Sureaux

Lorsqu'il fait chaud, une guêpe a soif, comme tout le monde. Heureusement il y a la mare. Mais elle ne veut pas se noyer, elle boit tout au bord, là où il n'y a que quelques millimètres d'eau. Et ce n'est pas si facile, il faut chercher l'eau entre deux branches de l'envahissante myriophylle.

Un anax empereur surveille la mare en tournant sans cesse. Mais, j'en suis désolée, je ne peux faire mieux, il est trop rapide.

J'ai perdu au fil des ans 4 pruniers dont un 'Golden Japan'. Je ne sais pas pourquoi, sans doute de soif bien que je les arrosais l'été. Tous avaient fait de beaux fruits la première année et les années suivantes ils avaient toutes les maladies imaginables (sauf le 'Golden Japan' mais il fallait cueillir ses fruits avant maturité, avant qu'ils ne soient dévorés par les guêpes). Je n'ai pas le temps, et surtout pas envie de traiter, je veux des fruits purs et sains. J'avais donc renoncé aux pruniers.

Il y a plus de 15 ans, j'avais planté un prunier myrobolan, Prunus cerasifera. Selon Wikipédia le terme correct est myrobalan, et c'est justifié par l'étymologie. Mais tout le monde dit myrobolan. J'ai donc vérifié dans le Larousse de la Langue Française, les deux termes sont acceptés.

La première année j'ai mangé des fruits délicieux. Mais ensuite il est devenu tellement grand que ses fruits étaient hors de portée et je ne pensais plus à lui. Cet hiver j'ai vu qu'il dépassait largement chez le voisin. Trop grand pour en profiter et gênant, j'ai décidé de l'étêter sévèrement.

Voici le résultat de cette action brutale. Trois branchettes sous la coupe ont beaucoup grossi, se sont divisées et maintenant j'ai 5 branches qui pendent à portée de la main, l'une d'elle jusqu'au sol au travers d'un rhododendron. La branche où tous les fruits sont encore jaunes est très à l'ombre.

Il n'a jamais été arrosé, il n'a jamais été traité. Regardez comme ses fruits sont sains :

Je vais avoir des kilos de fruits parfaits, tous à portée de la main. Des belles prunes bien sucrées.

Il accepte tous les terrains, même secs, pauvres, ou trop humides. Il se multiplie facilement par semis, toujours identique à lui-même. On ne l'utilise plus que comme porte-greffe, moi je vais l'utiliser pour lui-même. Je vais semer quelques noyaux pour Romilly où il sera régulièrement taillé pour qu'il garde des dimensions satisfaisantes.

Je planterai aussi cet automne un 'Golden Japan', le seul qui a produit plusieurs années sans maladie. A Romilly il n'aura pas soif.

Je vous ai déjà présenté ma salicaire sauvage. C'est une jolie plante qui assure bien le décor dans le jardin. Elle mesure plus d'un mètre de haut.

J'ai trouvé en jardinerie une variété horticole beaucoup plus petite et trapue. Elle occupe un autre niveau en formant des taches colorées bien denses. Les deux plantes ont bien les mêmes fleurs.

Il parait qu'elle est aussi envahissante que sa grande sœur mais pour l'instant je n'ai pas à me plaindre de celle-ci et j'adore les belles envahisseuses. Il suffit d'arracher les excédents, les mal placées et la décoration est gratuite. Bien entendu il faut aimer les jardins en mouvement à la façon de Gilles Clément. Elle n'est pas pour les jardiniers psychorigides.

nota : dans le même genre d'idées, je vois que certains producteurs vantent les fraises sans stolons, je n'en achèterai jamais. Pourquoi avoir peu quand on peut avoir beaucoup ? Pour faire "propre" je suppose.

Elles sont appelées habituellement anémones d'automne. Ce sont les anémones du Japon et leurs hybrides, de jolies plantes de sous-bois. Mais peut-on encore les appeler anémones d'automne quand elles fleurissent dès juillet ? Et vont-elles continuer à fleurir jusqu'en automne ?

Ce n'est tout de même pas l'hiver difficile que nous avons eu ou le mois de juillet inhabituellement pluvieux qui les ont réveillées aussi tôt ? Il faut dire que cela se passe dans les bois du Moulin à Tan.

L'an dernier je les avais photographiées le 25 septembre dans le jardin botanique de Marnay sur Seine :

Il y en aura bientôt dans la partie boisée de mon terrain de Romilly, elles ont le bon goût d'accepter le calcaire.

La baignade ne suffit pas, les soins corporels du canard comportent aussi une action énergique et efficace, que ce soit la toilette individuelle

ou collective.

Je vous ai montré les cantharides fauves dans leur activité préférée.

Voyons maintenant leur terrain de jeu. Cette belle ombellifère au fleurs jaunes d'un bon mètre de haut, c'est le panais sauvage, Pastinaca sativa. Elle est apparue tout-à-coup cette année sur une surface d'environ 2 m2.

Comment ai-je pu résister aussi longtemps au désir d'aller voir le roi des nénuphars qui habite à seulement 50 km de chez moi. Je dis habite parce qu'il a évidemment une maison, une serre tropicale. C'est dans le parc du Moulin à Tan à Sens.

Sans commentaire, je vous laisse admirer. C'est un hybride des deux espèces reconnues.  Désolée pour la fleur, je n'étais pas là à la bonne heure.

Je vous avais montré en mai l'extraordinaire attraction des corymbes de Sambucus nigra sur les cétoines. Sambucus canadensis ne leur fait pas moins d'effet :

Et là aussi elles sont comme saoulées par l'enivrant parfum des fleurs. Au début on se tient à la surface du corymbe

puis on s'enfonce peu à peu.

Il faut dire qu'il sent fort le canadien, au moins autant que le sureau noir, mais une odeur qui me plait beaucoup, nettement plus amande et moins pipi de chat. Lorsque j'en aurai beaucoup, sans doute dès l'année prochaine, je ferai sécher des fleurs pour parfumer la pâtisserie.

J'ai plusieurs arbustes en fleurs et la fécondation est massive :

Je possède maintenant deux exemplaires bien démarrés de chacun de ces deux sureaux. Ils présentent une caractéristique commune : la coloration rouge vineux des tiges et des nervures jusqu'au bout de la dernière foliole.

Sambucus coreana :

Sambucus sibirica :

Mais il y a des différences : vous avez remarqué que le rouge de sibirica est moins sombre que celui de coreana. Par contre le limbe est parfois rouge :

Leur port également est différent.

Sambucus coreana a un port dressé très marqué. Ici, devant le tronc cassé du frêne, il mesure environ 3 m :

Sambucus sibirica a au contraire un port étalé :

Ces deux minuscules mouches sont vives et pas du genre à prendre la pose. Elles ne m'ont permis que des photographies de loin et toutes les photos sont prises en une seule minute, de 19h24 à 19h25.

Ces deux premières photos ne montrent pas grand-chose, c'est juste pour vous donner une idée de la taille des bestioles, 3 ou 4 mm.

Les voici en gros plan :

Des yeux superbement rouges, cette façon de croiser les ailes sur l'abdomen, cela fait penser à des drosophiles, et surtout je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre.

Autrefois, à Jussieu (vous savez, là où on respire l'amiante), j'ai beaucoup joué avec les drosophiles. Je les ai élevées, croisées, anesthésiées pour les examiner et les compter, j'ai beaucoup regardé leurs yeux pour admirer le résultat de mes croisements. Mais c'est si vieux, si loin, mes souvenirs sont vraiment flous.

Cette demoiselle n'est pas un agrion mais la chrysope, Chrysoperla carnea, un insecte nevroptère délicat et transparent, un extraordinaire auxiliaire du jardinier capable de consommer sous sa forme larvaire non seulement des pucerons mais aussi un très grand nombre d'autres parasites. Comme le syrphe, l'adulte se contente de nectar et de pollen.

Celle-ci est sur une feuille d'eupatoire.

Pour s'abriter l'hiver elle pénètre dans les abris de jardin, les greniers, les maisons. Vous pouvez lui installer une maisonnette creusée de trous.

Elle est hypersensible aux insecticides et le maïs Bt la décime indirectement (et nous, indirectement ou directement ?).

Je vous parle beaucoup de syrphes. Il y en a beaucoup cette année. Mais tous ceux que je vous ai montrés se ressemblent, il y a une espèce prédominante, Episyrphus balteatus.

Pourtant il y a de nombreuses espèces de syrphes dont la caractéristique commune est leur déguisement en guêpe ou en bourdon.

Celui que je vous présente aujourd'hui est le top model des syrphes : couleurs à peu près identiques mais une silhouette d'une étroitesse incroyable. C'est Sphaerophoria scripta, le syrphe porte-plume. Scripta parce que son corps a la forme d'un crayon, ou d'un porte-plume, surtout le corps du mâle car la femelle a l'abdomen un peu plus large et terminé en pointe. Le voici dans toute sa maigreur :