Sureaux

Une nouvelle plante sauvage, une grande ombellifère d'un mètre de haut, commence à ouvrir ses belles fleurs jaunes près du grillage de l'entrée. Elle est maintenant aussi fréquentée que la berce. Il y a toujours les syrphes qui viennent pour la bouffe. Mais il y a aussi beaucoup de cantharides fauves, Ragonycha fulva, qui viennent pour autre chose. Je me demande si cette plante ne dégage pas des effluves aphrodisiaques.

Il  peut y avoir plusieurs couples par ombelle.

Et on s'aime beaucoup.

Parfois on fait même l'amour à trois.

En prenant de l'eau dans la mare à Romilly, j'ai ramené sur l'arrosoir ce cadavre d'une drôle de bestiole. C'est peut-être la dépouille d'une larve de notonecte.

Si vous avez des goûts de syrphe, je vous recommande un fabuleux restaurant : la berce commune. On s'y bouscule à toute heure du jour.

On y rencontre même parfois un hymenoptère.

Bien sûr, il y a des épilobes sur mes deux terrains humides et calcaires. Mais il s'agit de Epilobium parviflorum dont les fleurs sont peu nombreuses, noyées dans un feuillage pas très joli. C'est une plante dégingandée, de grande taille,

souvent plus grande que moi, près de 2 m,

Il faut reconnaître que quand elle se contente d'une taille plus raisonnable, elle peut être assez jolie, ici entre des salicaires :

Mais l'épilobe que j'adore, que j'espère, c'est Epilobium angustifolium (reclassé dans le genre Chamerion, mais personne ne semble s'en soucier). J'en ai vu d'extraordinaires champs dans le Massif Central, de merveilleuses bordures de route en Bretagne. Mais ici rien. Il y en a à l'Arboretum des Grandes Bruyères mais il a sans doute été semé. J'ai tenté d'en planter il y a quelques années à Veneux mais il n'aime vraiment pas le sable.

J'ai eu une belle surprise cette semaine : un groupe de ces épilobes au bord de la route après Bray sur Seine, tout près de mon terrain de Trifouilly. Il n'y en a que là, il n'y a que ce groupe :

mais c'est peut-être un bon début.

Hier, j'ai continué le nettoyage de la mare. J'ai passé tout l'après-midi complètement mouillée de la racine des cheveux jusqu'aux genoux. Plus bas les bottes étaient étanches et doublées, genre après-ski. Tant que j'ai les pieds au sec et au chaud tout va bien.

Les nénuphars jaunes, Nuphar lutea, fleurissent sans discontinuer depuis que je leur ai donné un peu de soleil.

Chez le voisin, de l'autre côté du chemin, la petite mare n'a pas de problème d'ensoleillement. Les nénuphars en ont profité pour occuper toute la mare, on ne voit plus l'eau.

Je folâtrais dans les sureaux yèbles, me délectant de l'odeur d'amande amère que j'adore, lorsque je vis sur un chardon une bestiole éblouissante, rouge et noire :

Un cercope rouge sang ?  Non. C'était bien les mêmes couleurs mais un peu trop grand, et trop large, avec un trop grand nombre de taches rouges. L'œil vissé au viseur de mon appareil où je vois mieux, j'essaie de comprendre : les ailes n'ont pas la rigidité d'élytres, elles semblent fines et souples comme des ailes de papillon, elles sont disposées en toit. Les antennes sont élargies au bout comme celles d'un hétérocère mais il est midi. Je recadre pour agrandir l'image :

C'est bien une zygène, ma première zygène, un hétérocère (papillon de nuit) en effet mais qui s'agite le jour. Mais des détails sont surprenants : il y a deux têtes, il y a des pattes en trop en bas à gauche, il y a un troisième corps en haut à droite.

Je fais discrètement le tour de la plante pour voir sous un autre angle. Je n'ai pas été assez discrète, elles se sont séparées. Il y a bien 3 zygènes !

Pas très moral mais tellement beau !

La floraison de Sambucus ebulus, le sureau yèble, bat son plein. Admirons ses jolies fleurettes.

Sur cette photo, à droite, l'ensemble corolle-étamines soudées sur la corolle est tombé. Quelques fruits commencent à grossir.

Le 18 juin j'ai déterré quelques rhizomes à Trifouilly pour les replanter à Romilly, profitons en pour les observer :

J'ai horreur des limaces, des démons capables de détruire en une nuit la plantule la plus précieuse. Mais je vis en harmonie avec les escargots. Je parle de ceux qu'on remarque, les gros de 4 cm ou plus. Je les fréquente depuis des dizaines d'années sur mon terrain de Veneux. Ils ne semblent pas faire beaucoup de dégâts. Il m'arrive souvent d'en voir un, car l'escargot a l'esprit grimpeur, au sommet d'une plante où il semble dormir, et aucune feuille n'a été consommée.

Ils sont très colorés, en général bruns ou roux avec des rayures en hélice, plus rarement de couleur unie :

En hiver ils s'enferment dans leur maison :

A la belle saison ils ne sont vraiment actifs le jour qu'à la période des amours :

J'ai d'ailleurs fait le voyeur de façon plus détaillée sur une note.

Ne me demandez pas le nom d'espèce, j'ai essayé de comprendre les différences, cela ne m'a pas paru évident.

Mais c'est la première fois que je vois un gros escargot aussi blanc :

Je veux vous montrer l'aspect de mes très jeunes sureaux noirs à feuillage panaché de blanc ou de jaune, ils ont été plantés depuis un an ou moins.

Sambucus nigra 'Pulverulenta' est le plus beau, c'est le seul arbuste couvert de neige en plein été :

'Albovariegata' a été planté à l'automne dernier mais il dépérissait depuis quelques années à Veneux, ce n'est pas un amateur de terrain très sec. Il est maintenant splendide.

Ses feuilles sont bordées de blanc franc mais il a fait une branche entièrement jaune pâle :

Cette branche part de la base, à petite distance du tronc principal, le collet est sans doute enterré.

Ce n'est pas un départ de porte-greffe, ce sureau n'était pas greffé.

'Marmorata' est original avec son feuillage piqueté :

J'ai trois 'Madonna'. Ils présentent tous des jeunes feuilles bordées de jaune, cette bordure devient blanche ensuite :

Voici quelques uns de mes rosiers à Romilly. Plantés depuis peu, ils ont bien voulu m'offrir déjà quelques roses. Ils sont tous parfumés. Une rose sans parfum, est-ce tout-à-fait une rose ?

'Sophia' Renaissance, c'est le rosier qui met si bien en valeur les jolies chenilles :

'Leander' préfère les grillons :

et 'Roseraie de l'Haÿ' les bestioles plus discrètes :

"Red Parfum' :

"Mme Alfred Carrière'

'Jacques Cartier' dont la beauté et le parfum ne passeront jamais de mode. André Eve décrit ses roses comme "lovées dans le feuillage comme dans un nid d'amour " :

Pour remplacer les broussailles, Dame Nature continue à m'offrir quelques beautés. La dernière apparue, c'est Lysimachia vulgaris, la lysimaque commune. Elle s'est multipliée, se mêlant à la salicaire, tout le long de la clôture avec le voisin,

vous savez, celui qui tond frénétiquement. De l'autre côté de la clôture c'est la terre nue ou une sorte de vieux paillasson desséché mêlé à un peu de sauvages bien vertes qui arrivent à pousser entre deux tontes.

A l'automne j'ajouterai deux autres lysimaques que j'avais plantées à Trifouilly, Lysimachia punctata et la même au feuillage panaché.

La belle Clematis vitalba était déjà là mais ne voyait pas le soleil et ne fleurissait pas. Maintenant elle s'exprime.

Vous souvenez-vous des ennuis successifs de mon unique exemplaire de  Sambucus hookeri ? Ramené en urgence à Romilly après que le terrain toxique de Trifouilly ait failli le détruire, il avait merveilleusement récupéré et avait fleuri. Puis il a dû refaire 2 fois son feuillage cet hiver (il est persistant). Et enfin un rat taupier ou quelque chose d'équivalent l'a presque totalement détruit : déraciné et racines rongées. Il est pourtant reparti de la base et aujourd'hui il a retrouvé sa taille de l'an dernier :

Le tronc et les tiges noires sont la partie aérienne de l'an dernier, totalement morte.

Mais regardez la base :

Le plus gros tronc est le tronc mort, et il y a 3 nouveaux troncs dont l'un éloigné du vieux tronc ? Drageon ? Je n'ai aucune description sérieuse de ce sureau, aucune précision sur sa possibilité de drageonner. Il faudrait que je dénude encore les racines pour voir ce qui se passe. Mais il a trop souffert, je n'y touche pas pour l'instant.

Et le plus extraordinaire c'est que, alors qu'il a été détruit en mai, qu'il a dû se reconstruire totalement depuis 2 mois, il va avoir au moins un corymbe. Il est encore minuscule et il n'est pas facile de vous le montrer sans abimer les feuilles qui le cachent mais je vais essayer :

J'ai de la chance, ce sureau a une volonté de vivre incroyable. Heureusement car il est introuvable. Il a fait des petits (semis) mais je ne sais pour l'instant s'ils sont purs ou hybrides de canadensis :