Sureaux

Sambucus nigra 'Naomi' est envahi par Sambucus ebulus

Utilisations thérapeutiques
Elles sont les mêmes que pour le sureau noir. Les Amérindiens utilisaient depuis longtemps feuilles, fleurs, fruits, écorce pour traiter les mêmes affections, troubles digestifs, respiratoires, maladies de peau, avec des spécificités selon les tribus : les Cherokee traitaient rhumatismes, brûlures, les Choctaw les maladies du foie, les Creek en faisaient un topique à base de poudre de racines pour les inflammations mammaires, les Delaware soignaient plaies, douleurs, jaunisse, coliques, les Seminole les maux d'estomac...
Actuellement on peut trouver des préparations pharmaceutiques, par exemple vendues en capsules sur le site de nativamericanbotanics.com, entre autres.
Utilisations alimentaires
Egalement identiques à celles du sureau noir mais les américains semblent avoir une exploitation plus raffinée des baies. Un vin de sureau par exemple est proposé en qualités doux, demi-doux, demi-sec, sec, sec réserve, épicé. Il est proposé à la vente en même temps un vin de sureau et de mûre, un vin pétillant de fleurs, des sirops, un concentré, des gelées.
Sur un site commercial canadien, j'ai même trouvé un produit encore plus complexe qu'ils appellent le Portageur utilisé comme apéritif ou comme digestif : ensemble, à 20 % d'alcool, de vins fermentés et de jus de sureau et d'aronia noir et un peu de sirop d'érable.

Comme le sureau noir européen, il a un long passé avec l'homme.
Quelques éléments de cette longue histoire :
- à partir de 1200 avant J.C. on a pu voir que des tribus cultivaient le sureau
- en Colombie Britannique, près du village de Greenville, des sépultures datées de 566 à 1290 après J.C. ont été mises à jour. Des quantités de baies de sureau ont été trouvées près de 16 squelettes. Mythe ? Nourriture de choix pour les morts ?
- sur un site du Mount Rainier aux USA datant de 1200 après J.C. on a trouvé des baies de sureau parmi d'autres restes comestibles
- les fouilles sur le site Draper, 1500 après J.C., ont montré que les Hurons consommaient les baies de sureau.
Les amérindiens lui attribuaient les mêmes propriétés thérapeutisues que celles du sureau noir en Europe et il a longtemps eu sa place dans la pharmacie familiale des canadiens français.

Sambucus nigra 'Thundercloud', branche fleurie

Les fleurs attirent beaucoup d'insectes. Le pollen intéresse des abeilles du genre Halictus, des syrphes, des mouches et bien d'autres. Les larves de tenthrèdes et d'autres bébêtes dévoreuses de feuilles et de fleurs les transforment en dentelle. Des très petites abeilles, dont les abeilles solitaires, font leur nid dans les tiges creuses.
Le perceur du sureau, Achatodes zeae, pond sur Sambucus canadensis 'Aurea' surtout. La larve grisâtre avec des petits points noirs finit par atteindre 4 cm de longueur et mange l'intérieur de la tige qui s'effondre.
Mais le plus beau , c'est le magnifique desmocère à manteau, Elderberry longhorned beetle, Desmocerus palliatus. Il est superbe, jusqu'à 26 mm de long, bleu sombre à reflets et un manteau (plutôt une cape ?) jaune vif

Hydrangea heteromala 'Bretschneideri', plus résistant à la sécheresse que la plupart des Hydrangea, selon mon expérience (je n'arrive pas à maintenir en vie les autres dans le sable de Veneux même avec des arrosages répétés)

Sambucus palmensis, le pied mère. Il est difficile de photographier mieux ses fleurs, il est beaucoup trop grand et ses fleurs sont au sommet, regardant le ciel

Comme tous les sureaux, il est fréquenté par ses aides à la dissémination : insectes pour la pollinisation, oiseaux et mammifères pour le transport des graines.
Aux oiseaux, il offre nourriture, abri, lieu de nidification. Au moins 50 sortes d'oiseaux vont s'y intéresser. C'est un lieu de nidification pour mancherolle des aulnes, paruline jaune, chardonneret jaune.
Ses fruits sont la nourriture préférée pour le geai bleu, le moqueur polyglotte, le moqueur chat, le merle d'Amérique, la grive des bois, la grive à dos olive, la grive à joues grises, la grive fauve, le jaseur d'Amérique, le cardinal à poitrine rose, le bruant à gorge blanche, les pigeons. Ils sont encore mangés par le chardonneret jaune, le junco ardoisé, les pics, gros-bec, oriole, paruline...
Les fruits sont souvent mangés quand ils sont trop mûrs et parfois les oiseaux tombent ivres.
Les mammifères aussi s'en nourrissent. En hiver, le lièvre d'Amérique et d'autres mammifères rongent les branches et les bourgeons. Il nourrit entre autres écureuils, lapins, souris à pattes blanches, cerf à queue blanche, chipmuks (genre Tamias, ressemble un peu à l'écureuil).

On le trouve sur environ la moitié est du continent nord-américain, du sud du Québec et la Nouvelle Ecosse à la Floride. Son territoire s'étend vers l'ouest jusqu'au Minnesota, à l'Illinois et au Texas.
Rusticité : zones (2)3 à 9 (10)
On le trouve près des forêts décidues, au bord des ruisseaux, des rivières, des fossés, des routes, près des zones marécageuses. Il supporte les inondations passagères.
Il aime les sols riches, humides, avec du soleil et de l'espace. Il préfère les sols neutres ou légèrement acides. Mais il est très tolérant :
- son pH préféré va de 6 à 7,5, il tolère le calcaire mais sans doute moins que nigra
- il tolère la sécheresse mais cette tolérance est modérée en zones 7 à 9, il faut donc un complément d'arrosage en région parisienne.
Dans de bonnes conditions sa croissance est rapide, plus de 50 cm par an.

Pour la première fois je vois un Sambucus nigra 'Plena' en fleur, des fleurs doubles bien sûr
en boutons :

'Hidden Springs' maturation uniforme des fruits dans un corymbe
'Nova' semis de 'Adams II' (pollinisation libre), sélectionné en 1946 au Canada, introduit en 1959, vigueur moyenne, taille des corymbes moyenne, productif, précoce, fruits plus sucrés que 'Victoria' et 'Kent' auxquels il ressemble, propagation très facile par boutures de branches d'un an, drageonne beaucoup. Il serait autofertile mais je n'ai trouvé ce renseignement que dans le catalogue de Edible Landscaping
'Scotia' mêmes origines, sélection du même semis, mêmes caractéristiques que 'Nova'
'Tarheel' vigoureux, produit dès sa première année, saveur un peu acide
'Victoria' 1960 vigueur moyenne, pas aussi productif que 'Johns' et 'York' mais fruits faciles à détacher
'York' développé à New York en 1958, introduit en 1964, corymbes très larges et lourds, mûrit après 'Adams', plus productif que 'Adams', c'est celui qui a les plus gros fruits, considéré comme l'un des meilleurs cultivars, peut produire dès la deuxième année. Bon pollinisateur : 'Nova'

J'ai parlé de mon petit monstre, Sambucus nigra 'Leucodermis' le 24 février. Il me laisse perplexe avec ses tiges trop courtes où ses feuilles sont télescopées. Il n'a jamais fleuri chez moi où il a 5 ans, ni chez Valérie où il est plus vieux. Je l'ai retrouvé ici, sous le même nom, il a davantage de troncs mais c'est bien lui avec son feuillage étrange. Et il va fleurir !

Hier, j'étais au Clos du Coudray. Ils ont quelques sureaux plus vieux que les miens. Je vais vous en faire profiter.
Sambucus nigra 'Madonna' :

Variétés et cultivars décoratifs
'Aurea' ( = 'Golden' ?) à feuillage doré. Pour certains il a des fruits rouges, pour d'autres des fruits noirs.
'Chlorocarpa' fruits vert pâle
'Laciniata' ou 'Acutiloba' à feuillage découpé comme le nigra du même nom. Reste assez petit, environ 2m50.
'Goldfinch' à feuillage découpé et doré.
'Maxima' qui a d'énormes corymbes.
'Argenteomarginata' dont le bord des feuilles est argent.
'Rubra' à fruits rouge clair.

Variétés et cultivars productifs
'Adams' sélectionné à New York en 1926 à partir de buissons sauvages, très grand, jusqu'à 6 m. En fait Adams I et Adams II (fruits plus petits mais corymbes plus larges que Adams I).
'Ebony King', haute qualité du jus, très productif, jusqu'à 11 kg par pied (7 kg au plus pour les autres cultivars), semi-persistant, garde son feuillage jusqu'à - 10°C.
'Johns' sélectionné en 1954, très vigoureux, productif, larges corymbes.
'Kent', sélectionné au Canada en 1947, introduit en 1957, vigueur moyenne, corymbes moyens, précoce. Semblable à Adams mais mûr 7 à 10 jours plus tôt.
A suivre...

Je crois, par expérience personnelle, que ce problème d'autofertilité existe pour d'autres sureaux que Sambucus canadensis, mais n'a pas été étudié car les autres sont peu utilisés pour la production de fruits.
Je vous ai montré les fleurs de Sambucus tigranii et Sambucus sachalinensis. Les grappes étaient belles, bien constituées, les fleurs parfaites.
A Veneux les Sablons j'ai 2 Sambucus tigranii et voici où en est la fructification :

Pour avoir des fruits, il faut d'abord qu'il y ait pollinisation et fécondation. La pollinisation est sans problème, les belles petites fleurs blanches et parfumées sont aussi attirantes pour les insectes que pour les humains. Mais le sureau canadien est très, très peu autofertile. Il faut donc au moins 2 arbustes et pour les cultivars productifs il est conseillé 2 cultivars différents.
Ce problème d'autofertilité, je l'ai expérimenté. 'Adams' fleurit abondamment depuis 2 ans mais d'autres plantés en même temps ne se sont pas développés de façon aussi vigoureuse et n'ont pas encore fleuri. Les superbes corymbes de fleurs de 'Adams' n'ont donné que 2 ou 3 fruits qui n'ont pas évolué jusqu'à la maturité ou ont été mangés par les oiseaux, et je n'ai pu y goûter. Et je ne vous montrerai pas de photo de fruits pour l'instant.
Lorsqu'il n'y a pas fructification, soit parce que l'arbuste est seul, soit parce que l'on coupe les fleurs fanées, ce que font les jardiniers qui ne s'intéressent qu'aux fleurs, la floraison dure beaucoup plus longtemps.
Les fruits, semblables à ceux de Sambucus nigra, aussi sombres, violet presque noir, mais plus petits, 3 à 5 mm de diamètre, sont plus sucrés et contiennent 3 à 5 graines. Le corymbe de fruits a un port retombant, comme nigra, peut-être un peu moins lourdement.

Le 24 avril, je vous ai montré 'Guincho Purple' en fleurs à Veneux. Aujourd'hui, j'ai vu sur la RN 6 de jeunes sureaux noirs en fleurs entre Moret et Montereau, et au Petit Fossard des plus grands, superbes, commençaient à fleurir.
Beaucoup de sureaux noirs ont commencé à fleurir, d'autres le feront sans doute dans 2 semaines, ce qui est normal. Pourquoi cette différence, même sur le même terrain ? Je n'ai pas d'explication.
Dans tous les livres, tous les sites web, vous lirez comme date de floraison mai, parfois juin, jamais avril.
Nous avons eu un hiver de zone 9. Depuis un mois il n'est pas tombé la moindre goutte de pluie, et si peu avant, et il fait le plus souvent 25°C ou plus. Comment un sureau peut-il s'y retrouver ?
A Trifouilly, j'ai planté proches l'un de l'autre Sambucus racemosa 'Oriental Beauty' et Sambucus nigra 'Purpurea'. Le premier est en pleine floraison, l'autre commence à fleurir :

Elles sont assez semblables à celles de Sambucus nigra, voir notes du 8 et 9 février.
Je ne donnerai que les différences :
Les corymbes peuvent être plus larges, jusqu'à 50 cm. Il y a de petites glandes dans les fourches des pédicelles.
Les fleurs sont plus petites, 4 à 5 mm de diamètre

Vous connaissez le prix Cognacq-Jay ? Il récompense une famille nombreuse méritante ayant au moins 9 enfants vivants. Cette gentille cane l'a bien mérité. Sur cette photo on la voit suivie de 10 canetons. Mais je l'ai vue samedi dernier pour la première fois et elle était suivie de 13 petites têtes. Hélas mon appareil photo était trop loin. En a-t-elle perdu, ou bien est-ce une autre cane ? En tout cas tout ce petit monde obéit au doigt et à l'oeil. Ou plutôt à la voix qu'elle utilise presque sans arrêt :

Voici l'accès à mon antre. On voit à peine le chemin entre l'aubépine rouge d'un côté, le lilas parme et le lilas blanc de l'autre. Dès le printemps, la maison n'est plus visible depuis la rue, le "jardin" devient une véritable forêt tropicale humide malgré le manque d'eau :

Ce sont, bien sûr, des feuilles imparipennées. Elles ont 5 à 9 folioles, parfois plus, mais c'est rare. Les feuilles à 9 folioles sont très fréquentes alors qu'elles sont exceptionnelles chez nigra.
De plus, sur les pousses végétatives vigoureuses, elles sont souvent bipennées au niveau des folioles de la base. En voici un exemple chez Sambucus canadensis 'Adams' :

Le feuillage apparaît très tôt, en février comme nigra, du moins en zone 8.
Sambucus canadensis en février :

Les jeunes troncs de canadensis gardent longtemps cet aspect, gris-beige avec des lenticelles.
Un vieux tronc devient plus rugueux avec des bandes sombres verticales :

Les tiges principales, que l'on peut appeler troncs, naissent de deux façons :
- comme nigra, par basitonie, c'est à dire à partir des nombreux bourgeons de la base
- mais aussi par drageonnage :

Voici une photo de Sambucus canadensis 'York', prise le 19 avril :

'Black Lace' est très sombre sur son tapis de Phlox :

Nous avons une situation intermédiaire ente Sambucus ebulus et Sambucus nigra. Un arbuste va se développer comme Sambucus nigra mais très rapidement vont apparaître des drageons tout autour du tronc central.
Sur quoi apparaissent ces drageons ? Sur des tiges souterraines mais certains les appellent stolons et non rhizomes, en particulier dans les textes de langue anglaise.
J'ai trouvé 2 définitions différentes des stolons :
- ce sont des tiges rampantes non souterraines (par exemple le fraisier)
- ce sont des tiges rampantes, soit non souterraines, soit souterraines, la différence dans ce dernier cas avec un rhizome, c'est qu'elles ne contiennent pas de réserves.
Je ne prendrai pas position. Ce qui est certain, c'est qu'elles sont souterraines. Cette photo de la base d'un buisson de sureau du Canada le montre bien :

Il a un port très différent de nigra, nous verrons plus loin pourquoi.
Même non taillé, il se présente toujours sous forme d'un large buisson à multiples troncs, certains partent de la base du tronc principal, d'autres sont des drageons. Il atteint 3 m ou un peu plus. L'ensemble forme un très gros buisson touffu, longtemps couvert de fleurs en été. Il est vraiment très beau.
Voici une photo de mon sureau canadien le plus épanoui, un cultivar, 'Adams'. Vous l'avez déjà vu mais là, le 16 avril, il n'a pas encore entièrement développé ses feuilles et on voit bien sa structure. Il semble avoir atteint le maximum de sa taille en hauteur puisqu'elle n'augmente plus depuis 2 ans : il dépasse légèrement la hauteur d'un wagon + quelques parpaings :

Sambucus canadensis 'Nova'. Planté fin décembre, après qu'il ait subi un voyage éprouvant, il drageonne déjà de tous côtés. A gauche, des Iris pseudacorus, imprévisibles, ils se ressèment partout, et je laisse faire :

Sambucus canadensis, c'est son nom botanique, cela veut dire du Canada. Mais, bien qu'il soit l'un des sureaux les plus résistants au froid hivernal, il se limite au sud du Québec. Son aire géographique est plus étendue aux USA. Très au sud, en zone 9-10, en particulier au sud de la Floride, on l'appelle Sambucus simpsonii et son comportement est différent, il garde son feuillage et fleurit par intermittence toute l'année. Est-ce exactement le même, supporterait-il l'hiver au Québec ? Ou est-ce une sous-espèce ? Ou est-ce une autre espèce ? Je n'ai pas trouvé la réponse.
Vous remarquerez que j'ai écrit les noms botaniques en italiques. Il faut que j'explique au moins une fois. Le nom binaire d'une plante (nom du genre et nom d'espèce) doit s'écrire en italiques. Je ne me sens pas trop coupable de ne pas le faire systématiquement parce que mon blog ne s'adresse pas à des botanistes, mais à des amis, aux jardiniers et aux amoureux de la nature et des plantes. Si je ne le fais pas, c'est pour 2 raisons :
- parce que je mets le nom de la plante décrite dans le titre de la note, et là, il est impossible d'écrire en italiques
- mettre en italiques demande chaque fois une manoeuvre, s'il faut le faire plusieurs fois c'est très handicapant car le temps accordé pour taper une note est vraiment très réduit.
Lorsque j'aurai le courage d'apprendre à faire un vrai site, je respecterai les règles.

Noms vernaculaires : American elder (elderberry), American common elder, sweet elder, white elder, sureau du Canada, sureau blanc. Attention, white elder est aussi le nom donné au sureau herbacé australien.