Sureaux

Sambucus palmensis, le plus grand, le 11 mars :

En voici quelques un entre le 6 et le 11 mars.

Sambucus racemosa 'Plumosa Aurea' :

Toujours passionnée par mes deux petits monstres, Sambucus nigra 'Monstrosa' et Sambucus nigra 'Compacta', je cherche des explications. Et je suis tombée sur la publicité pour Oxyboost qui pourrait expliquer la création de 'Compacta'.
je vous ai déjà beaucoup parlé de ce sureau que j'ai rebaptisé 'Compacta' parce que cela correspond plus à la réalité et qu'il n'est pas celui que l'on dit. Il m'a été vendu par un producteur français sous le nom de alba ou leucodermis. Ce même producteur m'a vendu cette année un 'Leucodermis' dont la conformation est tout à fait normale. 'Compacta' est aussi vendu par les hollandais sous le nom de pyramidalis parce qu'il a un port assez vertical mais le vrai' Pyramidalis' a des entre-nœuds de longueur normale.
Je vous rappelle les anomalies de 'Compacta' : un grand nombre de ses entre-nœuds sont très courts voire même de longueur proche de zéro ; les feuilles sont très larges et très tassées à cause des entre-nœuds courts et en prennent un aspect ondulé, les troncs et les tiges sont épais.
Et voici de quoi se vante OxyBoost : "les plantes ont de plus grandes feuilles, des tiges plus épaisses et les inter nœuds sont plus courts" cqfd. Vous trouverez tous les détails sur ce site : www.hydrodiscount.com/catalog/product_info.php?products_id=501
'Compacta' entre-noeuds très courts même nuls :

le 6 mars c'est le plus avancé de tous les sureaux toutes sections confondues (sauf les quasi-permanents comme palmensis et hookeri), aussi bien pour le feuillage que pour les bourgeons floraux ; le stade de développement est identique à ce que j'ai constaté l'an dernier aux mêmes dates.

Après avoir lu mes dernières notes, Christian, mon ami du Québec, m'a envoyé ce lien vers un site américain officiel qui décrit les difficultés de germination des ligneux y compris Sambucus et leurs solutions. Pour Sambucus il y a à peu près tout ce que j'ai expérimenté. D'autres ligneux peuvent intéresser mes lecteurs.

Ces échecs ne concernent que les graines achetées. Ce qui me fait penser que l'échec n'est pas dû à ma main insuffisamment verte, c'est que j'ai réussi des semis de graines acquises autrement :
les graines envoyées du Québec par Christian juste après leur cueillette dans la nature. En voici un exemplaire :

Depuis des années j'achète des semences de sureaux, partout où j'en trouve, en France et partout dans le monde, chez tous les vendeurs de semences de plantes botaniques peu courantes. Rien à voir avec Baumaux ou Monsanto. Ces graines n'ont pas besoin d'être inscrites sur une liste officielle pour l'instant, elles n'intéressent pas encore ceux qui veulent mettre la main sur le vivant. Il faut dire qu'il y aurait peu d'acheteurs et beaucoup de tricheurs qui iraient les récupérer dans la nature, une nature trop vaste pour pouvoir tout surveiller. A moins d'interdire aux plantes sauvages de se reproduire sans autorisation. Donc, elles ne sont pas assez rentables pour les intéresser.
Ces graines, je les ai d'abord semées de façon habituelle, stratification dans des terrines exposées à l'extérieur. Au bout d'un an, deux ans, trois ans, rien.
J'ai étudié leurs techniques de levée de la dormance dans la nature, passage dans le tube digestif des oiseaux, passage par le feu pour cerulea, etc. J'ai recherché toutes les études sur la levée de la dormance par des scientifiques. Les sureaux semblent intéresser les scientifiques, je ne suis sans doute pas la seule à avoir des difficultés avec la dormance.
J'ai alors tout essayé, de plus en plus de méthodes alors que les échecs s'accumulaient :
- la stratification dehors ou au réfrigérateur, sans ou après une période chaude dans l'appartement
- le trempage 24 h, 2 jours, plus, à l'eau froide, à l'eau tiède, à l'eau bouillante
- le vinaigre
- l'acide chlorhydrique
- l'acide gibbérellique à différentes concentrations
- le papier de verre
- la chaleur, le feu
- la fumée, les rondelles de papier imprégnées de fumée
et j'en oublie sans doute.
Tout a échoué, sauf une seule germination, une graine de melanocarpa :

Dans le très grand pot où pousse Sambucus chinensis, il y a des tiges feuillées tout autour du pot :

Au jardin
Selon les anglais, il aurait été sélectionné des variétés très décoratives mais je n'ai pas plus de renseignements.
Produit-il des fruits, qui sont très beaux et décoratifs, en zone 8 ? Toujours selon les anglais, c'est non. Mais j'ai des doutes. Ici il a produit des fruits verts dès la première année, je ne sais ce qu'ils sont devenus ensuite. A Harcourt il y en avait encore, et bien rouges, en novembre.
C'est certainement un sureau à recommander en montagne, pour ses belles fleurs parfumées et ses fruits très intéressants. En zone 8, j'attends l'évolution de ceux que je possède, mais j'ai bon espoir.
En cuisine
Il peut être utilisé comme le sureau noir.
Les fleurs sont délicatement parfumées, sans les relents de poisson selon les anglais, de pisse de chat selon moi, du sureau noir.
Le fruit serait le meilleur parmi tous les fruits des sureaux et il est gros. Comme le sureau noir, il faut éliminer les graines (le plus simple : extraction du jus). Il est très riche en vitamine C.
En médecine
Les feuilles, tiges et racines sont utilisées pour le traitement des lésions traumatiques, des fractures, des rhumatismes, et pour les néphrites aigues et chroniques.
Le fruit est dépuratif et laxatif.
Les feuilles sont diurétiques et sudorifiques. Elles sont aussi utilisées en traitement externe sur les abcès.
Les racines et l'huile extraite des graines sont utilisées comme purgatif.
Autres usages
Les feuilles pour repousser les insectes.
Les tiges creuses, comme celles du sureau noir, pour fabriquer des flûtes, des pipes, etc.

Le climat de la presqu'île sur laquelle il vit est froid et humide, même pas réchauffé par les 160 volcans (ou plus) dont 29 en activité ni par les nombreux geysers. Dans les zones les plus "chaudes ", les températures minimales peuvent atteindre - 26°C.
Il est rustique en zone 4, peut-être 3.
Il vit dans les montagnes, en bordure de forêts. Il a besoin d'un sol humide. Il supporte les vents forts mais pas les embruns. Il tolère la pollution atmosphérique.

Culture
Sol humide. Supporte le calcaire et les sols lourds. Accepte un peu d'ombre mais préfère le plein soleil.

Multiplication
Par semis en automne qui ne germera qu'après avoir subi le froid hivernal. Il se ressème spontanément dans les pays froids. Les fruits sont rares dans les zones de climat doux : il ne fructifie pas au sud de la Grande Bretagne alors qu'il fructifie au nord.
Boutures de bois semi-aoûté de 7 à 10 cm à talon en juillet-août.
Boutures de bois de l'année de 15-20 cm à talon en fin d'automne.
Division de drageons (donc il drageonne, c'est en effet ce que j'ai cru voir sur le mien).

Feuilles :

Le 3 novembre :

Le voici adulte à l'arboretum d'Harcourt le 3 novembre 2007 devant un laurier-tin. Ceci confirme son port évasé à multiples troncs :

Je n'ai qu'une seule description, très courte mais précise et donnée par le Dr Berkutenko, une botaniste russe qui a vu ce sureau dans la nature : "Kamchatsk. Elder. Large shrub, flowers white, fruits red, globose, in large umbellate corymbs."
Ce qui surprend dans cette description, c'est les "large umbellate corymbs". Les corymbes ombelliformes, c'est ce qu'on voit sur les sureaux de la section Ebulus et de la section Eusambucus, et pas chez les sureaux rameux. C'est pourtant ce que j'ai vu sur les photos d'une pépinière hollandaise, sur le sureau de l'arboretum de Harcourt et sur mon sureau à l'époque où il n'avait pas encore souffert du terrain de Trifouilly (mais on devine déjà qu'il n'est pas bien). Les inflorescences et les infrutescences sont plus proches du corymbe que de la grappe.
Cette photo est prise le 2 août 2005. Ce qui étonne aussi, c'est que début août il n'a encore que des fruits verts et il y a aussi des fleurs, encore un comportement inhabituel pour un sureau rameux. Sa floraison a été tardive et prolongée jusqu'à la fin de l'été, ce qui se confirmera par les fruits tardifs du sureau de Harcourt.

Le 17 février

Sambucus williamsii, bourgeons floraux :

Dimanche j'ai retiré Sambucus hookeri du terrain de Trifouilly pour le replanter lundi à Romilly. Nous pouvons en profiter pour voir son système racinaire et un rhizome (ce qui confirme qu'il se comporte comme javanica) :

La presqu'île où il vit, une grande presqu'île de 1200 km de long, s'appelle Kamtchatka le plus souvent. C'est Kamtschatka avec un s supplémentaire en allemand parce que sch et ch ne se prononcent pas de la même façon dans cette langue. Il a été nommé kamtschatica avec un s par E. L. Wolf et c'est ainsi qu'il faut l'écrire. Hultén l'a rebaptisé Sambucus racemosa ssp. kamtschatica.
Pour le voir dans la nature, il faut atteindre le bout du monde, l'extrême est de l'Asie, une région longtemps presque inconnue. Elle n'a été explorée par les russes qu'au XVIIe siècle, occupée au XVIIIe. Les anciens habitants ont été presque exterminés. Elle n'est ouverte aux étrangers que depuis 1990 et, si elle devient un lieu à la mode pour ceux qui ont une âme d'explorateur, je ne sais s'il y a parmi eux des botanistes car je n'ai pas trouvé beaucoup de renseignements sur ce sureau.
Nous nous contenterons donc d'une description très succincte du Dr Alexandra Berkutenko, une botaniste qui connaît bien la région et sa végétation puisqu'elle habite le Magadan tout proche et propose des voyages au Kamchatka.
J'ai aussi mes sureaux. Mais le premier, qui a cependant eu le temps de m'offrir quelques photos, est très mal en point. Lui aussi ne supporte pas le terrain de Trifouilly. Un nouveau a été planté à Romilly. Pour des photos des fruits, il faudra attendre sa production.

Sambucus nigra 'Monstrosa' ne sait plus dans quel sens se contorsionner pour se faire remarquer :

Son équipement chromosomique : 2n = 36

Situation géographique : comme son nom l'indique (North China Red Elder), on le trouve au nord-est de la Chine, Shaanxi, Gansu, Jiangsu, parfois cultivé dans les jardins, sur les flancs de montagnes, bords de rivières, bords de routes, près des maisons, à une altitude de 500 à 1600 m.

Rusticité : je n'ai trouvé aucune précision mais il vit dans des zones de climat rigoureux, supporte sans doute – 20°C ou moins.

Variétés :
coreana est pour certains une variété de williamsii, j'en parlerai plus tard.
un semis naturel a donné un arbuste à fruits jaune d'or à l'arboretum d'Hemelrijk en 1996.

Utilisation :
La plante entière est utilisée pour le traitement des rhumatismes, des fractures.
Son huile est utilisée pour le traitement des hyperlipidémies et de la sénescence. Cette huile a été étudiée : elle contient entre autres une quantité importante d'acide linolénique (un oméga 3). Elle est comestible et utilisable en médecine (cabi.org).
Son action sur l'ostéoporose est à l'étude sur des rattes ovariectomisées par des équipes de chercheurs au Japon et en Corée.
Un pigment soluble dans l'eau extrait de ce sureau est vendu comme colorant pour les vins et les jus de fruits.

Des photos du 4 février :

Il y a donc des avis différents sur la couleur des fruits et aussi sur la forme de l'inflorescence, décrite parfois comme un corymbe.
Sur mon exemplaire de Sambucus williamsii, lorsque les fleurs étaient encore en boutons, la forme de l'inflorescence évoquait parfois un corymbe comme ici :

Le problème se pose pour les sureaux des zones tempérées chaudes et subtropicales, surtout lorsqu'ils sont en végétation.
Voici les moins rustiques après un gel à -4°C plusieurs matins de suite, températures positives dans la journée, sans protection.
Ce très jeune Sambucus palmensis planté à l'automne n'a pas souffert (un pied adulte a supporté -9°C un seul matin sans dégâts).

Nous poursuivons l'observation du réveil des sureaux.
Sambucus nigra 'Viridis'

Quelle est la couleur des fruits de Sambucus williamsii ? R. Bolli les dit noirs mais il ne me semble pas qu'il ait rencontré cet arbuste. Toutes mes autres sources sont asiatiques. La plupart des auteurs les disent rouges, la plupart des photos les montrent rouges. Deux auteurs disent qu'ils sont soit gris-bleu ou noirs, soit rouges.
Je n'ai pas de photos à vous montrer, j'ai eu des fleurs mais pas encore de fruits. Peut-être cette année...
Mais je vous offre une belle galerie de photos chinoises. Inutile de réviser vos connaissances en chinois, toutes les photos sont sous-titrées en latin.
Attention cependant : cette suite de photos concerne aussi chinensis et nigra et il y a eu de petites erreurs d'étiquetage. Sous le nom williamsii s'est glissée une inflorescence de chinensis, facilement reconnaissable à ses nectaires et aussi deux ou trois inflorescences de nigra en corymbe très plat avec des fleurs d'un blanc beaucoup trop blanc pour la section Botryosambucus.
Les photos sont belles, allez-y...

Le bourgeon floral se développe en même temps ou peu après les feuilles. Ici bourgeon floral le 8 mars:

Il a encore peu de feuilles en février :

Un deuxième Sambucus sibirica, tout juste planté, ouvre un bourgeon floral :

Oui, il est presque aussi précoce que celui que j'avais planté en 1998, en fleurs le 9 janvier et mort en avril. Mon tout petit sibirica ouvre son premier bouton floral :

Ce 21 janvier, Sambucus canadensis 'Adams', aussi avancé que les sureaux noirs, lance ses jeunes feuilles vers le ciel.

Toujours le 20 janvier.
Sambucus nigra 'Heterophylla'