Sureaux

Sur un corymbe, l'épanouissement des fleurs s'étend très lentement, en tache d'huile. C'est une constatation personnelle mais vérifiée sur de nombreuses photos sur des sites asiatiques.
Le même corymbe que précédemment le 21 juillet : les fleurs bien ouvertes s'écartent et on voit mieux les nectaires.

Les fleurs hermaphrodites, au parfum de citron, sont pollinisées par les insectes. Elles sont portées par dizaines sur des corymbes plats, au pourtour sans doute moins régulier que sur les autres sureaux. Elles sont très petites, jamais plus de 4 mm.

Ce sureau, je le taille pour faire de la place mais aussi parce qu'il souffre, pour provoquer la formation de feuillage plus vigoureux et lui éviter de casser, il tend vers l'horizontale. Il est sur la limite avec le terrain voisin (non entretenu, du moins en apparence pour les partisans du jardin à la française, il ressemble à mon terrain).
Je crois aussi que ce sureau a faim et soif. Il aura droit à de l'Or Brun et une bonne rasade d'eau de pluie.
Les coupes sont laissées sur place, sous forme de BRF (bois raméal fragmenté), vite disparu sous le lierre, près des camélias.
J'ai découvert à cette occasion qu'un Sambucus racemosa que je croyais mort a refait une tige qui a bien soif. Je vais m'occuper de lui aussi.

Près de l'inflorescence, les feuilles sont plus petites avec 5 ou 7 folioles, parfois même 3.
Presque toutes les feuilles présentent des stipules à la base du pétiole.
Ces stipules sont soit foliées

C'est une plante herbacée, haute de 0,5 à 2 m, se propageant par d'épais rhizomes.

J'ouvre à l'instant ma messagerie, Google m'annonce une nouvelle page web contenant le mot elderberry.
C'est une flûte amérindienne en bois de sureau. Malheureusement les enchères sont terminées. Mais il y a de magnifiques photos.

Avec trois semaines d'avance, il y a des fruits mûrs sur Sambucus nigra

Nous avons vu jusqu'à présent tous les sureaux de la section Ebulus et ceux de la section Eusambucus, ces deux sections ayant en commun des inflorescences plates et une moelle blanche.
Avant d'étudier la section Botryosambucus à inflorescences en grappes et moelle brune, il nous faut voir un autre sureau, impossible à classer dans l'une des deux sections parce qu'il fait partie de l'une et de l'autre.
Cette espèce se présente en effet tantôt sous forme herbacée, tantôt sous forme lignifiée. L'existence de l'une ou l'autre forme dans une région d'Asie semble dépendre du climat. Il est probable, mais cela n'a pas été démontré de façon irréfutable, que c'est bien la même espèce. Parmi les éléments en faveur d'une espèce unique, la plus frappante est l'aspect de l'inflorescence qui n'existe chez aucun autre sureau. Egalement, on a vu des formes intermédiaires à base lignifiée.

Dans cette folie destructrice, mon unique exemplaire de Sambucus canadensis 'York' a été amputé :

Habitat
On le trouve, comme l'autre sureau, sur une zone pas très large au sud-est de l'Australie, surtout dans New South Wales, Queensland, Victoria. Ses limites sont à l'est la mer, à l'ouest Tamworth.
Il vit sur le littoral, les rives, en forêt ou en bord de forêt de climat subtropical ou tempéré frais dans des sols humides.
Utilisation
Il fait partie des fruits qui étaient consommés par les Aborigènes dans la région de Sidney.
Rusticité ?
Propagation
par semis et boutures, sa croissance est rapide. Il nécessite un peu d'ombre quand il est jeune.
Avenir
Il est peu abondant, par exemple il est signalé 11 fois dans le Victoria. Mais il fait l'objet de replantation et de contrôle des plantes qui lui font concurrence, en particulier le long de la Snowy River.

Vous remarquerez que, depuis mars, il n'y a pas eu un jour sans floraison de sureau.

Fleurs de Sambucus adnata, pas aussi parfumées que celles de Sambucus ebulus. Les feuilles aussi sont différentes (folioles décurrentes).

Des images de S. chinensis qui rappellent les miennes, et un peu meilleures, sont visibles sur ce site asiatique

Sambucus chinensis sera décrit prochainement mais je ne peux résister au plaisir de vous montrer son développement actuel. L'inflorescence est un peu plus épanouie

Les inflorescences plates en corymbes très laches ont jusqu'à 20 cm de diamètre. Les fleurs hermaphrodites blanches, très petites, sont parfumées. Elles apparaissent surtout de novembre à mars (hémisphère sud). C'est donc une floraison prolongée. Voici une photo sur le même site
Les fruits, des drupes jaunes de 3 à 6 mm, contenant de 3 à 5 graines jaunes, sont sucrés, juteux et de saveur agréable, excellents. Ils sont mûrs de février à juillet.

Dans notre recherche des sureaux ligneux à inflorescences plates et moelle blanche, nous allons maintenant de nouveau en Australie. Nous y avons déjà vu un sureau herbacé, le White Elderberry, Sambucus gaudichaudiana. Il y a, à peu près dans les mêmes régions, un autre sureau, le Yellow Elderberry, Native Elderberry, Sambucus australasica. Il est parfois appelé xanthocarpa.
Il y a peu de photos exploitables de ce sureau. Voici la meilleure que j'aie pu trouver, sur un site gouvernemental. On y voit bien les feuilles et les fruits.

Description
C'est un arbuste plutôt frêle, ne dépassant généralement pas 4 m, exceptionnellement un arbre de 10 m.
Tronc et tiges : comme les autres sureaux de cette section, écorce gris-bun avec des lenticelles.
Les feuilles ont de 10 à 25 cm, comportent 3 à 5 folioles. Il peut exister des stipules, jusqu'à 6 mm de long. On peut voir rarement des feuilles bipennées et des folioles plus ou moins laciniées.
Il est presque totalement glabre.

A Veneux, Sambucus chinensis commence à fleurir

J'ai trouvé un site avec de superbes photos de culture du sureau canadien

Il va pleuvoir, je rentre et je consulte ma messagerie : eBay m'apprend une nouvelle (ou du moins inconnue de moi jusqu'à présent) utilisation du sureau . Je vous fait profiter de l'information

Situation
On le trouve dans la laurissilva, comme S. palmensis. Mais sur Madère c'est une forêt persistante humide alors que sur les Iles Canaries c'est une forêt persistante sèche. Altitude 300 à 1100 m.
Utilisation
Il faisait partie des plantes médicinales de cette île isolée et était souvent cultivé pour cela près des maisons.
Infusion de fleurs : diurétique, émollient, sudorifique, en gargarismes contre les angines et en bains de bouche pour les douleurs dentaires.
Feuilles fraîches en cataplasmes pour contusions, ulcères.
Décoction de fleurs pour les plaies.
Avenir
Il est lui aussi en grand danger d'extinction, menacé par les mêmes facteurs que S. palmensis, surtout réduction de son habitat et plantes exotiques invasives. R. Bolli n'a retrouvé que 3 stations en 1988, avec en tout 40 individus, dans une zone de 800 à 1000 m d'altitude au nord-est de l'île. Il semble prolifique mais à courte distance du pied-mère, 20 m au plus, et incapable de conquérir sans aide de nouveaux territoires.

Sambucus hookeri

Les îles de la Macaronésie abritent un deuxième sureau. Celui-ci vit sur Madère.
Vous le trouverez parfois sous le nom d'espèce maderensis, certes plus évocateur de son île natale, mais postérieur à Sambucus lanceolata évocateur de la forme de ses folioles, surtout la foliole terminale.
Nom vernaculaire : Sabugueiro da Madeira.
Description :
J'ai envie de vous faire profiter de ces photos
C'est un arbuste de 3 à 5 m, jamais plus.
Il ressemble encore plus que S. palmensis à Sambucus nigra, en particulier il est glabre, avec peut-être une particularité : des rhizomes pouvant atteindre 40 cm ont été observés.
Il est caduc ou semi-persistant.
La floraison a lieu de mai à juin. Les fruits sont mûrs en septembre-octobre. Ces fruits, en corymbes pendants, seraient sucrés et juteux, délicieux.

Le voici dans la ville de Montereau fault Yonne. Cela forme un beau massif uniforme, sans mauvaises herbes donc sans entretien ni produits chimiques, fleuri et parfumé.

Jeune Sambucus canadensis 'Aurea'. Le Sambucus ebulus à côté nétait pas prévu, mais ne vous avais-je pas dit qu'il est envahissant ?

Sambucus ebulus, inflorescence encore peu développée : même forme que celle de S. adnata sur la note d'hier, mais pas la même couleur

Les bourgeons floraux de Sambucus adnata commencent à se développer. Il mérite bien son nom local d'herbe de sang (note du 22 janvier 2007), même les boutons floraux laissent passer la couleur de la sève. Les fleurs seront blanches ou pointillées de rouge.

Le sureau des Canaries n'apporte sur le plan décoratif rien de plus que le sureau noir, son aspect est le même. C'est un sureau pour collectionneur.
Mais l'avoir dans son jardin c'est peut-être lui donner une chance de ne pas totalement disparaître de la surface de la Terre.
Au Royaume Uni il existe des réseaux de jardins privés qui hébergent une espèce botanique en danger. Les jardins botaniques ne seront jamais assez nombreux pour sauver à eux seuls tout ce que nous allons perdre comme espèces végétales.
Ces plantes rares et en danger peuvent être multipliées et distribuées par des pépiniéristes. C'est ce qui s'est fait récemment, et avec beaucoup de publicité, pour le pin de Wollemi, Wollemia nobilis, ou le palmier de Hawaï, Brighamia insignis. Une partie des recettes de ces ventes doit servir à protéger l'espèce dans la nature.
Pour Sambucus palmensis, il existe à ma connaissance en France au moins deux pépiniéristes qui le propagent, Le Clos du Coudray et Le Jardin de Rochevieille.

Pour compléter les connaissances sur ses besoins, je crois avoir compris que la forêt dans laquelle il vit sur ses îles natales est une forêt sèche, contrairement à la forêt de l'île de Madeire, une forêt humide où vit un autre sureau également en danger d'extinction.
Cela expliquerait qu'il tolère parfaitement le sable de Veneux si mal supporté par la plupart des autres sureaux et se développe moins bien dans le sol de Trifouilly qui retient mieux l'eau.

Là encore, je ne peux que relater mes expériences.
Lorsque j'ai acheté mes deux premiers specimens, n'étant pas certaine de leur résistance au froid, je les ai mis dans deux très grands pots pour pouvoir les rentrer en cas de gel. Au printemps ils n'avaient pas souffert du froid mais commençaient à se porter mal. Ils ne supportaient pas de rester en pot. Je n'avais alors que le terrain de Veneux, pur sable. Je les y ai plantés en urgence avec de la bonne terre. Pour l'un d'eux c'était trop tard, il est mort. L'autre a grandi très vite, il mesurait 2 m au moins à la fin de la saison. Depuis il a subi plusieurs hivers sans protection, avec des gels jusqu'à - 9°C. Il n'a pas du tout souffert de ces gels, ce qui est étonnant car il garde son feuillage en hiver et celui-ci n'était même pas transformé en salade cuite.
Par la suite j'ai acheté un autre S. palmensis. Je l'ai planté à Trifouilly, en même temps qu'une bouture du premier. Ils sont en bonne santé mais ne grandissent pas. Pourquoi ? Sol trop lourd, trop calcaire ?

Il me paraît assez sombre.
Ce sureau est endémique et rare dans les forêts de la zone des nuages, la laurisilva, sur les îles Gran Canaria, La Palma, La Gomera, Tenerife.
On ne connaît que 16 populations de ce sureau avec pour chaque groupe entre 5 et 79 exemplaires. Sur la Grande Canarie il n'y aurait plus que deux exemplaires !
Ses capacités de régénération sont faibles et il est menacé par le feu, le pâturage, les touristes, les routes et les pistes, les cultures en particulier de plantes exotiques, et l'exploitation médicinale de son écorce.
En grand danger d'extinction le sureau canarien est inscrit par la CEE sur la liste des espèces menacées et également à l'annexe 2, espèce dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation.