Sureaux

Elle est plus connue sous le nom de jussie. La belle, trop belle, est la pire des pestes végétales, elle met en danger nos lacs et nos rivières aux eaux calmes.

Ses belles fleurs d'un jaune lumineux plaisent aux hommes et aux insectes :

Celle-ci a été plantée en démonstration pour que tout le monde puisse reconnaître l'ennemi n°1 de nos plans d'eau. Elle est cernée de béton et ne pourra envahir car sous nos climats elle ne se multiplie que par voie végétative, le moindre morceau se bouturant rapidement.

Voici ce qui permet de la distinguer facilement de Ludwigia peploides, tout aussi invasive : ses feuilles, ses pédoncules, ses boutons sont velus et les pédoncules sont clairs, les feuilles sont longues :

Admirons sa belle fleur :

En passant je me suis arrêtée à l'entrée du lac aux oiseaux à Montcourt –Fromonville. Je n'avais pas le temps de visiter mais j'ai eu le temps de m'étonner d'y voir un grand nombre de cygnes. Il y avait plusieurs groupes d'au moins 10 individus. Cela ne correspond pas à ce que je croyais connaître du comportement des cygnes qui sont territoriaux et dont les nids sont espacés de 2 à 3 km. Je pense qu'il s'agit de groupes de juvéniles, mêlés à quelques canards comme toujours.

Je vais vous raconter comment je me suis fait rouler par un tout petit coléoptère de 2cm. Bien plus petit que moi mais un superbe comédien.

C'était un beau jour de mai, sans pluie comme d'habitude, un beau jour lumineux. Je vois sur une feuille un insecte qui semble en piteux état (je le sais maintenant, c'est parce qu'il m'avait vue) : mou, avachi, la patte arrière molle, la patte avant semblant crispée sur le vide, l'antenne pendante :

Je le photographie puis j'avance un doigt pour voir s'il va bouger. Je ne crois pas l'avoir touché mais tout-à-coup il est sur une autre feuille située un peu plus bas sur ma droite. Je ne comprends pas, j'ai du faire un mouvement involontaire et dont je n'ai pas eu conscience. Un spasme ? Ce n'est pas dans mes habitudes mais après tout, lorsqu'on est très concentrée sur quelque chose, cela peut peut-être arriver. Maintenant il git sur la feuille les 6 fers en l'air et semble bien mort. J'aurais dû me méfier, les pattes ne sont plus dans la même position. Je photographie la face ventrale de la pauvre bête défunte et je vais jouer ailleurs :

Maintenant je sais que tout ça n'était que comédie. Il m'avait vue et a joué la pauvre bête morte. Puis, pour que cela fasse encore plus vrai, il s'est mis en position de bestiole morte sur le dos. Pour cela il a accompli à une vitesse incroyable, et je n'y ai rien vu, rien compris, ce que le site Aramel appelle un saut carpé. Bravo l'artiste.

Un mois plus tard j'en ai vu un autre au bord d'une grande route. Celui-là ne m'a pas détectée et vous allez voir son comportement normal, bien plus vif. D'après mon APN, il se passe moins d'une minute entre la première et la dernière photo :

A suivre…

Les araignées ne sont pas toujours que des prédateurs sans âme. Certaines sont capables de tendresse et de dévouement.

Les pisaures font preuve de tendresse lors de l'accouplement. Le mâle offre une proie à sa belle et ils restent ensemble une bonne heure. La femelle emballera ses œufs dans un cocon qu'elle transporte entre ses chélicères. Elle accrochera ce cocon à une herbe et tissera autour une sorte de pouponnière. Elle restera à proximité de sa progéniture jusqu'à ce que les petits aient accompli les mues qui les rendront indépendants.

Celle-ci n'a pas lâché son cocon malgré le danger (moi), elle a seulement cherché à se cacher :

Une mère admirable.

Depuis une semaine il pleut un peu à Romilly. La dernière fois j'avais trouvé 7mm et une averse quand j'y étais a ajouté 4mm. Aujourd'hui j'ai trouvé 17mm (et il y a eu 13mm en 3jours à Veneux). Les plantes ont retrouvé la joie de vivre et cela rend heureux aussi les coléoptères. Il y en a partout.

Je vous avais montré le 6 juin ce que je pensais être une pupe de Harmonia axyridis, la coccinelle asiatique. Aujourd'hui mon APN a capturé l'imago qui lui correspond :

Remarquez comme ses pattes sont rousses.

Vous trouverez des précisions sur ce site de l'INRA avec en tête une photo d'une bestiole identique à la mienne et une autre photo ici.

Ensuite j'en ai trouvé une autre beaucoup plus agitée :

Mon terrain de Trifouilly a pour voisin un cultivateur dont le terrain est situé au bord du mien mais environ 2m plus haut. Tout ce qu'il met sur son terrain se déverse probablement sur le mien et je l'ai soupçonné d'être la cause de la perte de nombreuses plantes. Je le pensais utilisateur de pesticides, fongicides, herbicides et autres cides.

Puis on m'a dit qu'il se convertissait en bio. J'y ai cru lorsqu'en 2007 j'ai vu des coquelicots sur son champ et il y en avait encore plus en 2008 :

Mais nous avons atteint des sommets en 2009 et c'est la photo en tête de cette note. Une splendeur. Mais sans doute une catastrophe pour un cultivateur à moins de vendre ses coquelicots à Nemours car le bonbon au coquelicot est une spécialité de la région. Ce n'est sans doute pas la voie qu'il a choisie, je n'ai plus jamais vu de coquelicots dans son champ depuis.

Il y a des plantes qui exagèrent. Etre belle n'autorise pas tous les envahissements.

Elle s'était installée dans la cuvette d'un petit Sambucus nigra 'Aurea'. Je vous avais montré ses immenses feuilles l'été dernier et j'espérais que quelqu'un me dirait qui elle est. On m'avait proposé Nicotiana sylvestris. Mais comment serait-elle venue là ? Et surtout, ma plante a des feuilles encore plus grandes et ce n'est pas une bisannuelle. En fouillant dans mes archives, j'ai vu qu'elle s'est installée au printemps 2009 :

J'attendais donc la floraison pour lui donner un nom mais elle n'a pas fleuri l'an dernier alors qu'elle était déjà très grande. A cause de ses feuilles basales très grandes et très larges, j'avais pensé à la grande bardane, Arctium lappa.

Cette année elle a gagné en hauteur, elle est aussi haute que la bardane :

et sa silhouette fait penser à celle de la bardane :

Mais les grandes feuilles basales sont différentes, celles de la bardane sont plus arrondies. Ma plante :

La bardane :

Et puis cette année ma plante déjà très grande  a encore grandi et d'autres différences sont apparues. Les feuilles supérieures de ma plante sont sans pétiole et engainantes, celles de la bardane ont un pétiole. Les bourgeons floraux sont très différents, ceux de la bardane sont hérissés, ceux de ma plante enveloppés de bractées douces et veloutées. Ma plante :

la bardane :

Enfin un bouton s'est ouvert en…jaune pour donner une belle fleur d'astéracée :

Ma plante mesure maintenant plus de 1m50, pour photographier le cœur de la fleur j'ai dû la basculer mais je n'ai pas le bras assez long pour une meilleure mise au point. J'espère qu'elle fera une fleur plus bas, sinon j'en couperai une ou bien j'utiliserai un crochet avec un long bras.

Une astéracée à grande fleurs jaunes, de très haute taille, avec de très grandes feuilles, je n'en ai trouvé qu'une : Inula helenium, la grande aunée. Elle est originaire d'Asie mais a investi tous les pays d'Europe et tous les départements français. Mais cette "occupation" reste discrète, elle n'est jamais un danger pour notre flore.

Je n'ai trouvé aucune contradiction avec la description qu'en donne Wikipedia. Mais c'est la première fois que je la vois et je suis prête à accueillir tous les avis.

Le thomise est une toute petite, moins d'1cm, toute mignonne araignée, mais c'est un terrible prédateur. Elle se tient près des étamines d'une fleur, ici une rose, et traque les insectes butineurs, souvent plus gros qu'elle. Le mâle est deux fois plus petit et brun.

Sur un autre pétale il y en a une autre, bien plus petite :

J'ai sans doute fait un mouvement un peu brutal. C'est la panique. Les deux araignées-crabes fuient vers le bord du pétale dans le but évident de passer à la face inférieure pour se cacher. La petite y parvient. La grosse ne peut passer dessous à cause de sa proie qu'elle ne veut pas lâcher.

Mais elle se rend vite compte que je ne suis pas bien dangereuse et revient déguster sa proie tranquillement au milieu du pétale.

Le terrain de Romilly est une mine de longicornes. Celui-ci ressemble beaucoup à Ruptela maculata mais le dessin des élytres est différent et l'extrémité des antennes est jaune.

L'extrémité de l'abdomen et les 3 derniers segments jaunes de l'antenne caractérisent la femelle :

Encore un lepture maculé, direz-vous, on connaît. Mais regardez bien, il y a au moins 3 antennes, et même 4 :

Ce n'est pas un lepture mais deux leptures et je vous présente une émouvante scène d'amour. Il s'est passé une minute entre la première et la dernière photo. Mais je ne sais depuis quand durait l'étreinte et cela a continué après les photos. Si je vous donne cette durée, c'est pour vous montrer comme ils se déplaçaient sur la fleur, une fleur blanche bien entendu.

Si le sexe de chacun des deux partenaires ne fait aucun doute sur les photos, le genre du mot français est discuté. Wikipédia dit la lepture, d'autres aussi, mais Word de Microsoft n'est pas d'accord. J'ai donc demandé l'avis de Larousse. C'est le lepture.

Ce mignon petit papillon (entre 2 et 3cm d'envergure) était posé sur la potentille rampante, une des plantes préférées de Pyrgus armoricanus, l'hespérie de la potentille. Mais il ressemble tellement à Pyrgus malvae, l'hespérie de la mauve, que je suis incapable de les différencier.

Vous croyez que je radote, que je bégaie, que je ne me rends pas compte que je viens de vous montrer cet insecte.

Pourtant ce n'est pas le même. C'est bien aussi un longicorne, famille des Cerambycidae, il a bien les mêmes couleurs. Mais le corps n'a pas la même forme, les pattes et les antennes sont rousses et non jaunes, les antennes sont plus courtes. On peut même dire qu'il imite mieux la guêpe mais on ne voit ni ailes ni dard. C'est Clytus arietis, le clyte bélier.

Lui aussi pond sur le bois mort mais avec une nette attirance pour les poteaux de clôture, comme ici, et les bois de chauffage, au point qu'il lui arrive de se transformer en imago dans la maison quand on y rentre le bois.

Je vous ai déjà montré des leptures mais Leptura, ou Ruptela, maculata est sans doute le longicorne le plus joliment décoré. Elle s'intéresse presque uniquement aux fleurs blanches, ici une des toutes premières fleurs de Calystegia sepium, le grand liseron des haies. Voici quelques unes de ses gracieuses attitudes depuis l'entrée jusqu'à la sortie de la fleur :

Elle s'est régalée de nectar et surtout elle a croqué des grains de pollen :

Mais à peine sortait-elle de la fleur qu'une deuxième lepture est apparue :

Celle-là ne m'a pas laissé le temps de la photographier mieux car elles se sont vues, elles se sont plu et sont aussitôt parties, sans doute pour chercher plus d'intimité. De ce fait ces photos ne sont pas très bonnes mais on peut apprécier la puissance de ses mandibules

La femelle pondra ses œufs dans du bois pourri.

C'est le premier corymbe épanoui du sureau yèble au bord de la N6 à hauteur de Varennes sur Seine.

Fleurs à différents stades :

Le feuillage :

Une fourmi apprécie les fleurs

et un insecte dont nous reparlerons apprécie la grande taille des stipules :

Aujourd'hui je me repose. La journée d'hier à Romilly a été dure. Toujours ce soleil implacable depuis des mois. C'est du harcèlement. Les prévisions météo donnent parfois un peu d'espoir, toujours déçu.

Je supporte bien le soleil. Je transpire mais ça va. Ce sont mes plantes qui ne supportent pas. J'ai passé la journée à désherber et réanimer les plus fragiles. J'ai planté celles qui ne voulaient plus vivre en pot. S'il se décide à pleuvoir un peu, elles survivront. J'avais amené deux grands sacs de feuilles mortes en partie compostées et j'y ai noyé, après l'avoir copieusement arrosé,  le pied de mon jeune Butia capitata dont l'aspect des palmes m'inquiète :

Mais ce temps plait aux insectes. Je n'avais pas le temps de faire de l'observation mais ils tombaient sous mon regard. Mon APN en a capturé une dizaine, des jamais vus jusque là.

Cette drôle de bestiole est immobile, collée sur sa feuille. C'est une pupe de coccinelle mais je crois que c'est une pupe de Harmonia axyridis, la coccinelle asiatique. Nous sommes bien dans la zone la plus envahie.

Voici d'autres photos ici et ici.

Dans l'angélique tout est bon. On peut manger les feuilles. On peut confire les tiges. Les grosses inflorescences peuvent servir de terrain de jeu, et plus si affinités, aux jolies punaises rayées. Je vous avais montré ces punaises, Graphosoma lineatum, photographiées le 16 mai. Mais 12 jours plus tard elles sont toujours là. On voit aussi sur ces photos, un peu plus bas, une ombre noire qui bouge un peu :

Mettons au point sur l'ombre noire :

C'est un ichneumon femelle, un insecte qui pond ses œufs sur les larves d'autres insectes. Remarquez les tibias gonflés de ses pattes arrière et la très longue tarière à l'extrémité blanche, deux caractéristiques des Gasteruption. Que fait-elle ? Surveille-t-elle les punaises pour pondre ses œufs sur leur progéniture ?

Une plante étonnante, à faire geler un edelweiss : http://www.tela-botanica.org/actu/article4433.html

Alnus cordata est l'aulne de Corse pour nous, l'aulne italien pour les anglais.

Sa feuille en cœur qui lui vaut son nom :

Et pour comparaison les feuilles de Alnus glutinosa, l'aulne glutineux :

et son originale variété 'Impérialis' :

L'aulne de Corse a été introduit un peu partout en France et il lui arrive de s'hybrider avec Alnus glutinosa pour donner Alnus x elliptica.

Je voudrais partager mon bouquet de fête des mères avec toutes les mamans

et quelques autres mamans non humaines.

Bulle avait nourri et éduqué avec patience 4 chatons. Je l'ai même vue leur apprendre à chasser. Vers la fin de l'allaitement elle avait beaucoup maigri et perdait ses poils par paquets. Le vétérinaire m'avait expliqué que c'était normal, tout ce qu'elle mangeait était pour les bébés. C'était comme si elle était sous-alimentée et sa santé allait redevenir normale après l'allaitement.

Chez les oiseaux, la mère est rarement seule pour s'occuper des petits.

Mais l'amour maternel, ça se niche aussi où on ne l'attendrait pas. La lycose ou araignée-loup est une mère exemplaire. Toutes les boules que vous voyez sur son dos sont ses bébés. Elle porte ses œufs dans un cocon accroché à sa filière et quand ils naissent les bébés grimpent sur son dos. C'est ainsi qu'elle les protège des prédateurs.

La vie ne se transmet pas que par les gènes, beaucoup d'amour l'aide aussi.

Nous allons faire plus ample connaissance avec les Adela, ces microlepidoptères aux antennes interminables. Nous avions vu à Veneux le minuscule Adela reaumurella. Voici à Romilly son cousin, à peine plus gros donc plus visible à l'œil nu. Il est d'autant plus visible que ses couleurs le font remarquer.

Adela degeerella est appelé coquille d'or tant il est lumineux. Nous le voyons d'abord minuscule sur sa feuille pour avoir une idée de sa taille. Son corps fait environ 10mm. Je pense qu'il s'agit d'une femelle car les antennes du mâle sont beaucoup plus longues.

Ils sont étonnants ces micro-papillons, parfois à la limite du visible, et pourtant aussi beaux que des grands, aussi complexes, aussi gracieux.

Ce qui m'a particulièrement fait plaisir lorsque j'ai visité l'arboretum de l'école du Breuil, c'est de voir qu'ils ont la même façon que moi de "jardiner", en respectant la faune et la flore locales. De larges allées sont tondues, de vastes espaces de détente et de jeu aussi. Mais ailleurs les "envahisseuses" ont droit de cité. Les arbres morts sont conservés, juste élagués pour éviter tout danger. L'un d'eux porte une pancarte expliquant les raisons de sa conservation. Cela évite les commentaires désagréables. Je dois reconnaître que la prochaine fois je mettrai des bottes. Les orties sont abondantes et l'accès à l'étiquette d'un arbre était parfois piquant. Mais cela ne concerne que les dingues de plantes. La plupart des gens y viennent pour la promenade et elle est aisée.

Voici quelques scènes de mon jardin sauvage de Romilly sur Seine en mai.

Entrée : un Rosa rugosa à grosses fleurs doubles, précoce et très florifère, une touffe d'asters novae-angliae, sur le grillage Rosa 'Mme Alfred Carrière'. Mais derrière il y a encore 2 Zanthoxylum, un buddleia, des cornouillers sanguins, des sureaux, etc. L'herbe (spontanée) de l'allée a été tondue en mars et elle ne pousse plus. Un passage de tondeuse donnerait un aspect plus propre mais l'empêcherait de se défendre contre la sécheresse.

Un peu plus loin dans l'entrée : un nashi, Sambucus nigra, Sambucus racemosa 'Plumosa Aurea'.

Une zone de sureaux : les nigra sont en fin de floraison, les canadensis fleuriront plus tard.

Devant la zone boisée : Sambucus nigra 'Black Beauty', Sambucus racemosa, le grand rosier 'Sophia' Renaissance, Sambucus nigra 'Black Lace', et au premier plan un iris des marais spontané.

Au fond devant les grands chênes : un cerisier, le plus grand Sambucus nigra 'Black Lace', celui que j'ai transplanté alors qu'il mesurait déjà 2m, un prunus spontané à feuillage rouge. Complètement à droite en haut, le feuillage d'un saule que j'élague fréquemment, il doit servir de support à une glycine.

Acer 'Carnival' :

La cardère s'est bien ressemée :

Les premières fraises sauvages :

Sambucus coreana à la végétation explosive a réussi à mêler ses fruits aux fleurs de Sambucus nigra 'Black Beauty' :

Un autre rosier précoce et florifère, le rosier anglais 'Leander' :

Un autre Rosa rugosa s'est laissé envahir par le sureau chinois. L'extension de ce sureau est imprévisible. Je déplacerai les rhizomes cet hiver quand le feuillage aura disparu.

Et une grande joie : en débroussaillant avec précaution, j'ai retrouvé mon orchidée sauvage, elle fleurira en juillet. Et juste au-dessus d'elle s'est posée une superbe libellule déprimée.

Aujourd'hui je suis allée à Romilly pour arroser. J'étais inquiète pour mes plantes les plus rares. Mais surprise : il y avait 12mm d'eau dans le pluviomètre, un record inégalé depuis des mois. Au lieu d'arroser j'ai fait du nettoyage et j'ai traqué la petite bête.

Et voici une bestiole adorable. On pourrait croire que c'est une araignée. Mais ses 8 pattes sont interminables. Et son corps ne forme qu'un seul bloc car l'abdomen segmenté et le céphalothorax sont soudés. Il n'a que deux yeux simples disposés sur une protubérance dorsale appelée ocularium. C'est un opilion ou faucheux ou faucheur.

Je n'avais encore jamais vu une si petite punaise, à peine 7mm. Elle était posée sur une feuille de potentille rampante. Je pense qu'il s'agit de Rhopalus subrufus. Elle est mignonne, toute rouge et brillante.

C'est la grande saison de la reproduction et à Romilly ce sont les punaises qui se font le plus remarquer, seules, par deux, par trois, et plus.

Parfois elles se cachent. Regardez ces fleurs d'angélique. J'ai remarqué un point rouge. J'ai regardé de plus près. C'était une partie à quatre :

Elles ne sont sans doute pas les seules à s'exciter ainsi. J'ai trouvé cette ponte. Cela ressemble à une ponte de punaise mais je crois que c'est plutôt une ponte de papillon. La première photo montre la position naturelle, la feuille est verticale sous le poids des œufs. Pour la deuxième photo j'ai retourné la feuille.

Ce bel arbuste à l'arboretum des Grandes Bruyères, c'est Viburnum odoratissimum. Inutile de préciser qu'il sent bon.

Il a un fan, un passionné qui escalade sans cesse fleurs et feuilles :

Ce beau longicorne tout noir, c'est Cerambyx cerdo, le grand capricorne. Ses larves sont capables de détruire nos plus beaux arbres. Mais il ne faut pas y toucher, il est protégé.

Je suis désespérée, la sécheresse continue, sans interruption depuis février. Pardon, j'exagère, il y a eu 2mm le 29 avril et 1mm (!!!) le 13 mai. A Paris ils ont eu plus de chance, ils ont cru apercevoir de l'eau : 17mm pour tout le mois de mars et 9mm en avril. La pluie est strictement réservée au sud, vous savez, là où il fait toujours beau. Par curiosité j'ai vérifié la pluviométrie sur la ville au bord de la Méditerranée où ma mère s'était installée, loin de sa famille sous prétexte qu'il y fait toujours beau et chaud. Même pour la chaleur c'est très discutable si on considère la température ressentie. Aller la voir en hiver était pour moi un cauchemar. Le vent faisait pénétrer l'humidité jusqu'aux os. Sur cette ville donc, il est tombé pour la même période 149mm et 68mm.

Et les hannetons sont toujours là, toujours aussi nombreux. Il y en a dans la buanderie, dans le séjour, dans tous les récipients qui trainent dehors, et même… dans mes cheveux et ça fait un drôle d'effet.

A Romilly, en zone considérée comme humide, et inondable, la terre est craquelée depuis un mois. Je ne peux arroser qu'en puisant dans la mare, dont le niveau est celui de fin d'été, avec un arrosoir que je dois trainer sous le soleil sur tout le terrain. Vu l'effort que cela demande, à un âge ou l'endurance diminue, je suis obligée de réserver mes arrosages aux plantes rares, celles que je ne suis pas certaine de pouvoir retrouver, et à celles qui présentent des signes de souffrance, sans certitude de les réhydrater à temps. J'ai déjà dû couper des branches de sureaux. Les plantes commandées cet hiver s'entassent dans leurs pots autour de la maison. Les planter serait les condamner à mort.

De ce fait je surveille au passage les Iris pseudoacorus. Pas ceux qui poussent dans la mare, ils ne risquent rien, mais ceux qui se sont semés loin. C'est ainsi que j'ai découvert les pucerons. Je ne savais pas que les pucerons pouvaient s'intéresser aux iris, surtout les iris aquatiques. Ce sont des pucerons noirs. Ils ne parviendront pas à faire s'enrouler des feuilles aussi rigides.

Les cornouillers sanguins sauvages sont en fleurs. Ils sont exubérants, envahissants, mais jolis.

Encore un petit joyau découvert hier à Romilly. Je ne voyais que lui malgré sa petite taille, moins d'1cm, et sa couleur verte sur la feuille verte de valériane car il brillait de tous ses feux, plus éblouissant que toutes les pierres précieuses, sous un soleil qui ne veut toujours pas faiblir. Pour bien montrer qu'il est un mâle, il exhibe ses belles cuisses velues (pardon, on dit fémurs). Les femelles ont les jambes fines.

A l'arboretum des Grandes Bruyères il y a de grosses touffes de lupins bleus. Pour moi c'est la couleur qui sied le mieux aux lupins.

Ces lupins sont couverts de petits bijoux qui brillent au soleil. Ce sont des Oxythyrea funesta. Quel horrible et sombre nom pour de si jolies bestioles. Ces cétoines grises ou cétoines funestes sont plus petites que les cétoines dorées mais bien plus voraces. Il faut dire que, quand une fleur leur plait, elles sont capables de s'y mettre par dizaines pour la dévorer.

Avez-vous remarqué comme elles sont velues. Même sur les élytres !

Rappel des épisodes précédents :

Mon petit chêne truffier, mycorhizé avec la truffe de Bourgogne, mais dont je n'avais pu obtenir le nom d'espèce, a été planté en janvier. En février il avait encore toutes ses feuilles sèches, il est très marcescent :

Il a débourré plus tard que les autres chênes. Le 11 avril il entrouvre ses bourgeons :

Le 19 avril le jeune feuillage présente des couleurs pastel ravissantes :

Mais ce même jour je découvre que les lapins l'ont écorcé sur toute sa circonférence et je crains pour sa survie :

Aujourd'hui son feuillage est totalement développé et bien dense. Il mérite bien son nom de pubescent, la face inférieure des feuilles surtout est toute veloutée :