Sureaux

Hier je suis allée au Clos du Coudray, 540 km AR. J'ai choisi le jour du milieu de ce long week-end dans l'espoir d'éviter trop d'embouteillages. Je ne m'étais pas trompée, je suis passée comme une lettre à la poste (quand il n'y a pas de grèves). Et le voyage valait le déplacement, une journée de bonheur : j'ai pu photographier un Sambucus caerulea en fleurs et en fruits !
L'an dernier je l'avais pris pour un Sambucus canadensis. Lorsque deux espèces se ressemblent beaucoup, il est impossible de les différencier sans voir les fleurs et les fruits. Les fleurs se ressemblent et, de plus il m'était impossible de les voir nettement à cette distance. Il est sur une butte derrière un fossé et seule une obsédée de sureaux peut le remarquer. Les fruits étaient inexistants, il n'y avait que des restes de pédoncules de corymbes et deux fruits secs. C'est l'étalement de la floraison et la quasi absence de fruits qui m'avaient orientée sur canadensis (canadensis est très peu autofertile).
Est-ce parce que j'y suis passée 15 jours plus tôt ? Est-ce que l'an dernier ces fruits avaient existé mais avaient déjà été tous dévorés par les oiseaux ? Cette année, ce fut la surprise : des fruits bleus !
J'ai eu la chance de rencontrer Michael Le Bret. Il m'a confirmé qu'ils avaient eu ce sureau comme Sambucus glauca (= caerulea) 'Oriental Glory'. Je croyais que ce sureau était un mythe répandu dans le milieu des pépinières. Il existe en effet un Sambucus racemosa 'Oriental Beauty' dont le nom peut prêter à confusion. Et j'ai acheté au moins 5 fois des glauca 'Oriental Glory' qui se sont toujours révélés être des racemosa.
Voici d'abord des photos de cette fructification. Certains fruits sont nettement couverts de cire qui leur donne l'aspect glauque, pour d'autres c'est moins net et ils sont bleu-nuit. La couleur est donc nettement différente de ceux de nigra, pourpres devenant presque noirs, et surtout de ceux de canadensis dont la composante rouge est encore plus nette. La teinte bleue n'est pas, à mon avis, uniquement due à la cire comme on le dit toujours.

J'ai eu l'occasion de faire des photos de cette plante et je veux en profiter pour vous en parler car elle devrait être interdite en Europe.
Nous avons des oenothères, elles sont jaunes alors que celle-ci est rose. Nos oenothères sont adaptées à notre petite faune et sans danger pour elle. Oenothera speciosa est américaine et adaptée à une autre faune. Il est rare que cela pose problème mais dans le cas de cette oenothère du Missouri il n'en est pas ainsi. Elle est un piège mortel pour le moro-sphinx, cet étonnant papillon qui fait du vol stationnaire et se nourrit en vol comme un colibri. La trompe du papillon reste boquée dans la corolle et il meurt d'épuisement en essayant de se libérer.
Les revues de jardinage l'on dit et répété. J'ai lu la lettre d'une jardinière qui a réussi à libérer le papillon en disséquant la fleur, elle a ensuite arraché son beau tapis d'oenothères roses. Vous pouvez lire cet article de tela-botanica.

Voici Acer saccharinum, ou érable argenté, à Orchaise. C'est un érable américain de grande taille utilisé comme arbre d'ornement, il est magnifique en automne. Je pense qu'il s'agit ici de la variété 'Laciniatum Wieri'

Acer saccharum, encore plus grand, est davantage utilitaire. C'est surtout sa feuille qui décore… le drapeau canadien. C'est l'érable à sucre à la sève délicieuse. Voici sa feuille photographiée dans mon jardin de Veneux.

Pour ne pas toujours me demander lequel est l'érable à sucre, j'ai un moyen mnémotechnique : la saccharine n'est pas du sucre donc saccharinum n'est pas l'érable à sucre.

Acer nikoense (ou griseum) est surtout recherché pour son écorce.

Pour les érables suivants je ne suis pas certaine du nom, je m'abstiens.

Acer à fruits roses (on croirait les fleurs d'un bégonia).

Acer à feuillage doré.

Je veux vous montrer quelques beaux végétaux du jardin du Prieuré d'Orchaise mais pas tous ceux que j'aurais aimé vous montrer. En effet, ce jardin est beau, bien entretenu mais il a une faiblesse : l'étiquetage. Beaucoup de plantes, et en particulier celles qui m'intéressaient le plus et dont je ne connaissais pas le nom n'avaient pas d'étiquette ou une étiquette couverte de mousse verte et d'où toute trace d'écriture avait depuis longtemps disparu. Et, au moins en semaine, il n'y a personne pour vous renseigner. La sonnette d'entrée fait apparaître une concierge qui vous fait payer et vous donne un plan et ensuite vous ne la voyez plus, même pas en sortant, et dans le jardin il n'y a personne. Pour les plantes inconnues de moi je n'ai pas pris de photos que je n'aurais pu nommer et classer.
Il y avait un joli bosquet d'écorces admirables. Le premier est sans doute Prunus serrula, le second Betula papyrifera, pour le troisième je préfère ne rien dire plutôt qu'une bêtise.

Je vous les ai déjà montrées parce que je les aime. Elles sont si belles, et si confiantes puisqu'elles s'installent dans nos villes.
Cet article m'a stressée. N'y-a-t'il pas d'autres solutions ?

Le kaki ou plaqueminier est un beau petit arbre, et bien bon.
Celui du Prieuré d'Orchaise est superbe, tellement beau et dense que je l'ai surtout reconnu à ses fruits. Je connais bien pourtant le kaki, j'en ai un à Veneux et lorsque je travaillais j'en avais un sous la fenêtre de mon bureau, encore petit mais couvert de fruits. Ses propriétaires ne touchaient pas aux fruits, je vais vous expliquer pourquoi, mais les oiseaux s'en occupaient.
Voici celui d'Orchaise :

Son feuillage vert soutenu est brillant :

En automne ce feuillage prend de superbes tons orangés.

Les fruits encore verts :

Les voici, mûrs, le 11 décembre à Paris, du moins les fruits qui restent et les étourneaux qui les dévorent :

Pourquoi ne voit-on pas davantage de kakis dans les jardins ? Il est beau, il assure le décor au moins 8 mois par an, en automne de façon remarquable. Il résiste au moins à – 18°C. Ses fruits sont délicieux, du moins les fruits que vous achetez au supermarché. Mais si vous plantez un kaki, un de ceux que l'on vous vend couramment, c'est la déception dès la première récolte. Ses fruits sont très astringents, immangeables à moins de les mettre en confitures. On vous a dit qu'il faut attendre les premières gelées pour les cueillir mais les gelées tardent à venir et les oiseaux s'en occupent avant.
Je ne sais quelle est la variété du kaki d'Orchaise. Une faiblesse de ce jardin c'est l'étiquetage.
Le kaki le plus vendu en jardinerie et dans les catalogues, c'est 'Muscat'. Ce nom qui fait penser au raisin vous a évoqué la douceur mais il est bien marqué sur l'étiquette qu'il faut attendre les gelées !
Pourquoi vend-on uniquement celui-là alors qu'il existe des variétés non astringentes aux fruits bien sucrés, délicieux et mangeables dès maturité ? Le plus populaire au Japon, et le plus facile à trouver pour votre jardin, c'est 'Fuyu'.
Essayez le kaki, vous ne le regretterez pas. Mais pas n'importe quel kaki. Voici une liste des vendeurs de 'Fuyu'.

Sur le même pied, le plus grand, il y a encore 4 corymbes, à divers stades d'évolution. Ce sont des corymbes latéraux à l'extrêmité des ramifications dont je vous ai déjà parlé sur la plus grande tige, celle qui porte le premier corymbe.

La première, très ensoleillée et très végétalisée :

La seconde, plus à l'ombre :

La journée était consacrée au terrain de Veneux, il y a quelques problèmes. Au passage j'ai récolté quelques corymbes de sureau. La récolte est encore un peu maigre mais la course à la maturité semble s'accélérer. Les grandes feuilles à côté de ma gamelle, ce sont celles du lysichiton, un peu bousculées par une tornade récente.

Notre clématite des haies est un peu envahissante dans la nature mais bien jolie. C'est pour cela qu'on la trouve en vente, le plus souvent en graines mais aussi en plants.

Elle est capable de monter très haut dans les arbres qu'elle décore de ses flocons neigeux l'hiver dans la forêt. Mais elle a sa place dans un jardin naturel, dans un arbre ou en liberté sur une haie.

Je vous l'ai déjà montrée en hiver :

L'eupatoire à feuilles de chanvre, Eupatorium cannabinum, je vous l'ai déjà montrée. Elle est belle et très répandue dans la région en zones humide. Je vais en garder plusieurs massifs à Romilly, en fond de massifs car elle atteint 2 m. La voici photographiée cette fois à Trifouilly :

toujours à Trifouilly.

Rosier 'Rotes Meer', un rugosa

Viorne obier

Aubépine

Il faut donc penser à se préparer pour la cueillette et l'utilisation des baies de sureau.
J'utilise le mot "baies" parce que c'est celui qui est utilisé dans toutes les recettes, c'est le terme consacré en cuisine. Mais en botanique je rappelle que ce sont des drupes.

D'abord la cueillette. Pour cela j'utilise 3 sécateurs de taille différente selon la hauteur où se trouvent les corymbes : un normal, un à longues branches, un échenilloir au bout d'une perche.

Il m'arrive aussi de couper une branche très chargée en corymbes et qui penche trop, elle finirait par casser. C'est donc l'occasion de faire une taille douce pour équilibrer l'arbuste et le maintenir en bonne santé. Par contre le cueille-fruit n'est pas adapté.

Il faut ensuite égrener les corymbes à la main. La particularité du sureau sauvage c'est que souvent les grains d'un corymbe ne sont pas tous au même degré de maturité et, si on attend que les grains verts soient mûrs, les grains mûrs seront desséchés. Mais les grains mûrs tombent facilement, les verts résistent. Si quelques grains verts tombent, ce n'est pas grave, il n'en sortira aucun jus avec l'extracteur. Il faut donc un récipient et une paire de gants très fins, parce que ça tache beaucoup.

J'aime bien faire ça dans le salon de jardin, à l'ombre des arbres, entourée de papillons et de libellules.

On peut utiliser les grains dans diverses recettes, un peu comme des raisins secs, ou bien en extraire le jus, à consommer légèrement sucré ou à transformer en gelée. Pour extraire le jus, l'extracteur me paraît indispensable, l'extraction manuelle est longue et pénible, et on en trouvera bien d'autres utilisations.
On peut donc ajouter une bassine à confitures pour les gelées, ma préférée est la gelée pomme-sureau. On peut utiliser une casserole ordinaire pourvu qu'elle ne soit pas en aluminium.
Enfin les excédents pourront être mis au congélateur, stockés sous forme de jus stérilisé, de sirop, de gelée, ou séchés et utilisés toute l'année, le plein de vitamines et d'antioxydants. Prévoir des pots, des bouteilles, des sachets de congélation (après congélation sur plateau).

A Veneux il y a déjà quelques corymbes mûrs sur les sureaux noirs sauvages.

Sambucus canadensis 'Adams' est couvert de fruits encore verts. Les corymbes sont de très grande taille, bien plus grands que ceux de Sambucus nigra.

Aujourd'hui j'ai passé deux heures à Trifouilly. Je n'y étais pas allée depuis deux mois parce que je n'ai plus rien d'autre à y faire que récupérer mes plantes et ce n'est pas la saison pour cela.
Quelle surprise à l'arrivée ! La nature a reconquis le territoire. C'était beau. Bien sûr cela n'est vrai que pour les amoureux de la nature, les amateurs de jardins à la française feraient une moue dégoûtée.
Voici le tableau :

Et c'est un bel écrin pour le rosier 'Sophia Renaissance', un de ces rosiers qui ne se laissent pas impressionner par la canicule, un des rares bien fleuris en août.

A droite du rosier vous pouvez voir Sambucus canadensis 'Maxima' qui s'est enfin décidé à démarrer. Il est couvert de corymbes de fruits encore verts, sans doute grâce au pollen de 'Adams'.

La moitié du terrain de Romilly est envahi de jolies sauvageonnes de grande taille et bien fleuries.
La plus envahissante c'est l'eupatoire, Eupatorium cannabinum.

L'orlaya est, comme la berce, une apiacée. Ses ombelles ressemblent à celles de la berce, avec des pétales plus grands en périphérie de l'inflorescence :

Sur mon terrain de Romilly sur Seine je ne cesse de faire des trouvailles, au point que je ne travaille plus beaucoup. Et moins je défriche, plus il y a de trouvailles à faire donc moins je travaille, c'est un cercle vicieux.
Voici les deux dernières :

La mouche-scorpion

Le pied de vigne qui grimpe dans le frêne porte lui aussi des grappes de raisin. Je ne les avais pas vues parce qu'elles sont très haut et surtout les raisins sont petits, en retard sur ceux du pied qui rampait dans les orties, peut-être à cause du manque de lumière.

Comme moi, vous aimez les papillons mais vous n'êtes pas un spécialiste de ces ravissantes bestioles, et il n'est pas toujours facile de les identifier. Mais pour les chenilles c'est bien pire. Sur la plupart des sites, il ne vous reste plus qu'à essayer toutes les familles, puis dans chaque famille une multitude de lépidoptères et on finit par renoncer.

Alors, essayez ce site.

Toutes les chenilles sont sur la même page, il suffit de faire défiler pour trouver celle que vous avez vue. Les photos sont superbes. Il suffit de cliquer sur la photo de la chenille pour avoir des photos de l'imago. Et il y a bien plus en visitant le site entier.
Il y a tellement de photos de chenilles qu'il me paraît impossible que la vôtre ne s'y trouve pas. Mais, évidemment, c'est long à télécharger. Patience. Allez vous faire un petit café, et vous verrez que ça en vaut la peine.
J'ai imprimé les 30 pages, elles seront toujours dans la voiture lors de mes escapades champêtres.

Sur mon terrain de Romilly il y a aussi un petit nombre de pieds de berce. C'est la berce de chez nous, Heracleum sphondylium, et non la dangereuse berce géante du Caucase. Il vaut mieux malgré tout se méfier un peu d'une action photo sensibilisante.

Hier sur mon terrain de Romilly il y avait une quantité inhabituelle de papillons. Est-ce parce que la température était supérieure à 30° ou parce que beaucoup de fleurs d'eupatoire étaient ouvertes ?
Le jeu consistait à photographier ces papillons sur une fleur, pas dans la nature, uniquement dans les jardins et les parcs. Ce n'est pas facile, ils volent beaucoup, se déplacent beaucoup, se posent rarement et peu de temps, s'envolent dès que vous approchez. D'un autre côté, la qualité de la photo n'est pas trop importante, il faut seulement qu'on puisse reconnaître le papillon et la fleur. N'avez-vous pas envie d'en faire autant ? C'est pour une enquête nationale sur les habitudes gastronomiques des papillons. Plus on est de fous, plus on rit, ou si vous voulez plus il y aura de photos, plus l'enquête sera intéressante. Alors allez-y.

Piéride sur menthe :

Vulcain sur eupatoire :

Et même trompe en action :

Amaryllis sur eupatoire :

Voici le plus avancé des corymbes, le 27 juillet :

Le tircis, habitant fréquent du sureau chinois

Le vulcain

L'amaryllis

Je sais maintenant que le grand Sambucus palmensis de Veneux ne survivra que sous perfusion pendant les périodes très sèches en été, il dépend donc trop de mes soins.
Le Sambucus palmensis de Romilly a été acheté en 2004. Il avait été planté à Trifouilly. A l'automne 2007, il n'avait pas du tout grandi, moins d'un mètre de haut, il avait chaque année un peu moins de feuilles et en 2007 presque plus alors que sa végétation est normalement semi-permanente. Je l'ai alors transplanté à Romilly mais sans grand espoir de le récupérer.

Le voici le 27 juillet 2008 : il a grandi mais pas énormément, il mesure 1m50. Surtout il a repris des forces, s'est étoffé. Il a maintenant un feuillage sain, dense. Il n'est pourtant pas arrosé et, comme la nappe phréatique est à 1 m, il n'en aura pas besoin désormais. Il peut survivre seul, sans soins.

Le criocère du lis, ce superbe insecte de la taille d'une coccinelle, fait des ravages sur mes lis de la Madone, Lilium candidum, à Veneux. Chaque printemps le feuillage apparaît, grandit un peu puis tout s'arrête et je n'ai jamais vu les fleurs. C'est à cause de cette jolie bestiole. Je ne peux jamais surveiller mes lis assez fréquemment pour leur éviter le désastre. L'an prochain je vais essayer le marc de café au pied.
Mais celui-ci je l'ai trouvé à Romilly où il n'y a ni lis ni fritillaires, seulement de très rares pieds de sceaux de Salomon. Il semble s'intéresser à la morelle douce-amère et ce n'est pas une liliacée.

J'ai un noyer. Je poursuis l'exploration des richesses du terrain de Romilly. En fait je n'avais pas fait attention à cet arbre. C'est un minuscule oiseau qui me l'a fait remarquer. Il semblait très irrité par ma présence et me harcelait de ses tuit tuit. Il était dans cet arbre, tout petit et très vif, changeant continuellement de place. J'ai pensé que c'était un troglodyte mais je n'en suis pas certaine. Il bougeait tellement que je n'ai pu prendre que deux photos de piètre qualité et on n'y voit pas la position typique de la queue dressée qui m'aurait donné la certitude.
Mon noyer, sans doute semé par un oiseau, porte peu de noix parce qu'il est très jeune. Il est presque aussi grand qu'un noyer adulte mais son tronc est encore très fin.

Cette rose au teint de pêche est celle qui pouvait mettre le mieux en valeur sa jolie couleur vert prairie. Il s'y pavane, la parcourt de long en large, prend la pose...