Sureaux

Je vous avais montré l'an dernier comme mes Buddleja davidii et lindleyana, habituellement considérés comme caducs, avaient gardé leur feuillage tout l'hiver sur mon terrain de Romilly.

Le 31 décembre, j'ai découvert à Paris deux autres buddleias. Ces deux là sont connus comme persistants.

Buddleja glomerata est petit mais ravissant avec son feuillage dense un peu argenté. A noter qu'il fleurit tardivement, en automne, et prolonge ainsi la floraison des autres buddleias.

L'autre, encore plus étonnant fleurit en hiver. Sur la première photo il est derrière B. glomerata. Il est plus grand, plus "aéré". C'est Buddleja officinalis. Le 31 décembre il est couvert de boutons floraux très avancés. Il fleurit de janvier à mars ou avril. Il faut absolument que je retourne le voir en fleurs.

Ces deux arbustes ont une rusticité limitée aux environs de -10°C.

Il fait trop froid pour travailler. L'hiver vient d'arriver. Mes thermomètres dans le jardin indiquaient -1 à -2°C. Certes, il a fait déjà deux fois -1° au petit matin mais avec des températures vite remontées. Là, c'est du vrai froid, à peine +4° à 14h. Je suis très gélive et en dessous de +7° je ne sors qu'en voiture pour les courses indispensables.

Alors, réchauffons-nous en admirant l'épaisse fourrure de ce charmant animal, le binturong, Arctictis binturong. Il est charmant physiquement mais aussi par son caractère, sauf quelques extras. Il est tellement mignon et facile à domestiquer qu'en Asie il est parfois accueilli à la maison comme animal domestique, comme un chien. Mais a-t-il besoin d'une telle fourrure dans ses forêts tropicales ?

Ne vous étonnez pas de ses yeux toujours fermés et son air endormi. Les photos ont été prises l'après-midi, l'heure de la grande sieste car il a une activité essentiellement nocturne.

Vous voulez admirer ses beaux yeux ? Voici des photos prises un autre jour, le soleil à peine levé :

A Romilly il y a beaucoup de travail dans la zone ensoleillée et beaucoup de plantes à installer. Mais je devrais commencer à m'occuper du sous-bois car il est bien triste.

Je vais ramener de Veneux des mahonias, des petites pervenches, des aspérules, des arums, des jonquilles. De généreux donateurs m'ont envoyé des lierres originaux, des petites pervenches à fleurs blanches. J'ai déjà essayé 3 variétés d'hostas mais ma consommation de café, pourtant importante, ne sera jamais suffisante et le phosphate de fer (Ferramol) me coûtera une fortune si je veux en cultiver beaucoup. Voici la seule variété qui a survécu aux assauts des limaces :

De toute manière je ne suis pas une fanatique du feuillage des hostas. Je préfère le feuillage des bégonias. Jusqu'à présent une seule espèce était considérée comme rustique chez nous, Begonia grandis, présent en France par sa sous-espèce evansiana. Il est rustique jusqu'en zone 7. Les américains le cultivent même en zone 6 avec protection l'hiver. Il adore se multiplier tout seul et il a pour cela 2 méthodes, les graines et les bulbilles à l'aisselle des feuilles. Il est superbe, il fleurit du milieu de l'été comme ici un 16 août au Clos du Coudray :

jusqu'à la fin de l'automne, ici un 27 novembre à Paris :

Mais je viens de découvrir un autre bégonia très rustique dans le dernier numéro de Rustica. Il a un feuillage superbe, étonnant, avec des feuilles palmées argentées aux nervures rouges. Sa floraison ressemble à celle de B. grandis. Il est rustique jusqu'en zone 7 (au moins jusqu'à -16°C). Ce bégonia hybride est le fruit des amours d'une fleur de Begonia hemsleyana femelle et d'une fleur de Begonia taliensis mâle (les bégonias sont monoïques). Il s'appelle 'Silver Splendor'. C'est le résultat du travail de Daniel M. Heims à Portland USA et il n'a été présenté qu'en 2009.

Si comme moi vous aimez ces bégonias, vous trouverez Begonia grandis evansiana au Jardin de Rochevieille.

Je n'ai pas trouvé Silver Splendor dans le catalogue du Jardin Anglais indiqué par Rustica mais je l'ai trouvé au Jardin de Taurignan.

Mahonia x media 'Winter Sun' est toujours le plus tardif des mahonias d'hiver. Il a fleuri fin décembre. Il est encore jeune et n'a qu'une seule "touffe" de fleurs :

Le prochain à fleurir sera Mahonia aquifolium fin février ou début mars. Ses bourgeons floraux sont visibles dès novembre :

Mahonia aquifolium est complètement naturalisé sur mon terrain de Veneux où il était déjà présent il y a 40 ans. Il gagne du terrain peu à peu par semis et marcottage et occupe une grande partie du sous-bois. Je le laisse faire, il forme un beau couvre-sol toujours vert. Le 28 décembre :

Il ne m'empêche pas de planter un arbuste, il suffit de  l'écarter un peu. Il est aussi très facile à arracher et à déplacer. Il a une incroyable résistance à la sécheresse du sable, il n'est jamais arrosé là où il n'y a pas d'autre plante.

Habituellement le feuillage de Mahonia aquifolium rougit en hiver. Cela n'arrive jamais à Veneux. J'ai déjà transplanté des pieds à Romilly et dès l'automne le feuillage a rougi ! Le 15 décembre :

Pourquoi cette différence ? Parce qu'il est au soleil ?

Callicarpa dichotoma a maintenant fait le plein de fruits et perdu ses feuilles, il est couvert de jolies perles blanches. Il ressortirait bien mieux devant un arbuste persistant, il faut que j'y pense pour celui que j'ai planté à Romilly.

A Paris il y a maintenant des protections contre le froid pour quelques plantes peu rustiques :

D'autres sont protégées contre l'excès de pluie :

ou bien contre l'excès d'humidité au collet :

Mais je ne comprends pas pourquoi ces Iris germanica sont protégés par un filet. Qui veut les manger ?

Encore un arbuste qui perd ses feuilles quand le nouveau feuillage apparaît. C'est un groseillier, Ribes fasciculatum.

Le 15 décembre il a toutes ses feuilles :

Le 8 janvier ce feuillage tombe

parce que les bourgeons se développent, en commençant par la base :

Il ressemble beaucoup à notre Ribes rubrum. Il est rustique jusqu'à – 20°C;

Mais il y a une grosse différence : il est dioïque. Il faut donc des pieds des 2 sexes pour obtenir des fruits. La floraison apparaît en mars. Pour distinguer les sexes, il faut regarder la grosseur des étamines.

Fleurs femelles :

Fleurs mâles :

Pour comparaison, le feuillage et les fleurs hermaphrodites de Ribes rubrum :

Aujourd'hui à Veneux sont apparus les premiers crocus

et les premières fleurs de Lonicera fragrantissima :

En même temps que Sambucus palmensis, le sureau des îles Canaries, Sambucus lanceolata, le sureau de Madère, est en train de perdre ses feuilles

parce que les nouveaux bourgeons se développent :

Profitons des dernières feuilles pour les observer. Sur cette photo la foliole de gauche a un aspect en fer de lance qui a valu son nom à ce sureau :

La différence la plus voyante avec les folioles de S. palmensis : les dents sont beaucoup moins nombreuses parce qu'elles sont beaucoup plus larges et profondes :

foliole de palmensis :

Je n'ai jamais vu de stipelles :

observées sur palmensis :

mais c'est à vérifier quand les jeunes feuilles seront bien développées.

Une feuille encore présente a été dévorée :

Recadrage sur le principal suspect :

Eh oui, les limaces sont actives même en janvier.

Ce sureau n'a presque pas grandi depuis le mois de juillet. Comme S. palmensis et bien d'autres sureaux il ne supporte pas la culture en pot. Il sera mis en pleine terre en mars et je devrai le protéger l'hiver prochain. Il est probablement rustique en zone 8 car très proche de Sambucus palmensis mais je n'en ai qu'un et je ne peux prendre de risques tant que je n'en ai pas confirmation. Je commence à croire que tous les sureaux sont rustiques en zone 8. Je viens d'apprendre que c'est le cas pour Sambucus gaudichaudiana, un sureau australien.