Sureaux

Comme les autres sureaux rouges les bourgeons grossissent tôt, dès l'automne, mais les bourgeons à fleurs ne sont pas aussi ronds et il n'est pas facile de les distinguer des bourgeons feuillus.
En novembre :

Sureau d'Arménie, Caucasus red elder.
C'est le plus proche géographiquement de Sambucus racemosa, considéré par certains comme son équivalent dans le Caucase. Il aurait cependant 38 chromosomes (36 pour S. racemosa), mais je n'ai trouvé qu'une seule fois ce renseignement sans précision sur l'auteur de l'étude.

J'ai vu de rares photos mais aucune description précise de ce sureau. Il est vrai qu'il est rare dans la nature. Tous les renseignements que je vais donner sur l'aspect de cette plante et son comportement sont mes observations personnelles sur mes trois arbustes en âge de fleurir.

Description
Arbuste ample et de croissance vigoureuse, atteignant au moins 3 m de haut.
Ecorce avec lenticelles, moelle brune :
écorce jeune

Pour les sureaux rouges, nous avons vu d'abord le sureau rouge de référence, le Sambucus racemosa européen. Nous sommes ensuite allés vers l'ouest jusqu'en Amérique.
Maintenant nous repartons vers l'est, c'est-à-dire en Asie.

Nous commencerons aux confins de l'Europe avec le sureau d'Arménie dit Sambucus tigranii, pour moi le plus beau. Il est ici conduit comme un grimpant avec un rosier et un pyracantha. Les fruits verts sont ceux du pyracantha :

On peut se poser la question de l'effet du gel puisque c'est l'un des sureaux qui gardent leur feuillage tout l'hiver.
Le voici au petit matin par -2°C , on dirait de la salade cuite :

Les sureaux rouges ont, eux aussi, leur desmocère. C'est Desmocerus aureipennis, Golden-winged elder borer.

Avant de quitter les sureaux rouges américains, nous allons retrouver les Desmocerus, pour Sambucus callicarpa et Sambucus melanocarpa.

Le genre Desmocerus comprend quelques insectes superbes, totalement inféodés aux sureaux et incapables de survivre sans eux. Les adultes sont vus sur les feuilles, sur les fleurs parfois, et les larves se développent dans les tiges. Elles font un trou pour en sortir, seule trace visible de leur présence.
C'est ce mode de vie qui leur vaut leurs noms vernaculaires : Elderberry Longhorn Beetles, Elderberry Borer.

Nous avons déjà vu (note du 07/05/2007) Desmocerus palliatus, le desmocère à manteau, elderberry longhorned beetle, qui vit sur et dans Sambucus canadensis :

Semis
Maturité des graines : août-septembre.
Les semences sont de préférence semées en automne, dès qu'elles sont mûres, sous châssis froid. Elles peuvent être semées au printemps mais germent mieux si elles subissent 2 mois de chaleur suivis de 2 mois de stratification au froid.

Boutures
Boutures à talon semi-aoûtées de 7 à 10 cm en juillet-août sous châssis.
Boutures de bois aoûté de la saison, de 15 à 20 cm, à talon, en fin d'automne.

Culture
Tolère la plupart des sols, même calcaires. Préfère cependant une terre grasse et humide. Croît bien en terre argileuse lourde.
Préfère le plein soleil mais supporte la mi-ombre.

Ses graines, 3 à 4 par fruit, toujours photographiées sur papier millimétré :

A la recherche d'une explication et d'un équivalent botanique de cet étrange sureau, j'ai trouvé ce cornus qui présente toutes les caractéristiques de ce sureau. C'est Cornus sanguinea 'Compressa' mais il existe certainement d'autres arbustes présentant ces particularités.
Sa description sur un site français : très curieux arbuste érigé, assez lent à pousser, feuilles gaufrées disposées en écailles le long des tiges.
Sur un site en anglais et sur un site en allemand la description est plus précise : très érigé, entrenoeuds courts, encombrement et surpeuplement de feuilles le long de petites branches. Branches rares, souvent rejets de la base. Feuillage légèrement enroulé et un peu déformé, souvent convexe.
En voici une photo

Pourquoi compressa ? Ce terme convient tout à fait. Tout se passe comme si ces tiges et troncs verticaux étaient comprimés du haut vers le bas pour raccourcir les entrenoeuds et tasser les feuilles.

Ce terme peut convenir à mon curieux sureau et, comme il n'est ni Leucodermis ni Pyramidalis, et qu'il faut bien lui donner un nom, je l'appellerai Sambucus nigra 'Compressa', au moins provisoirement jusqu'à ce que je trouve son nom donné par un vrai botaniste.

Je redonne rapidement ses caractéristiques :
- un port très érigé dû à l'orientation verticale des branches, la rareté des branches, beaucoup de rejets partant de la base :

Un autre sureau m'a été vendu comme Sambucus nigra 'Pyramidalis'. Il est encore petit, il ne pousse pas vite parce qu'il n'aime pas le sable de Veneux (son départ pour le terrain de Romilly est prévu) et il a déjà perdu une partie de son feuillage, saison oblige, mais je vous le présente quand même :

Je continue les recherches sur l'un de mes deux petits monstres, le sureau noir qui m'a été vendu sous le nom Leucodermis. Une chose est certaine, ce n'est pas Sambucus nigra 'Leucodermis'. Ce nom de variété Leucodermis a été donné à un sureau à fruits blancs mais sans aucune anomalie. Car ce nom ne signifie que "à fruits blancs".
Il est possible que mon sureau soit issu d'une mutation, non dépistée par le producteur chez qui elle s'est produite, d'un Sambucus nigra 'Leucodermis'. Cette hypothèse ne pourra être vérifiée que s'il se décide à produire des fruits.
Ce sureau, je l'ai vu sous ce même nom Leucodermis au Clos du Coudray et chez Valérie, mais ce n'est pas Leucodermis.
Ce sureau, je l'ai vu de nombreuses fois sur Internet sur des sites de pépiniéristes, surtout hollandais (et entre autres Esveld ). Est-ce 'Pyramidalis' ? Je ne crois pas. Certes, il a un port pyramidal mais il n'a pas que ça. On donne le nom Pyramidalis à un arbre ou un arbuste à port plus érigé que le type. Et c'est tout. Les feuilles et les entre-noeuds d'un arbre 'Pyramidalis' sont normaux. Et ce sureau a de sérieuses anomalies morphologiques.

Sambucus chinensis est toujours bien vert. Les nectaires sont toujours présents.

Je vous les avais promis. Aujourd'hui j'ai déterré Sambucus adnata pour cause de changement de terrain. Il n'y avait en surface que des tiges sèches.
Les 3 pieds de cette année étaient reliés entre eux et il y avait de nouveaux rhizomes dans toutes les directions sauf vers l'est où il y a peu de lumière à cause du sous-bois proche.

Voici donc le dernier nord-américain de la section Botryosambucus
Appelé aussi S. racemosa var melanocarpa, ou pire S. racemosa pubens melanocarpa (racemosa et pubens ont 36 chromosomes, melanocarpa en a 38).
Black Elderberry
Melanocarpa signifie à fruits noirs, ce n'est pas banal pour cette section.

C'est dans les meilleures conditions un arbuste de 4 m x 4 m, à troncs multiples partant de la base.
Les jeunes tiges sont vertes puis ocre. La moelle est brune mais blanche la première année, elle devient brun orangé de façon centripète en 3 ans.
Les feuilles sont vert sombre. Elles sont parfois bipennées, il y a parfois des stipules quand les conditions sont bonnes, terrain riche et humide.
Il y a parfois des glandes au niveau des noeuds.
Les inflorescences en grappes sont de taille variable, les pédicelles sont souvent teintés de rouge. Les fleurs ont des pétales récurvés comme la plupart des sureaux de cette section. Elles ont une odeur agréable. Elles sont autofertiles (je n'ai trouvé cette précision que pour ce sureau). La floraison a lieu en juin-juillet.
Les fruits sont d'un noir profond à maturité en août-septembre, contenant 3 à 4 graines.
Voici une photo des fruits

Je voudrais d'abord faire remarquer que tous les sureaux rouges d'Amérique du Nord que nous avons vus ont une floraison beaucoup plus tardive que le Sambucus racemosa d'Europe et même que Sambucus nigra, et cela quel que soit le climat, celui de Californie n'est pas rude. Il faut aussi noter qu'ils ont 38 chromosomes, celui d'Europe en a 36.

Le dernier sureau "rouge" que nous allons étudier a, lui aussi, 38 chromosomes et fleurit tard mais il pousse l'originalité encore plus loin, il a des fruits noirs ! Il fait pourtant bien partie de la section Botryosambucus avec sa moelle brune et ses inflorescences, et donc ses infrutescences, en grappes.

Ce sureau c'est Sambucus melanocarpa, Black Elderberry. Et la façon la plus compliquée de l'appeler c'est S. racemosa ssp pubens var. melanocarpa.

Qu'il soit espèce, sous-espèce, ou variété de sous-espèce, cela reste une question qui demande des études complémentaires. Une chose est certaine, il est difficile de l'appeler S. racemosa sans plus de précision.

Mountain red elderberry.
C'est un buisson bas de 0,5 à 2 m, au feuillage vert pâle, glabre.
Folioles de 3 à 9 cm, assez arrondies.
Inflorescence petite, aussi large que longue, de 3 cm. Fleurs blanches. Fleurit fin juin, juillet. photo
Fruits rouge vif de 4 à 5 mm, en septembre.
(Diffère de S. pubens par sa petite taille, son feuillage totalement glabre et la petite taille de l'inflorescence.)

Il vit dans les zones humides en montagne de 2000 à 3500 m.
Natif de Californie, Colorado, Nevada, confiné au sud-ouest de l'Amérique du Nord.
Rusticité : Z6.

Variétés : il y aurait des formes à fruits blancs et des formes à fruits jaunes.

Rusticité : Z6, donc plus frileux que pubens.

Il vit dans les bois humides, les berges de rivière, mais supporte la sécheresse, les vents forts, la pollution atmosphérique.

Les fruits mûrs sont appréciés des ours, des oiseaux et bien d'autres.

Utilisations :
médicale : les feuilles sont utilisées comme abortif mais aussi pour faciliter l'accouchement, comme analgésique, en pansements sur les abcès, pour réduire les oedèmes des entorses. L'écorce est utilisée en infusions contre rhumes et refroidissements, en application locale sur les entorses. Les fruits cuits sont utilisés contre les problèmes d'estomac.
culinaire : les fruits cuits donneraient une gelée agréable (il faut exclure les graines et l'épicer). Les Amérindiens les utilisaient cuits pour sauces, gelées, vins. Ils les conservaient en hiver dans de la graisse d'ours, ou séchés et réduits en poudre pour des cakes en mélange avec des baies plus sucrées, en particulier avec des myrtilles.

Le 30 juin, je vous ai montré la disparition brutale des fruits mûrs sur les sureaux rouges et en particulier sur Sambucus tigranii. J'ai été très étonnée de trouver une grappe intacte sur le S. tigranii d'Harcourt.

Comme tous les sureaux rouges, il a une moelle brune.

Je me suis précipitée sur mes 3 fruits de Sambucus chinensis pour comparaison puisque pour certains c'est la même espèce (chinensis est une plante herbacée à fruits rouges, hookeri est une plante ligneuse à fruits noirs).
Sur seulement 3 fruits mes constatations n'ont absolument aucune valeur statistique. Cependant, les trois fruits de S. chinensis n'avaient chacun que 3 semences et sur 72 fruits de S. hookeri aucun n'avait moins de 4 semences.
Graines de chinensis :

Le corymbe de Sambucus hookeri semblait peu fourni. J'en ai pourtant retiré 72 drupes. Vingt-deux d'entre elles contenaient 4 semences, les autres, soit cinquante, en contenaient 5. Cela fait plus de 300 graines. Reste à savoir si elles vont germer.
Ces graines m'ont réservé une surprise : elles ont une forme plus irrégulière et variable. De plus, alors que les autres graines de sureaux ont une forme ovoïde et plutôt plate, celles-ci sont parfois de forme triangulaire à la coupe.
En voici des exemples :

ou une façon beaucoup plus compliquée de le nommer : Sambucus racemosa subsp. pubens var. arborescens.
Sureau rouge du Pacifique
Coast red elder, Pacific red elder
On le trouve depuis les zones côtières de l'Alaska, la Colombie Britannique, Washington , Oregon, jusqu'à la baie de San Francisco.

C'est un arbuste de 3 à 6 m de haut, à port assez dressé. Le voici au Clos du Coudray le 30 avril :

Pour Sambucus adnata, la saison est finie, il est tout sec. Il est donc prêt à être transplanté sur le nouveau terrain, j'attends des nouvelles des notaires. Lors de la transplantation, je pourrai vous montrer ses rhizomes.

Voici ses bourgeons le 28 octobre. Il n'a plus de feuilles.

Rusticité : très rustique, jusqu'à Z3.

Ecologie :
Attire de nombreux oiseaux par ses fruits mûrs à la bonne période pour les couvées. Même le resplendissant Tangara écarlate ne dédaigne pas ses baies comme dessert après s'être gavé d'insectes.
D'autres oiseaux s'intéressent au nectar.
C'est également une source de nourriture pour de nombreux petits mammifères.

Variétés :
Il existerait une forme à fleurs roses, Sambucus pubens rosaeflora ou rosiflora. On la trouve de façon isolée parmi des individus à fleurs blanches.
Une variété leucocarpa, donc à fruits blancs, serait plus petite et plus ou moins stolonifère.

Utilisation :
Pour stabiliser les sols et contrôler l'érosion dans les zones humides.
Les fruits peuvent être consommés, seulement après cuisson.
Utilisation médicale.
Teinture (écorce, fruits, tiges).
Insecticide (feuilles séchées).

Fruits : les petits fruits rouges sont mûrs de juin à août selon les régions. Je n'ai pas de photo mais voici un lien.
Les graines sont petites, plus petites que celles de la plupart des sureaux. En voici une sur feuille de papier millimétré :

Feuilles opposées, imparipennées, de 5 à 7 folioles. Sur cette photo elles sont posées sur une feuille de papier format A4.

Voici un lien vers une belle photo de l'étonnante floraison de 'Monstrosa'. A partir de cette page, la page suivante montre les fruits à la forme aplatie, particulière également.
Et un aspect curieux d'une tige.

Le commentaire de Mr Fred, à qui j'ai d'ailleurs promis une bouture de 'Monstrosa', m'a titillée et je suis partie à la recherche de renseignements.
J'ai trouvé un article sur Sambucus nigra 'Monstrosa', que tout le monde ne pourra pas lire car il est en allemand. Il dit que cette anomalie (fasciation) survient toujours de façon inattendue à partir d'une semence de plante normale. Ensuite l'anomalie se transmet héréditairement par les semences de cette nouvelle plante, souvent de façon un peu différente, avec une couronne plus régulière (et nom une tige par ci par là, je pense). Il appelle cette nouvelle plante 'Monstrosa compacta'. J'espère que j'aurai des fruits de mon petit monstre pour essayer le semis.