes en voiture, nous prenons à gauche vers La Genevraye. Entre La Genevraye et Episy nous voyons des étangs des deux côtés de la route et même, à droite un élevage de truites où il est possible de pêcher soi-même les truites du repas.
A Episy nous prenons à gauche vers Sorques, nous traversons une plaine où paissent des chevaux, une plaine inondée dès que le Loing déborde. Arrivés à Sorques, tout de suite à droite vers Moret sur Loing, au bord de la route, il y a un petit parking. Sitôt sortis de voiture, par un chemin qui fait le tour de l'ensemble, nous pouvons encore admirer des étangs. Ils nous étaient cachés par des arbres, beaucoup d'arbres, nous sommes encore en forêt de Fontainebleau.

Mais ces étangs sont sur une zone protégée :

Une clôture entoure la zone protégée mais le chemin est très proche de l'eau. Ici les oiseaux n'ont pas le comportement des précédents. Il est préférable de prévoir des jumelles et un télé-objectif.

Tous ces étangs autour du Loing sont parfois naturels, souvent artificiels, laissés par l'exploitation de carrières de sable. Mais l'ensemble est une réussite esthétique et écologique.

Aujourd'hui c'est nettoyage de mare. Il y a urgence, les grenouilles arrivent à la fin du mois et après il ne faudra plus y toucher pour ne pas abimer les pontes.
C'est une larve d'un an, celles de deux ans sont beaucoup plus grosses. Ce sont de féroces carnassières, aucune larve de moustique n'y résiste. La bestiole à gauche, je ne sais pas ce que c'est.

Sur ce lac, le plus grand, il y a, comme sur tous les plans d'eau de la région, beaucoup de cygnes

Ils vont vous montrer quel est le repas principal des oiseaux sur un lac. C'est bien sûr du poisson. On cherche

et on trouve

Mais tous les plans d'eau ont des poissons. Cela n'explique pas que tous les oiseaux, et en grand nombre, de plusieurs espèces, sont sur ce lac et pas sur les autres alentour. Je vous montrerai pourquoi la prochaine fois.