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01/01/2014

Qu'y a-t-il à l'intérieur d'un sureau ?

Je vous souhaite une merveilleuse année pleine de joies, de jolies fleurs et de fruits délicieux.

La vigne américaine Vitis labrusca a été l'un de mes premiers achats à l'Arboretum des Barres. C'était, il y a quelques années, lors d'une Fête de l'Arbre. Ils avaient posé sur un plateau un grand nombre de ses grains de raisin pour les faire goûter et donner envie d'acheter la vigne. Ces grains étaient gros et très bons. Je suis partie avec mon pied de vigne.

J'ai planté cette vigne sauvage dans un coin sauvage du jardin suffisamment ensoleillé au pied d'un sureau noir tout aussi sauvage comme ce terrain sait en faire pousser sans me demander la permission. Ce sureau de 2m de haut avait pour mission de grandir en même temps que la vigne et de lui servir de support. A 4m au sud de ce sureau noir j'avais planté un sureau blanc (S. canadensis) soit-disant 'Aurea' qui n'a jamais eu le feuillage jaune ce qui est fréquent aussi pour S. nigra. Certains bouturent une branche jaune malheureusement non stabilisée apparue dans un feuillage vert.

Au printemps suivant la vigne n'avait pas repris. Je l'ai crue morte. Les deux sureaux ont beaucoup grandi, beaucoup épaissi, et ont formé une masse dense, presque impénétrable, un cube de 4m de côté ou plus qui rejoignait à l'est l'énorme tronc couvert d'un lierre épais d'un hêtre mort, terrassé par un chancre. Je ne m'occupais plus de cette zone sauvage sauf pour cueillir les fruits des sureaux. La chute des feuilles des sureaux est très tardive et pendant des années je n'ai pas vu qu'il y avait un autre feuillage dans tout cette verdure.

Mais le sureau noir a fini par s'effondrer obstruant le chemin d'accès en bas de cette butte et beaucoup de branches sont mortes. Le sureau blanc voulait absolument aller vers le sud et pour cela s'est lui aussi couché pour offrir tout son feuillage et ses fruits au voisin malgré des tailles annuelles. J'ai donc décidé de rabattre sévèrement ces deux sureaux pour n'en garder qu'un mètre de haut. Et j'ai enfin vu la vigne, énorme, couvrant et même surmontant toute la surface des sureaux, s'étendant en plus à l'est vers un autre sureau qu'elle surmonte aussi. s'accrochant dans le lierre du tronc de hêtre. Je suis en train de la maîtriser et ce sera un travail de plusieurs jours. J'ai déjà réussi à la faire reposer sur 3 arcades, pas obligatoirement tout-à-fait verticales car les grosses tiges sont rigides et je ne veux pas risquer de les casser. Il faudra une 4è arcade et l'élagage du 3è sureau pour faire redescendre à ma portée les tiges à l'est. La base du tronc du sureau noir sert de support au niveau d'une fourche au tronc de la vigne. De toute manière, je garde toujours les tronc morts, au moins une partie, pour la mini-faune qui en a besoin, et pas seulement pour des insectes, vous verrez plus loin.

1 vitis labrusca 31 déc 2013 019 (2).jpg

L'ensemble de la vigne est facile à repérer, et j'ai ainsi pu tout conserver, parce que l'écorce est très différente de celle des sureaux, elle est d'un rouge très sombre, sans lenticelles ni crevasses. Sur les grosses tiges elle peut se détacher en très fines et très longues lanières. Voici la base de cette vigne, c'est le tronc à droite :

2 vitis labrusca 31 déc 2013 019 (1).jpg

3 vitis labrusca 31 déc 2013 019 (4).jpg

Elle sort d'une zone épaisse de lierre que je vais conserver et remplir de fumier. Il est temps de la nourrir, le sable si pauvre ne peut l'aider à produire.

4 vitis labrusca tronc 31 déc 2013 019 (3).jpg

A l'ouest de cet ensemble il y a encore 2 survivants qu'il va aussi falloir bien nourrir : une pivoine arborescente et un cognassier sauvage de la région à petits fruits de la forme et la taille d'une pomme que j'avais obtenu par bouture. 

J'ai retracé en blanc sur la première photo une partie des tiges de la vigne que j'ai pu repérer :

5 vitis labrusca bl 31 déc 2013 pai  019 (2).jpg

Le tronc du sureau effondré, encore vivant, héberge une colonie débutante d'oreilles de Judas :

a auricularia 31 déc 2013 014 (2).jpg

b auricularia 31 déc 2013 014 (1).jpg

A partir de la grande colonie que je vous ai déjà montrée, j'ai essayé plusieurs fois d'en implanter sur d'autres troncs sans jamais réussir. Un champignon s'installe où il veut, pas où je veux.

Commentaires

vous pensez qu'elle a déjà produit des raisins, en avez-vous observé des traces? N'est-elle pas dioïque?

Écrit par : claudette | 01/01/2014

Non, elle n'est pas dioïque. Une variété très connue est la vigne Isabelle, apparue spontanément dans un jardin américain. Elle a longtemps été interdite en France et donc cultivée illégalement car elle n'avait pas de problèmes contrairement à Vitis vinifera et sa culture était plus facile, surtout pour les particuliers. Cette interdiction était motivée par des raisons économiques, concurrence à Vitis vinifera, et non botaniques et écologiques. Cette interdiction est levée depuis 2003.

A ma connaissance, la seule vigne dioïque est la vigne sauvage européenne, en grand danger d'extinction, Vitis vinifera ssp. sylvestris. On appelle souvent lambrusque cette vigne et les autres vignes sauvages, ce qui prête à confusion avec Vitis labrusca.

Écrit par : sambuca | 01/01/2014

mais est-ce que la vitis davidii et la vitis amurensis ne sont pas dioïques, elles aussi?

Écrit par : claudette | 02/01/2014

Ces deux vignes à fruits comestibles ne semblent poser des problèmes de fécondation à aucun des pépiniéristes les plus sérieux. Tous ne proposent qu'un seul plant, cela ne serait pas le cas pour une plante fruitière strictement dioïque. L’Arboretum des Barres vend aussi Vitis amurensis. Ils ont une grosse collection de Vitis. C'est un centre de formation réputé. Je n'imagine pas qu'ils puissent faire une telle erreur.

Vitis amurensis. Je n'ai trouvé ce caractère dioïque (presque) absolu que chez Wikipedia. Les autres n'en parlent pas ou le décrivent comme hermaphrodite. Un site scientifique a étudié de façon approfondie le matériel génétique de cette vigne pour trouver les gènes de résistance au froid. Ils ont pris 41 fleurs dont 33 sauvages choisies pour leur origine géographique variée, et 8 vignes cultivées (car cette vigne est aussi cultivée en Asie, s'il y avait des difficultés, cela se saurait), et sans tenir compte du sexe qui n'était pas leur problème pour cette étude. A l'analyse du matériel génétique ils ont vu que 27 étaient des fleurs femelles, 7 des fleurs hermaphrodites, 7 des fleurs mâles. J'ai l'impression que cette vigne évolue comme Vitis vinifera. A partir de la plante sauvage, Vitis vinifera ssp sylvestris, strictement dioïque, elle a évolué vers notre vigne cultivée, Vitis vinifera ssp vinifera, hermaphrodite. Si vous avez la malchance de tomber sur une plante strictement femelle, tout espoir n'est pas perdu. Elle s'hybride très facilement avec Vitis vinifera (elle en est tellement proche qu'elle a d'abord été appelée Vitis vinifera ssp amurensis), elle trouvera bien du pollen dans le quartier. La grosse malchance serait qu'un pépiniériste voyou vous ait vendu une plante strictement mâle.

Pour Vitis davidii que je connais moins, je n'ai trouvé personne sur le web qui parle d'une nature dioïque.

Écrit par : sambuca | 02/01/2014

vous êtes un puits de science, comme d'habitude. Je viens de trouver Vitis riparia chez une pépinière qui se nomme e-clematis
connaissez-vous ce site? Je viens d'y commander des plantes à fruits, je vous tiendrai au courant
belle et joyeuse nouvelle année, et que vos emmerdeurs vous débarrassent le plancher
bises,

Écrit par : claudette | 03/01/2014

A part notre vigne sauvage Vitis sylvestris strictement dioïque, la plupart des vignes sauvages semblent avoir des habitudes sexuelles plus souples, dioïques, hermaphrodites, mélange ses deux, et surtout pas très bien étudiées. Pas d'inquiétude, vous aurez des fruits. Le plus gros problème, c'est de les attraper. Vitis riparia peut monter jusqu'à 17m dans son pays d'origine. Alors, à moins de faire venir les pompiers avec leur grande échelle...C'est pourquoi je fais redescendre les branches de mon énorme liane pour les faire courir sur une série d'arches. En fait, le même problème que les actinidias.

Écrit par : sambuca | 03/01/2014

oui, j'ai compris le problème. A moins de se résigner à compter sur la générosité des mulots ou des loirs qui laisseront tomber des fruits pour vous par-terre (surtout par inadvertance), il faut ruser. Dans mon petit bout de forêt, je m'arrange à présent pour faire crapahuter mes lianes fruitières sur les buissons de pruneliers et de ronces. En plus, en planquant leurs pieds, je les mets à l'abri des voleurs et un peu de la sécheresse.

Écrit par : claudette | 04/01/2014

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