Sureaux

Il est là, près de la mare, dans toute sa beauté printanière. Tout est beau dans l'ail des ours, ses larges feuilles et ses jolies fleurs blanches rapprochées en bouquet. Tout est bon dans l'ail des ours, son goût d'ail est fin, délicat, moins lourd dans l'estomac, sans relents dans l'haleine.

Mais je ne suis pas la seule à l'apprécier. Ce gros bourdon a visité toutes les fleurs, une par une, dans toutes les positions.

Des bourdons, il n'y en a pas que dans le jardin. J'en ai plein le séjour.

J'essaie de les récupérer avec une grosse boîte d'allumettes quand ils sont sur une zone plane. C'est pratique et efficace. On pose la boîte entrouverte sur la petite bête et on ferme lentement pour qu'ils aient le temps de planquer leurs pattes. Il ne reste plus qu'à ouvrir la boite dehors. Mais, comme toujours, le plus efficace c'est le préventif. Je vais vite remettre le rideau de perles sur la porte qu'ils utilisent le plus souvent.

Elle est réapparue à Romilly, ma plante aux jolies fleurs bleues. Et cette fois je me suis penchée sur son cas pour lui donner un nom. Après observation approfondie je lui ai trouvé une sérieuse ressemblance avec les grandes scilles que j'ai plantées à Veneux. Ce qui ne m'a pas permis d'y penser aussitôt l'an dernier (j'étais débordée par le défrichage et les plantations urgentes) c'est son port ramassé et le bleu sublime de ses fleurs.
C'est donc la scille campanulée ou jacinthe d'Espagne ou… Les noms ne manquent pas et c'est pire en latin : Endymion ou Hyacinthoides ou Scilla hispanica ou campanulatus (ou campanulata ou campanulatum, tous les genres sont permis) ou non-scripta ssp. hispanica ou racemosa…
La voici à Romilly l'an dernier avec une inflorescence très resserrée qui lui donne un aspect inhabituel :

Les photos sont d'aujourd'hui.

Sambucus racemosa, planté depuis un an. On voit bien sur la dernière photo comme les pétales sont renversés contre l'ovaire infère. C'est caractéristique des sureaux de cette section.

Il était dans l'herbe, j'ai failli marcher dessus. Il saute mais pas très loin. Surtout il est beaucoup plus beau que celui que j'ai photographié dans l'eau, à cause de sa couleur, proche de la langouste cuite. Je ne sais pas comment il s'appelle.

J'ai trouvé ce diptère sur une feuille de sureau. Est-ce Hermetia illuscens, la mouche soldat noire dont la larve sait si bien recycler la matière organique ?

Ce montagnard a réussi à s'acclimater dans le Bassin Parisien. Bernard, un autre passionné de plantes, l'a trouvé dans les Yvelines. Allez-voir son sureau rouge.

Et voici une photo prise par lui le 9 avril et qu'il n'a pas osé vous montrer : les fleurs sont encore en boutons.

Je plante, je plante, je plante… Il y a tellement de retard que je n'ai pas le temps de m'occuper du nettoyage des zones déjà plantées et surtout des zones non encore défrichées.
Ces zones non défrichées sont envahies de tout mais surtout de frênes et de cornouillers sanguins que j'ai maintenant en horreur car c'était pareil à Trifouilly. Et puis mon regard s'est échappé un instant du trou de plantation en cours et j'ai aperçu au dessus de ces broussailles le blanc éclatant de quelques fleurs. Je me suis approchée, sécateur à la main car il est impossible d'avancer autrement, et j'ai vu ce qui parait être un cerisier :

Encore un peu plus près, l'écorce a confirmé mon impression :

J'ai dégagé encore et j'ai eu une meilleure idée de l'arbre :

Il reste beaucoup de travail à faire pour le dégager. Des troncs de frênes presque aussi gros que son tronc poussent contre celui-ci. Il a aussi beaucoup de branches mortes, il faudrait le tailler pour le sauver. Je n'y connais rien mais je vais au moins enlever tout le bois mort, le dégager complètement et lui donner de l'engrais.

J'ai ensuite fouillé un peu partout, toujours à coups de sécateurs. J'ai trouvé des fleurs semblables au milieu d'une zone dense de cornouillers, mais cette fois cela semble être plutôt un arbuste :

Et enfin celui-ci dont les fleurs sont déjà fanées, une seule a encore des pétales. Même si les pétales sont étroits, sans doute parce que la fleur est fanée, cela ressemble à un pêcher.

Il y avait sans doute un verger il y a très longtemps. Quel travail pour tout récupérer ! Je vais devoir aller deux fois plus souvent à Romilly.

Il y a à peine une semaine j'ai planté un tout petit Viburnum carlesii. Les Viburnum, proches des Sambucus, fleurissent comme eux très jeunes.
Alors, sitôt planté, sitôt fleuri :

J'ai encore fait une trouvaille en creusant un trou de plantation. Le sol de Romilly est plein de trésors.
Cette petite chose très remuante, elle tortille vigoureusement son arrière-train, me semble être une nymphe de noctuelle. Au lieu de s'enfermer dans un cocon, elle se confectionne un petit creux dans le sol. Voir ici.

Les chenilles de noctuelles, appelées vers gris, sont détestées par les jardiniers. Elles vivent dans le sol près de la surface et rongent les plantes au collet. Cela me fait penser à ce qui est arrivé à mes tulbaghias.

Sambucus palmensis a merveilleusement supporté cet hiver difficile, même mieux que Sambucus hookeri. C'est étonnant car je ne crois pas qu'il voit souvent le gel sur ses Iles Canaries. Je le déclare définitivement apte à la vie en région Ile de France et à Romilly qui est en fait en limite du Bassin Parisien.
Il supporte bien le froid. Il supporte bien le sable de Veneux à condition de l'arroser un peu.
Le plus ancien et le plus grand est à Veneux. Il a pris la forme d'un arbre bien que le tronc ne soit pas unique. Il a été acheté au Clos du Coudray en novembre 2002. Il n'est plus photographiable, son feuillage haut perché culmine à au moins 4m. Pour photographier sa floraison je serai obligée d'utiliser le téléobjectif.
Toujours à Veneux il y a un plus jeune, bouture du précédent, presque 2 m.
Celui de Romilly sur Seine est un des rescapés de Trifouilly. Il a été acheté en avril 2005 au Jardin de Rochevieille. Il a malheureusement été planté sur le terrain maudit (toxique ?) de Trifouilly. Il a végété, n'a pas du tout grandi et en 2008 n'avait plus qu'un tronc et presque pas de feuilles. Transporté d'urgence à Romilly, il a aussitôt démarré, a grandi, s'est couvert de feuilles, a même fait plusieurs troncs. Un an après voilà ce que ça donne le 18 avril :

a trouvé la joie de vivre à Romilly.

Sambucus chinensis a enfin trouvé le terrain qui lui convient.
J'ai compté 15 drageons, il y en aura peut-être plus. Quatre sont à 40 cm d'un pied de l'an dernier et deux à plus de 70 cm. Il se comporte comme notre sureau yèble. C'est un vrai sureau herbacé bien drageonnant.

Sambucus hookeri, son feuillage cet été :

Sambucus 'Coup de Foudre' est le premier sureau qui forme des fruits, suivi de très près par Sambucus kamtchatica. Chez ces deux sureaux toutes les fleurs ont été fécondées.
Les photos sont du 17 avril.

Sambucus 'Coup de Foudre'

Ce matin des cris rauques répétés m'ont attirée dehors. J'ai vu deux geais qui tournaient autour de la petite mare au fond du jardin, se posaient sur les arbustes autour ou sur le lierre. Je n'ai pu les photographier mieux, je ne suis pas équipée pour ça et le feuillage des arbres maintenant présent est gênant. Le geai est un oiseau farouche, le moindre de mes mouvements ou une tentative d'approche les faisaient fuir. Mais ils revenaient. Que cherchaient-ils sur la mare ? Est-ce le lierre épais qui grimpe à plus de 3 m qui les intéresse pour un nid ?

Le pigeon ramier est moins farouche. Ils n'ont même plus peur de ma voiture et un couple m'oblige souvent à m'arrêter sur le chemin d'entrée. Celui-ci supportait parfaitement mon approche et se retournait sur sa branche pour mieux me suivre du regard. Ce qui est le plus facile pour l'identifier : sa taille, il est plus gros que les pigeons de ville, la tache blanche striée sur son cou et la barre blanche au bord de l'aile.

'Red Robin' est le plus vendu. C'est un arbuste.

Le 12 mars à Paris :

ou serrulata.
Ce n'est pas l'arbuste habituel de nos jardins mais un de ses parents. Il est plus grand et avec l'âge devient un arbre jusqu'à 10 m (voire 15 m exceptionnellement). Mais il reste peu encombrant et peut décorer tous les jardins.

Le 6 avril à Paris son feuillage vaut bien une floraison :

Mon lysichiton a mis du temps à s'installer et il me fait deux fleurs pour la première fois. Je crois que cette fois c'est bien parti pour l'extension.
Les "fleurs" sont étonnantes, très grandes, d'un jaune très vif. Les feuilles viennent seulement d'apparaître, elles vont beaucoup grandir, jusqu'à 1 m parfois, et font penser à des feuilles de bananier.

Les vraies fleurs sont nombreuses sur le spadice :

C'est un beau décor de bord de mare, il aime l'humidité.

La saison des Caltha palustris bat son plein.

Et juste derrière Allium ursinum montre ses boutons, sa gracieuse floraison blanche est pour bientôt. Ses feuilles sont délicieuses dans la salade.

Elles sont encore là le 15 avril. Des colonies se forment, disparaissent mais il en apparaît d'autres aussitôt, sans interruption depuis que je les ai découvertes le 19 décembre. Je garde ce vieux tronc mort pour elles et pour les bestioles qui ont besoin de bois mort, de plus en plus rare, pour survivre.

Je défriche de vastes zones d'orties, l'horreur totale. Rassurez-vous, je ne vais pas complètement les exterminer, j'en garde pour les papillons et la plantation de pieds de tomates cerises. Mais elles devront rester dans des zones où elles seront inoffensives, par exemple entre la clôture et une haie de Rosa rugosa.
Mais des lamiers ont réussi à pénétrer dans ces orties,

Lamier blanc, Lamium album

Malus 'Evereste' est un pommier d'ornement mais aussi bien plus que ça. Il est un excellent pollinisateur pour les pommiers et ses petites pommes nourriront les oiseaux l'hiver, si vous ne les avez pas mises en confiture avant.

Le 7 avril ses gracieux boutons d'un joli rose

Une hybridation est-elle possible entre des sureaux d'espèces différentes, surtout s'ils ne sont pas de la même section ? Si elle est possible, il y a cependant un obstacle difficilement surmontable dans la nature : la date de floraison. Les sureaux de la section 3 (ligneux à grappes) fleurissent en avril, parfois plus tôt certaines années, ceux de la section 2 (ligneux à corymbes) en mai et ceux de la section 1 (herbacés) encore plus tard, souvent pas avant juillet.
Pourtant quelques hybrides naturels de racemosa et nigra ont été vus dans la nature, plutôt au nord de l'Europe (rapprochement sans doute des dates de floraisons, celles des sureaux à grappes étant retardées par un hiver long) mais ils sont très rares, moins d'une dizaine ont été recensés, et isolés, ils ne donnent pas de colonies, ils sont sans doute sans descendance.

Des scientifiques ont voulu y voir de plus près et ont réalisé des hybridations artificielles à l'aide de fleurs tardives d'une espèce et précoces de l'autre.
Winge en 1944 pollinisa des fleurs pécoces de nigra avec du pollen de racemosa. Il obtint des hybrides qui étaient stériles.
En Tchécoslovaquie Koncalova et col. reprirent de telles expériences entre 1976 et 1981 avec nigra, racemosa et ebulus. Dans tous les cas des hybrides ont été obtenus quand l'arbuste "mère" était nigra. Si le pied porteur des graines était racemosa ou ebulus, les graines n'étaient pas viables. Tous les hybrides obtenus étaient stériles.

Qu'est-ce qui me prend de vous raconter cela ? Tout simplement que les sureaux à grappes ont une floraison tardive cette année, sans doute à cause d'un hiver inhabituellement froid, et qu'il n'est pas impossible que mes sureaux ligneux des deux sections aient quelques fleurs à maturité en même temps.

Sambucus racemosa le 13 avril :

Trois sureaux de la section 3 ont ouvert leurs fleurs aujourd'hui.

Sambucus kamtchatica

Ce matin j'ai trouvé mes premières fleurs de rhododendron. C'est 'Christmas Cheer' qui fleurit toujours avant les autres mais sans aucun rapport avec Noel. J'y ai pourtant cru quand je l'ai acheté. Je pardonne parce qu'il est beau.

Pyrus pyrifolia, le poirier asiatique, donne de très bons fruits mais il est encore peu répandu dans nos jardins. Pourtant il accepte le calcaire et résiste jusqu'à - 15°. Je vous présente quelques unes de ses fleurs.

ou punaise nébuleuse.

Avez-vous déjà regardé de près une punaise ? Inutile de pousser des petits cris horrifiés, c'est très joli une punaise, elle est couverte d'un décor délicat et raffiné. Et c'est malin et curieux. Celle-ci m'avait repérée puisqu'elle tournait autour de la tige en même temps que moi, espérant sans doute se rendre invisible. Pourtant elle ne s'est pas tout de suite envolée. La curiosité était plus forte que la peur.
La voici sous tous les angles, dessus, dessous, face et profil.

Une superbe journée de printemps sur mon terrain de Romilly. Un peu de mouvement sur la table. Cette table, très haute, à utiliser debout ou avec des tabourets de bar, est formée d'un très gros tronc sur lequel est posé un plateau rond de planches assemblées.

Ce qui bouge c'est un petit lézard.

Il est à l'autre bout de la table mais, curieux, il vient m'observer de plus près.

Le tronc qui sert de pied à la table commence à pourrir, l'écorce se fend et s'écarte du bois, libérant un espace qui me semble rempli de petits lézards et qui permet au lierre terrestre de grimper jusqu'au plateau percé de trois trous.

Je n'y connais rien en lézards mais cela me paraît être un lézard des murailles, à cause de son physique, fin, agile, capable de grimper à la verticale, et de son comportement peu farouche et très curieux. Pourtant sur ce terrain rien n'est fait pour lui : pas de mur, pas de tas de pierres, tout au plus deux ou trois grosses pierres isolées et placées à l'ombre. D'ailleurs la table n'est pas à l'endroit le plus ensoleillé. Je me dirige vers l'étang et plusieurs petits lézards se sauvent. Là aussi ce n'est pas très ensoleillé. Il est vrai qu'il fait 22° à l'ombre, cela leur suffit peut-être.

Mais en approchant de l'étang je ne réveille pas que des lézards. Mon approche provoque un grand nombre de plouf dans l'eau. Depuis plusieurs jours j'essaie de voir les bestioles mais elles sont très rapides. J'ai à peine eu l'impression que c'étaient des grenouilles, plus petites que les grenouilles rousses de Veneux. Je ne vois pas d'œufs mais le plan d'eau est grand et plus profond que mes mares. Aujourd'hui, à force de scruter l'eau, j'en ai vu un ! Pas facile à photographier, il se cache dans les grandes herbes et les iris. Il n'a pas la peau bien lisse de mes grenouilles de Veneux. C'est un crapaud, sans doute un mâle car il est vraiment petit.

Sambucus racemosa ne semble pas facile à cultiver à basse altitude. Un terrain assez argileux gardant bien l'humidité semble indispensable, en évitant le plein soleil l'après-midi. J'en ai perdu plusieurs. Celui-ci, à Romilly semble bien parti.

Honni des cultivateurs de pelouses (monoculture qui demande beaucoup d'efforts, d'eau et de chimie), le pissenlit est une des merveilles de la nature. Il est bon pour le sol et les plantes voisines, il est bon pour les insectes, il est bon pour la santé, il est bon pour la cuisine, feuilles pour la salade, fleurs pour les confitures. Et encore plus il est beau, très beau.

Voici un rond-point à la sortie de Moret sur Loing, à hauteur des Renardières. Il a envahi toute l'herbe au milieu du rond-point, autour, et au bord des rues qui en partent. Superbe.

Il fait déjà 21° à midi, les oiseaux chantent à tue-tête, un pic épeiche m'a rendu visite, un papillon aurore est passé nonchalant. Il va falloir encore arroser mais je sens que cela va être un magnifique week-end. C'est le moment de profiter des charmes de mon jardin sauvage.

J'ai un autre kamtchatica, beaucoup plus jeune. Le Sambucus kamtchatica de Romilly sur Seine à été planté il y a à peine un an et il a souffert de la chaleur cet été, je n'étais pas toujours là pour l'arrosage nécessaire à sa bonne installation. Maintenant il a bien démarré, il est très sain, mais il ne fleurira sans doute pas cette année. A part sa taille, il est absolument identique à l'autre, je vous en montre les détails sans davantage de commentaires. Il a des poils même sur les stipules.

Vous remarquerez également la couleur de son feuillage, la même que pour celui de Veneux. C'est le vert le plus clair parmi tous les sureaux botaniques.

Le voici donc dans son écrin de consoude. Cette consoude a été plantée en même temps que lui mais à distance de son pied. Elle forme maintenant un tapis qui s'étend et surtout d'une densité impénétrable. Pas une ortie n'ose y pousser.