Sureaux

Les surprises se succèdent avec chinensis.

Je le soupçonnais sur l'apparition cette année de stipules foliées de trop grande taille : il est capable de ramifier ses tiges, c'est inhabituel chez les sureaux herbacés. C'est ma découverte aujourd'hui :

En 4 jours la face convexe de la tige plate et élargie de Sambucus nigra 'Monstrosa' est devenue brune sans avoir jamais montré de lenticelles.

Le superbe tapis de sureau yèble de Montereau fault Yonne est toujours là, toujours aussi beau :

Je vous ai déjà montré l'an dernier ce Sambucus nigra 'Pulverulenta' du jardin botanique de Marnay sur Seine.
Il est aussi beau que le mien mais bien plus grand, au moins 3 m. Il n'est pas facile à photographier par manque de recul et surtout parce qu'il se faufile entre d'autres arbres.

Cet après-midi à Romilly je me suis attaquée à un champ d'orties. En faisant cela j'ai réveillé une multitude de petits papillons blancs, des papillons de nuit. Ils volaient très vite, se posaient sous les feuilles et lorsque je soulevais la feuille s'envolaient aussitôt. Pas faciles à observer et à photographier. Je n'ai vraiment vu à quoi ils ressemblaient que sur les photos. Je les ai facilement trouvés sur Internet car ils ont un aspect vraiment très particulier. C'est le ptérophore blanc, Pterophorus pentadactylus.

Pour reposer mes bras, je suis allée vers une autre activité. Lorsque je suis revenue, j'ai réveillé des petits papillons bruns. Ceux-là ont un aspect plus banal, je ne sais pas ce que c'est.

Les deux beaux canards s'ébattent au milieu d'une flore spontanée et de quelques ajouts parmi lesquels j'ai remarqué deux plantes.
Equisetum ramosissimum var. japonicum

Thalia dealbata

Voyons d'abord le comité d'accueil qui semble être le même que l'an dernier. Ces deux canards blancs sont très beaux mais ce qui me gêne chez les canards blancs, c'est que je ne peux pas distinguer les sexes. Ils se précipitent vers vous dès qu'ils vous aperçoivent.

Admirez le gracieux jeu de pattes pour prendre un virage. L'un d'eux est bagué.

Face et profil :

observés à Romilly

qui se plaisent à Paris.
Les photos datent du 3 juin, en début de floraison.

Caesalpina gillesii

La sauge sclarée est ma sauge préférée. Chaque fois que je la rencontre, je suis surprise par ses coloris délicats.

Non, ce n'est pas moi qui ai débité cet arbre, en jupette et avec une petite tronçonneuse sur batterie. Cette photo est une blague, par dérision pour oublier à quel point il est triste de voir un si bel arbre au sol.

On imagine toujours les clématites comme de belles grimpantes. Celle-ci est belle, très florifère, mais elle ne grimpe pas. C'est une herbacée qui forme de belles grosses touffes. C'est Clematis recta.

A Romilly, Sambucus nigra 'Pulverulenta' est de plus en plus beau. Il a maintenant pris toute la coloration pour la quelle il est recherché. Les jeunes pousses terminales sont même presque totalement blanches.

A Romilly de nouvelles jolies fleurs se sont montrées pour fêter l'été.

Honneur à la reine au port altier. Elle vit ici parce que le terrain garde bien l'humidité et la nappe phréatique n'est pas loin. Filipendula ulmaria, reine de prés ou spirée ulmaire qui a donné son nom à l'aspirine alors que le saule, salix, donnait le sien à l'acide acétylsalicylique.

Ma troisième joie après absence puis débroussaillage à Romilly fut l'état de Sambucus chinensis.
Je vous ai dit que j'en gardais des spécimens en pot parce qu'ils végètent en pleine terre n'atteignant même pas la floraison. A Veneux, je comprends, c'est à cause de la sécheresse du terrain, en pot il faut l'arroser presque tous les jours, en pleine terre cela ne suffit pas. Mais à Trifouilly ? Le terrain paraît semblable à Trifouilly et à Romilly et je l'améliore à la plantation: très argileux, humide, calcaire, pH 8 à Trifouilly et pH 8,5 à Romilly. Ce qui se passe avec tous mes sureaux transplantés à Romilly confirme ce que je pensais : il y a une anomalie du terrain de Trifouilly qui tue la moitié des sureaux et je ne sais quoi.
Sambucus chinensis a été planté à Romilly quelques jours après ceux qui sont en pot. Le voici le 25 juin, il est superbe, j'ai compté 15 tiges qui partent du sol et on aperçoit déjà un corymbe.

Un autre sureau très précieux, c'est Sambucus hookeri. Lui aussi m'a été offert par un collectionneur. Il a mal supporté la transplantation et j'ai eu très peur. Mais tout est rentré dans l'ordre et, hier, il m'a montré le joli corymbe en préparation :

ou même de rien du tout, ou d'un peu de poussière accumulée dans un joint creux. La moitié des racines à l'air elle arrive à fleurir et à fructifier. Pas étonnant qu'on l'appelle chélidoine des murs. C'est Chelidonium majus.

Je vais en profiter pour dire tout ce que je sais sur Sambucus latipinna, ce sera vite fait.
Il a été décrit pour la première fois par Nakai. Un dessin de Nakai figure dans le livre de Richard Bolli mais rien sur ce dessin ne permet de le distinguer des autres sureaux. Cependant il y a quelque chose de contradictoire : il est présenté comme une banale variété de racemosa et le dessin le représente avec une infrutescence en corymbe !
Richard Bolli le cite donc, le situe au sud-est asiatique et le suppose synonyme de williamsii mais avec un point d'interrogation. Ce point d'interrogation est le bienvenu, il ne ressemble absolument pas à williamsii.
A vrai dire, il ne ressemble à aucun des sureaux que je possède. Il évoque le feuillage de hookeri.
Feuille de hookeri :

Je n'avais pu aller à Romilly depuis 10 jours ou plus. J'étais inquiète pour mes sureaux et ce que j'ai vu en arrivant ne m'a pas rassurée. Toutes mes plantes, sureaux compris, avaient disparu sous une végétation exubérante. J'ai passé 4 heures à dégager délicatement mes sureaux les plus précieux car rares, en exemplaire unique, et souffreteux à Trifouilly. Et surprise : ils étaient en pleine santé, s'étaient étoffés, au-delà de mes espérances.
Je vais d'abord vous montrer le plus précieux car je serais incapable d'en retrouver un. Il m'a été offert par un autre amateur de sureaux. Je ne l'ai encore jamais décrit. C'est vrai que j'ai abandonné mon "cours" sur les sureaux depuis des semaines. C'est parce que j''ai trop peu de renseignements sur ces derniers sureaux de la dernière section en Asie, et pas de photos des fleurs et des fruits à vous montrer pour l'instant.
Sambucus latipinna était presque mort lorsque je l'ai enlevé du sol néfaste de Trifouilly. Toute la végétation aérienne était morte (c'est un ligneux). Je ne l'avais retrouvé qu'à 4 pattes grâce à son étiquette fichée en terre. Une seule minuscule trace de vie : cette petite pousse qui repartait du collet. Le bâton brun à droite, c'est ce qui est mort. Le jour de sa replantation le 15 février :

Ne me demandez pas son nom, je ne peux essayer de tout savoir sur les sureaux et en même temps sur toutes les bébêtes de la création. Cela ne m'empêche pas d'admirer.
Elle est toute petite, genre petit pois extra-fin mais d'un jaune très, très pâle avec des dessins noirs sur le ventre et rouges sur le dos. La voici dans toutes ses acrobaties et toutes ses cachettes. Elle est très vive.

Pour les amoureux des roses, voici une idée d'aménagement du jardin :

Vous pouvez compléter la décoration avec un pigeon amateur de roses,

de préférence un vrai pigeon de Paris.

Le sol de la forêt, et celui de mon terrain à Veneux, c'est du sable, beaucoup de sable, une énorme couche de sable. Ce sable est très pur, il contient 95 % de silice. Lorque j'ai visité des verreries à Murano près de Venise, il y a quelques dizaines d'années, ils nous ont expliqué qu'ils utilisaient le sable de Fontainebleau.
Par endroits ce sable a été solidifié sous forme de grès. Un superbe bloc est exposé au Jardin des Plantes.

Sauvages ou plantées, elles vivent leur vie en toute liberté.

C'est vraiment un superbe rosier, hybride de wichuraiana, qui croule sous les fleurs.

La belladone, Atropa belladonna, est une belle empoisonneuse. Une dizaine de ses baies, d'un beau noir appétissant à maturité, peuvent suffire à tuer un adulte. Elle était appréciée aussi pour ses pouvoirs magiques. C'était l'un des composants de l'onguent utilisé par les sorcières qui se rendaient au sabbat.

Voici d'abord quelques images de Hydrangea quercifolia. Ses grandes feuilles font en effet penser à celles du chêne. Ne vous laissez pas impressionner par la vieille arcade en métal, elle n'est pas là pour lui, il se tient parfaitement tout seul. Il s'agit ici du cultivar 'Harmonie', sans doute l'un des plus beaux avec ses grosses inflorescences très denses mais restant cependant légères, elles ne font pas ployer les tiges.

Celui-ci, c'est Hydrangea radiata, un autre américain, à petites feuilles et à petites inflorescences rondes, un peu plates. Sa floraison est un peu plus tardive, les fleurs ne sont pas encore ouvertes.

Je n'ai vu que sur la photo la mignonne araignée nichée parmi les fleurs et la mise au point n'est pas faite sur elle :

Je vous ai déjà raconté mes aventures avec Sambucus adnata. Je les remets à jour parce qu'il y a une suite.
Mon premier achat de ce sureau s'est fait par Internet sur un site asiatique. Les rhizomes sont arrivés sans encombre, comme un colis banal. Je précise cela parce que les douanes françaises ne laissent pas entrer aussi facilement les colis venant des USA : un mois de rétention pour des sureaux horticoles donc n'ayant aucun besoin de protection, pourvus d'une autorisation d'exportation et d'un certificat phytosanitaire, cela au risque évident qu'ils meurent et moyennant le paiement de taxes de 3 fois le prix des plantes. Pour l'état français (et pour embêter les américains ?) il n'y a pas de petits bénéfices.
Ces rhizomes se sont révélés au printemps être des rhizomes de Rodgersia sambucifolia !
Pus tard, j'ai vu dans la recherche d'images Google, et à l'époque il y avait au plus 6 photos pour adnata, une photo de mon Rodgersia. C'était bien toujours le même site Internet. Je leur ai envoyé un courriel, en anglais, pour qu'ils cessent de piéger des amateurs de sureaux, il est resté sans effet. Plus tard cette image menait au site d'une pépinière néerlandaise. Maintenant elle a disparu de la recherche d'images Google mais on la trouve toujours sur le site de la pépinière qui donc le vend toujours.
Plus tard j'ai vu en vente dans un arboretum français sérieux un Sambucus chinensis, mais il était produit par une pépinière. J'avais déjà des chinensis mais il ne leur ressemblait pas. Le directeur de l'arboretum est passé par le magasin et m'a dit que ce n'était pas un chinensis. Nous étions bien d'accord sur ce point mais je l'ai acheté parce que je n'avais jamais vu ni surtout possédé un tel sureau. Et c'était Sambucus adnata.
Un jour Valérie, une collectionneuse de sureaux dans la Creuse, m'a dit qu'elle avait acheté un Sambucus adnata à l'arboretum où je l'avais moi-même acheté sous le nom de chinensis mais qu'il ne ressemblait pas au mien. Piquée dans ma curiosité, je suis allée chez elle le voir : c'était un sureau ligneux, donc ce ne pouvait être adnata.
Cet automne, j'ai acheté à une pépinière anglaise des Sambucus adnata. J'ai été étonnée de recevoir des plantes en arrêt complet de végétation alors que le mien ne l'était pas. Mais, vous savez, le climat anglais…, sans compter les traficotages des pépiniéristes qui vous mettent les rosiers au repos début octobre quand ce n'est pas septembre !
Mes nouveaux "sureaux" démarrent doucement, ils n'explosent pas de vigueur. Surtout ils ne ressemblent pas à adnata. Les feuilles n'ont que 3 ou 5 folioles, un très long pétiole, une tendance à être bipennées malgré le petit nombre de folioles. Les folioles sont très éloignées, leur pétiolule est assez long, donc impossible de trouver des folioles décurrentes caractéristiques de adnata.
Aujourd'hui j'ai décidé de rechercher à quelle espèce il appartient et je l'ai examiné de plus près. Surprise ! Les feuilles ne sont pas opposées mais alternes, le pétiole est engainant (il engaine la tige) et les rhizomes me paraissent inexistants, il n'y a que de banales racines très fines.
Ce n'est même pas un sureau !!!

J'ai tout de même eu un grand plaisir pour me consoler. Sur un site asiatique que je connaissais il y a de nouvelles photos, celles de Sambucus adnata, le vrai. Et il y en a 16 d'un coup. Allez y voir.