Sureaux

Lorsque j'ai acquis ce terrain, il était couvert de lierre. C'était beau, tout vert, bien propre. Mais je n'y connaissais rien, ni en botanique, ni en écologie, et je n'avais pas d'arguments pour me battre contre les ricanements des amis et de la famille. Le lierre c'est sauvage donc ça ne fait pas terrain entretenu.
Epuisée par ces railleries, j'ai arraché une partie du lierre. Ce fut une catastrophe. Les mauvaises herbes repoussaient plus vite que je ne pouvais les arracher. Pour limiter l'entretien il faut un couvre-sol, la terre ne supporte pas de rester nue. Le gazon ne survit pas en sous-bois et il disparaît encore plus vite dans la sécheresse du sable aggravée par les racines des arbres.
J'ai dit zut aux amis, aux goûts douteux d'ailleurs. Mon jardin n'a pas à avoir l'air entretenu, il doit seulement me plaire, même si sa beauté est sauvage. Le plus facile, c'était de laisser repousser les couvre-sol existant : le lierre et la petite pervenche.
Puis j'ai installé 3 cyclamens de Naples, sans penser à en faire un couvre-sol, seulement pour ses jolies feuilles et sa floraison d'août à octobre. Et vous voyez sur la photo ce que cela donne quelques années plus tard.
Cette coulée de cyclamens est un couvre-sol encore plus efficace que le lierre et la pervenche car il ne laisse même pas germer les graines d'arbres (les érables !) et cela se comprend : ils forment un plateau continu, juste sous la surface, où il n'est plus possible d'isoler un bulbe. Et ce tapis absorbe très rapidement les feuilles mortes.
Son défaut : il est long à s'installer en tapis efficace. Mais il suffit de planter en même temps un autre couvre-sol, il le remplacera progressivement. Il réussit même à supplanter le lierre dont on voit quelques feuilles en limite de la zone cyclamen, en bas à droite sur la photo. De plus il se ressème (grâce aux fourmis) pour décorer plus loin.

C'est la toute petite Scilla bifida avec ses deux feuilles et son bouquet de fleurettes pas encore ouvertes. Je l'ai découverte devant ma porte il y a deux jours. C'est la première fois que j'en vois une si près de la maison mais elle adore se ressemer partout. Encore un signe de printemps.

Certains arbustes semblent porter encore les guirlandes d'un arbre de Noel.
Edgeworthia papyrifera est plus épanoui qu'au début du mois :

J'en ai troué un autre, avec ds grappes de fleurs un peu différentes,plus rondes et plus jaunes.


Rosa nutkana :

C'est habituellement au forsythia que l'on donne ce surnom. Mais les forsythias ne sont pas encore fleuris. Celui que je veux vous montrer est un Acacia dealbata domicilié rue Buffon à Paris. Ce qui m'étonne c'est qu'il arrive à fleurir dans cette rue étroite et sombre qui voit très peu le soleil.

Autrefois il y en avait un à Fontainebleau, plus grand que celui-ci. Mais la maison sur laquelle il s'appuyait a été détruite, remplacée par des bâtiments plus rentables..

Toujours rue Buffon, au laboratoire d'entomologie, il y a aussi ces trois arbres qui essaient de lui ressembler. C'est Cornus mas, le cornouiller mâle.

Ils n'auront toujours pas de neige à percer cet hiver mais les petits Galanthus nivalis sont bien fleuris et le vert du lierre les met bien en valeur. C'est l'espèce la plus courante que l'on trouve ici partout dans la nature.

L'espèce plus grande en fleurs depuis la mi-décembre que je vous ai déjà montrée est toujours bien présente.

C'est peut-être Galanthus elwesii.
Les deux espèces se ressèment à profusion et cela me permet de vous les montrer ensemble dans le même pot qu'elles ont envahi en même temps que la chélidoine. On voit bien ainsi la différence de taille :

La grande espèce est bien un perce-neige et non une nivéole comme je l'ai cru d'abord. La preuve en est les deux sortes de tépales :


Pour les transplanter, il est conseillé de le faire quand ils sont en fleur. Quelques uns vont partir dès demain coloniser Romilly.

Le 10 mars le bourgeon floral a déjà bien évolué :

Les fleurs s'épanouissent fin mars-début avril. Toutes les grappes ne sont pas au même stade, on voit 2 grappes en haut et à gauche déjà fanées.


Le 9 avril une grappe est en pleine floraison, l'autre est déjà fanée :

Le 14 avril de nouvelles grappes commencent à s'épanouir :

qui fleurissent jusqu'en décembre.
Salvia amarrissima :

Salvia elegans :

Salvia involucrata :

Salvia rutilans :

Ou S. racemosa ssp. sibirica ?
Siberian elder

Description
Il est grand, au moins 4 m, avec des branches épaisses.
L'écorce est de couleur foncée, même sur les tiges jeunes. Les feuilles, de 5 à 7 folioles, semblent avoir le plus souvent 5 folioles.
Voici les bourgeons photographiés le 12 novembre :

Les fleurs sont disposées en panicules parfois plus larges que longs.
Les fruis sont rouge vif, en grappes parfois pendantes. Mes deux sibirica sont trop petits pour que je puisse vous montrer ces fruits. Mais vous trouverez une belle photo sur ce site russe.

Rusticité
Une étude américaine fait penser qu'il peut tolérer jusqu'à la zone 2.

J'aime bien le cornouiller mâle, il fleurit en février et donne des fruits comestibles.
Je viens de recevoir des anglais qui l'appellent Cornelian cherry, et contre des £ bien entendu, un Cornus mas 'Jolico' qui donne des fruits 3 fois plus gros. Il a déjà de gros bourgeons floraux et n'en est pas avare :

Voici ceux du Cornus sauvage. Ce n'est pas évident sur la photo, il faudrait les rapprocher sur une même photo, mais ils sont moins nombreux et moins gros :

J'ai aussi reçu un Cornus officinalis, Japanese Cornelian cherry, mais il n'a pas encore de bourgeons floraux visibles.
Je photographierai tout ça en fleurs dans deux mois.

Localisation
Sambucus tigranii n'a été trouvé que dans les montagnes du Caucase et plus précisément en Arménie : régions de Yerevan, Daralagyaz, Asparan et surtout Shirak.
Il aime les sols rocheux, bien drainés, voire secs. C'est sans doute ce qui explique qu'il accepte le sable de Veneux.

Rusticité
Zone 5

Avenir
Il n'est pas des plus brillants dans la nature. Il est vulnérable, considéré comme menacé et placé sur la liste rouge de l'IUCN car très localisé et mis en danger par la perte d'habitat et le surpâturage. IL ressemble en cela aux autres sureaux endémiques au territoire très limité.
Il ne me semble pas qu'il puisse bénéficier comme les autres de l'aide d'un gouvernement local pour l'instant, mais peut-être de l'intervention d'organismes internationaux.
J'espère qu'il survivra dans la nature. Mais il a une autre chance : il sera sans doute de plus en plus cultivé dans les jardins car il a beaucoup d'atouts et on le trouve de plus en plus facilement chez les pépiniéristes, même en France.
Nous verrons ses atouts dans une prochaine note.

Molucella laevis, peut-être encore plus belle quand elle est fanée :

Phlomis fruticosa :

Leonotis leonurus, fumé en Afrique pour ses effet euphorisants :

Coronilla valentina ssp glauca :

Medicago arborea :