Sureaux

Elle est belle, pour moi c'est la plus belle, la plus photogénique. Sa longue robe blanche est immaculée. Elle vit pourtant dans des montagnes rudes où les rochers ne sont pas escaladés facilement. Elle a des prédateurs, des quantités de prédateurs féroces, surtout quand, l'hiver, elle doit redescendre de ses sommets escarpés pour trouver un peu de nourriture.
Cette chèvre somptueuse à la vie difficile, c'est la chèvre des Montagnes Rocheuses.
Il n'est pas habituel chez les chèvres de ne pouvoir distinguer facilement le mâle de la femelle. Et pourtant ils se ressemblent beaucoup. Et n'espérez pas voir le sexe à travers une aussi épaisse toison. La meilleure façon de les distinguer : les cornes. Celles du mâle sont plus longues et un peu recourbées vers l'arrière. Pour déterminer l'âge également, tout est dans les cornes : il suffit de compter les anneaux de croissance, un par an.
Cette magnifique espèce a été en danger. Pas à cause d'une perte de territoires, ces rudes montagnes n'attirent pas encore les faiseurs d'argent. Pas à cause de ses prédateurs naturels, la nature fait souvent bien les choses et veille à l'équilibre.
Elle n'est pas non plus considérée comme comestible, sa chair n'est pas très bonne. Mais l'Homme (Homo soi-disant sapiens, je crois que là Linné s'est planté) lui a trouvé une autre qualité pour pouvoir l'exterminer : la chasse à la chèvre serait une chasse sportive ! Et vous imaginez une tête de chèvre avec sa superbe barbiche comme trophée au mur dans votre séjour, c'est classe ! Heureusement des lois existent maintenant.
Cette beauté est visible au Jardin des Plantes et je crois que c'est le seul endroit où on peut la voir en France. Ils lui ont offert de beaux rochers. Ils ne valent pas ceux de ses montagnes natales mais elle doit s'en contenter et elle y grimpe souvent.

Commencée fin décembre avec Galanthus elwesii, la saison des perce-neige bat son plein. Elwesii forme plusieurs grosses touffes devant la maison, il s'est ressemé jusqu'à 3 m de l'endroit où je l'avais planté. Mais je ne sais plus où j'avais planté les petits nivalis car ils se sont répandus partout sur le terrain, jusqu'à 30 m de l'emplacement initial, dans les escaliers, dans les pots…
Traversent-ils la neige ? oui, bien sûr et même ce tapis de lierre – lamiascum galeobdolon –petite pervenche. Ils se sont semés dans cette zone à couverture végétale dense. Pour la neige, j'ai dû faire vite. Comme d'habitude il a neigé cette nuit et tôt le matin, ensuite la pluie l'a remplacée et la neige fond vite.

Mais ils ne sont pas les seuls à percer la neige. Les petits crocus botaniques ont commencé à fleurir. Je les ai déjà vus, de même que les grands crocus, dans beaucoup plus de neige, elle ne leur fait pas peur. S'ils n'ont pas ouvert leur corolle, c'est parce qu'ils veulent voir le soleil pour le faire.



Et les petits Cyclamen coum, toujours en fleurs depuis décembre, ils se laissent recouvrir mais réapparaissent aussi frais quand elle fond.

Ailurus fulgens, c'est le petit panda roux, parfois appelé firefox par les anglais et c'est la mascotte du navigateur du même nom. On croirait un jouet en peluche mais il est bien plus beau qu'un jouet et ses gestes sont gracieux.

Il aime beaucoup les bambous plantés sur son enclos mais ce n'est pas sa nourriture exclusive.


Prêt pour un bisou ?

Il a une activité surtout nocturne, alors une petite sieste ne fait pas de mal. Là, il y en a deux, vous pouvez vérifier en comptant les oreilles et les queues :

Les mésanges à longue queue ont trouvé les mangeoires, elles y reviennent donc maintenant.
D'abord une seule en exploration :

 

Puis deux :

 

 

 

 

et même trois :

Elles sont rapides, toujours un peu ébouriffées. Ce qui les intéresse, c'est la margarine.

Je vous donne des nouvelles du paon du jour : il est toujours sur la boîte à outils rouge dans le garage.

Je vous l'avais montré l'an dernier, le takin, grand amateur de Sambucus adnata. Je ne crois pas que celui-là ait eu le plaisir de goûter à ce sureau. C'est pour lui que je suis retournée dans la ménagerie du Jardin des Plantes, pour voir ce qu'il devenait. Sa solitude fait peine à voir, il regarde tristement passer les gens et pour cela se tient tout près des grilles. Mais il a un enclos un peu plus grand et qui me paraît plus agréable, plus ensoleillé.

Et, quelle joie, j'ai vu quelques enclos plus loin un autre takin. On lui a trouvé un compagnon. Celui-là est sans doute encore en quarantaine, il est beaucoup plus farouche, il se cache derrière sa cabane. Désolée, vous ne verrez que son derrière.

Mon beau takin ne sera plus seul. J'espère qu'on va tenter la reproduction. C'est une espèce en grand danger d'extinction.

Les jeunes pousses de Sambucus chinensis commencent à sortir au dessus du tapis de feuilles mortes qui tente de les protéger. En fait il avait déjà démarré fin décembre et une branche, que l'on voit un peu grillée à gauche, a subi – 9°C et ça l'a calmé. Mais à – 4 °C il n'y a aucun dégât, même pas sur les jeunes pousses, selon mon expérience des années précédentes.

Le Mahonia x media 'Charity' de mon jardin, en fleurs depuis novembre, s'accroche à ses dernières fleurs et ne veut pas les perdre :

Pendant ce temps, à Paris, Mahonia beali, plus tardif, est en pleine floraison :



Et bientôt les Mahonia aquifolium fleuriront, comme ici le 11 mars l'an dernier :

Un belle association pour avoir au jardin une floraison prolongée de 5 ou 6 mois.

Une longue queue, un bec minuscule, une large bande blanche sur la tête qui accentue son aspect longiligne, des taches roses un peu partout, c'est la charmante et vive mésange à longue queue. Elle n'est pas de la même famille que les autres mésanges, mais c'est une parente.
J'ai eu le plaisir de la voir aujourd'hui, pour la première fois depuis longtemps. Elle est vraiment très rapide et pas facile à photographier.

Mon héron devrait commencer à penser au mariage. Il paraît que février c'est le début de la saison des amours. Mais ici, il est tout seul.
Mais voyons son comportement actuel. Dès le repas terminé, il s'est envolé. Il m'a surprise, je n'ai pu photographier le départ. Il s'est dirigé tout droit sur son pin préféré, celui sur lequel je l'ai vu la première fois.
Les photos ne sont pas de bonne qualité, je ne pouvais faire mieux, il est très loin. Je n'ai pas, et je ne pourrais pas transporter le matériel qui convient déjà chargée par les nécessités de mon cours de botanique. Je n'ai même pas un pied, vous reconnaîtrez que pour mon âge je ne tremble pas trop. Si ces photos n'ont aucune valeur technique, elles sont intéressantes comme document. Vous y verrez un aspect étonnant de mon ami héron.
Il a donc atterri sur son grand pin :

Mais il y a sur une branche voisine deux autres oiseaux :

Il se tourne vers eux et crie :

Les oiseaux partent immédiatement. Mais un grand oiseau passe au dessus de lui.

Est-ce un autre héron ? Je ne sais pas. C'est trop loin pour que je distingue bien sa morphologie et ses couleurs. Mais l'effet produit sur notre héron est tout à fait différent.
Il crie, certes, mais avez-vous vu le hérissement de ses plumes sur la tête, et même sur le cou et le dos ? C'est étonnant. Je recadre pour mieux voir :

Ensuite il reste un moment le cou tendu :

Puis il descend sur une branche plus basse et plus fournie :

 

 

Je suis restée encore une demi-heure, il n'a plus bougé.

Va-t-il fonder une famille ici ou partir à la recherche de congénères ?

La couche de 2 cm de neige de lundi dernier ayant fondu, j'ai eu le droit de pénétrer dans le Jardin des Plantes. Je peux donc poursuivre mon reportage, commencé le 17 novembre, sur la vie secrète de mon ami le héron du jardin.
Cela fait donc trois mois que je l'observe et je me suis déjà demandé dans une note précédente où il trouvait la nourriture. En effet, en très peu de temps il a sans doute consommé tout ce qui bouge dans les petits bassins. Certes, il y a la Seine juste à côté, mais elle est trop profonde, cela ne correspond pas à ses habitudes de pêche, c'est tout juste bon pour les mouettes. Et je n'ai pas l'impression qu'il sort souvent du jardin, il est toujours là quand je le cherche.
Aujourd'hui j'ai eu la clé du mystère. Une dame est arrivée avec un grand sac blanc. Dès qu'il l'a vue, il s'est approché d'elle, au ras de la grille. J'ai parlé avec la dame, elle m'a dit qu'elle lui apportait régulièrement du poisson. Et elle n'est peut-être pas la seule. Mais elle n'a pas voulu parler davantage, elle semblait gênée, méfiante. Elle doit croire qu'elle risque une amende comme pour les pigeons. Mais les pigeons sont des milliers et salissent tout. Je ne pense pas qu'on ait écrit un texte sur le nourrissage de l'unique héron du jardin.
Je vous laisse suivre le repas :

 

 

 

 

 

Et admirez le dessin de la cravate et le charme du petit ruban dans les cheveux :

Je vous ai déjà montré les oreilles de Judas de mon jardin. Voici des photos récentes :

Ce champignon, comestible, c'est le champignon noir de la cuisine chinoise, se développe sur des arbres morts ou des parties mortes d'un arbre bien vivant. Il a une très, très nette préférence pour Sambucus nigra mais peut se développer ailleurs. Son frère chinois, Auricularia polytricha, a sans doute un autre arbre de prédilection, je ne sais lequel, je n'ai pas trouvé.
Aujourd'hui, à Paris, au Jardin des Plantes, j'ai eu la surprise de voir Auricularia auricula-Judae sur un arbuste mais pas un sureau. Il s'est installé sur Sorbaria kirilowii, un arbuste chinois.