16/12/2006
Pour Franck
Nous approchons de la période la plus difficile pour moi, l'époque où mon père est mort, et je me sens responsable de sa mort. Et cette année tu ne seras pas là pour détourner mes pensées.
Il a eu une enfance misérable, elevé par une grand mère qui ne parlait pas français, et lui n'a jamais appris l'italien. Il demandait du papier d'emballage au boucher pour faire ses devoirs. Il avait acquis seul un niveau culturel étonnant. Il m'a fait comprendre la trigonométrie quand le prof de math n'y arrivait pas. Il est entré dans la Police quand je suis née parce que son salaire d'ouvrier n'était pas suffisant. Cette profession lui convenait bien. Il nous a toujours appris le respect de la loi et aussi le respect des autres. Je l'admirais depuis qu'à l'âge de 10 ans j'ai vu avec quelle humanité il a su expliquer la loi au lieu de verbaliser face à un homme d'une autre culture. Mais il a piqué une énorme colère quand l'autre a voulu lui offrir une poule pour le remercier.
Il parlait peu mais il y a d'autres façons de communiquer et il a su me protéger du gouffre vers lequel voulait m'entrainer ma mère. Et moi, pour me protéger, je n'ai pas su en faire autant.
Est-ce génétique, est-ce l'éducation, c'est de lui que je tiens cette répulsion à enfreindre la loi ou à faire du mal.
Son grand plaisir, c'était le jardin. Il y a très longtemps, sur une autre planète.
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