Sureaux

Photos du 10 mars. Le départ des bourgeons floraux continue.
Sambucus sachalinensis

Il y a encore des jonquilles mais elles ont été rejointes par les kerria, les jacinthes, les grosses cultivées mais aussi les sauvages minuscules et d'un bleu azur qui, comme les jonquilles, ont essaimé partout, et les petits narcisses :

Les mammifères
Il les intéresse peu, les carnivores n'en ont rien à faire, les herbivores préfèrent des herbes basses et surtout à l'odeur moins forte. Les lapins ne l'attaquent pas. Le bétail le délaisse.
Mais il a un amateur fervent, le blaireau. Les buissons de sureau et d'orties annoncent souvent l'entrée d'un terrier de blaireau. Les blaireaux sont très friands des baies de sureau. Ils en rejettent les graines dans leurs crottes et, comme les oiseaux, en permettent la dissémination. Dans certaines régions on l'appele l'herbe à blaireau. Il semble que le blaireau étale aussi des couches de feuilles sur le sol de sa tannière, ce qui éloigne les insectes.

Les champignons
Deux sont spécifiques du sureau :
Hyphodontia sambuci pousse en automne et en hiver sur le bois de sureau

Le sureau noir est un régal pour plus de 60 espèces d'oiseaux (estimation suisse).
Ils se délectent de ses baies. Ils trouvent des lieux de nidification sur ses fourches souvent horizontales dans un feuillage dense (nids de merles, grives, fauvettes). Il a, à mon avis, un défaut : son tronc crevassé et souvent oblique facilite trop l'ascension des chats, mais on peut mettre des colliers de protection.
Un lecteur des Quatre Saisons du Jardinage habitant la Nièvre écrit en 1987 : "Le moment de l'année qui rassemble le plus d'oiseaux, c'est la période de maturité des grappes de sureau... Nous avons vu l'arbre envahi par des dizaines d'oiseaux d'espèces différentes qui se toléraient à merveille alors que, l'hiver, elles se chassent pour venir aux mangeoires."
Sittelles et pics trouvent leur pitance dans les anfractuosités de son écorce.
Les fauvettes, qui consomment de nombreux insectes nuisibles, aiment ses fruits.
Et aussi merle, grive, rouge-gorge, rouge-queue...
Certains passereaux donnent même des fleurs de sureau à leurs oisillons.

La noctuelle jaune de l'artichaut, Gortyna flavago, qui se nourrit entre autres sur le sureau.
La thécla de l'orme dont la chenille se nourrit des pousses de l'orme mais l'adulte se nourrit de fleurs de sureau et de ronce.
La carte géographique dont la chenille se nourrit sur l'ortie, mais l'adulte se nourrit de fleurs d'ombellifères et de sureau.
Le sphinx du troène, l'eupithécie à 3 points.

Autres insectes
Abeilles, syrphes, cantharides, punaises, coccinelles. Les anglais ont dénombré 19 espèces d'insectes.
Larves et chrysalides passent l'hiver dans son bois creux. Les pontes y sont déposées et les adultes qui ne meurent pas en automne s'y réfugient.
La belle cétoine dorée se délecte des plantes à fleurs dont le sureau. J'en trouve de grandes quantités l'été dans ma buanderie. Je pense qu'elles pénètrent par la cheminée d'aération de la chaudière.
Lorsqu'on taille un sureau on peut faire de petits fagots avec les branches, ils serviront d'abri et de lieu de reproduction à de nombreuses guêpes prédatrices des ennemis de nos plantes.

Le sureau héberge ou nourrit, parfois de façon exclusive, un grand nombre de petits animaux.

Les papillons
La pyrale du sureau, Phlyctaenia coronata, beau papillon brun avec de grosses taches claires.
La phalène du sureau, Ourapterix sambucaria, d'un très beau jaune clair avec des stries plus foncées. Sa chenille se développe sur le sureau.
L'écaille chinée, Euplagia quadripunctata, dont la chenille se nourrit, entre autres, de sureau. La voici photographiée sur mon lit :

Rusticité
Z5 (-25°C) à 9

Habitat
Dans toute l'Europe, l'Afrique du Nord, l'ouest de l'Asie. Il semble qu'il se soit naturalisé dans au moins 2 états au nord-est des USA.
On le trouve dans les bois, en lisière de forêt, dans les haies, mais c'est aussi une plante pionnière sur les zones défrichées, les décombres et souvent près des maisons. On peut le trouver aussi en bordure de rivière, même en pied de berge et zone de balancement des eaux.
On dit qu'il aime les terrains humides et riches en humus, il aime l'azote, mais il sait se contenter de peu et les terrains secs ne lui font pas peur. Dans la forêt de Fontainebleau et dans mon jardin il est capable d'envahir le sol le plus sec qui soit, le sable pur, sans aucun arrosage même par les étés les plus secs, sans paraître en souffrir même lorsqu'il est jeune et sans être avare de ses fruits.

Beaucoup d'arbres, et particulièrement les fruitiers, sont sensibles aux perturbations du magnétisme terrestre et présentent alors des troubles de croissance, des tumeurs, etc. Le sureau noir fait partie des arbres résistants.

Dans les années 50, les pays derrière le Rideau de Fer ont poursuivi une politique d'indépendance agro-alimentaire et d'autosuffisance en vitamine C en cultivant des fruits inhabituels. Le sureau, de culture facile, sans traitements et même dans les pires conditions, en a fait partie. Ainsi sont nés en Roumanie 'Bradet' et 'Ina.
Plus récemment c'est le nord de l'Europe qui s'est préoccupé de sélectionner des cultivars productifs, surtout les danois. Maintenant on trouve des vergers aussi au Royaume Uni et en France des associations comme Fruits Oubliés commencent à en parler.
'Bradet' Roumanie
'Donau' Autriche le plus précoce, vers mi-août mais souvent cultivé pour les fleurs en mai, maturité début septembre
'Franzi' très productif, gros fruits colorés, floraison mai, maturité début septembre
'Haschberg' Autriche pour les colorants et les confitures. Vigoureux. Produit 25 T/ha
'Hamburg' ou 'Schwarzer Diamant' n'est pas recommandé, fruits acides et amers
'Ina' Roumanie, fruits moyens, hauts rendements
'Korsor' gros fruits sucrés
'Mammut' gros fruits
'Riese aus Vossloch' 25 T/ha
'Sambo' Tchécoslovaquie 1983
La série des "Sam" sélectionnés au Danemark :
'Sambu' fructifie 15 j plus tard que les autres
'Samdal' gros fruits et larges corymbes
'Samidan' très gros fruits et corymbes, arbuste compact
'Samnor' recommandé pour la Norvège
'Sampo'
'Samyl'
et, déjà cité 'Cae Rhos Lligwy' à gros fruits verts et goût de groseille à maquereau

Tous les autres ont des jeunes feuilles, à un stade plus ou moins avancé. Toutes les photos sont du 23 février.
Sambucus buergeriana :

Les saules pleureurs au bord de la Seine sont tout jaunes de leurs jeunes pouces. Cela donne envie de voir où en sont les sureaux en ce milieu d'hiver.

Trois sont hors concours :
- Sambucus chinensis et Sambucus hookeri n'ont jamais perdu leur feuillage. On peut se demander si c'est parce que l'hiver a été trop doux. Pour hookeri je ne sais pas mais chinensis s'est déjà comporté ainsi l'hiver précédent. Ils sont probablement tous les deux de la même espèce mais n'ont pas le même aspect, chinensis est herbacé, hookeri est ligneux.
S. hookeri le 23 février :

et fin, pour l'instant.
D'abord une photo de mon jeune monstre, 'Leucodermis'

'Pyramidalis' a un port très érigé, plusieurs troncs partent de la base. Le mien est encore trop petit pour être intéressant en photo, en voici une http://www.esveld.nl/htmldia/s/sanpyr.htm
'Castledean' a un feuillage sombre et des tiges noires
'Ardwall' porte le nom de l'île où il a été trouvé. Jeunes pousses vert clair devenant rapidement jaune clair mais les nervures restent vertes.
'Godshill', trouvé sur l'ile de Wight, a des fruits plus gros que le type.
'Urban Lace' a un feuillage découpé et des fruits verts.
'Witches Broom' et 'Pigmy' sont des sureaux vraiment très nains à cultiver en pot ou dans une rocaille.
'Cae Rhos Lligwy' a de gros fruits verts au goût de groseille à maquereau.
'Fructo Luteo' acquis récemment auprès de 2 fournisseurs : est-il identique à 'Albida' ? On verra.
'Leucodermis' ou 'Alba' est censé avoir des fruits blancs. Il reste pour moi un mystère. Le problème est qu'il ne fleurit jamais donc n'a pas de fruits. Certes le mien n'a que 5 ans et on pourrait le croire seulement un peu paresseux mais mon amie Valérie en possède un depuis beaucoup plus longtemps (même fournisseur), très grand, et il n'a jamais fleuri. Il a un aspect vraiment particulier, réduit presqu'à un seul tronc, les très rares branches érigées restent proches du tronc. Il ressemble à une caricature de 'Pyramidalis'. Ses feuilles larges et très courtes paraissent télescopées, les folioles s'entassent et se gênent par le manque d'espace et prennent un aspect gondolé, frisotté.

Si les fruits sont typiquement noirs, il y a des variétés à fruits clairs :
'Viridis' a des fruits vert d'eau très pâles et translucides, nettement sucrés

La fleur de la forme botanique a une corolle blanche à 5 lobes avec des anthères blanches ou jaunâtres.

S. nigra 'Aurea'. J'en ai d'abord planté 2 ou 3 successivement qui sont devenus rapidement verts. L'année dernière j'en ai planté un qui est resté jaune toute la saison, mais il est encore bien petit, j'attends de voir cette année.

Vous connaissez déjà celui qui a un feuillage rouge, 'Black Lace'

'Thundercloud'
Garde sa couleur rouge tout l'été, jeunes pousses vertes, fleurs roses puis blanches

Ils ont été selectionnés soit pour leur valeur décorative, soit pour des qualités productives, pour les fruits essentiellement

Variétés décoratives

Certains présentent un feuillage rouge. Dans l'ordre d'intensité croissante de la coloration :
'Purpurea'
feuillage rouge bronze au printemps, vert en été, boutons roses, fleurs blanches

L'ovaire de la fleur va faire place au fruit, du moins s'il y a fécondation, ce qui est toujours le cas car le pollen est très abondant et les fleurs de sureau attirent une foule d'insectes pollinisateurs.
Botaniquement parlant, ce fruit n'est pas une baie comme on pourrait le croire, mais une drupe : en effet, la graine qui vous paraitra très dure est en fait un noyau, c'est-à-dire que l'endocarpe sclérifié entoure la graine. C'est l'équivalent par exemple du noyau d'une cerise ou d'une amande. Il y a 3 (à 5) graines par fruit.

Qu'en est-il du sureau ? Les bractées ne vont pas nous aider, elles n'existent quasiment pas chez Sambucus nigra (tout comme les stipules sur les feuilles).
Voici une photo où, de toute évidence, c'est un corymbe composé

Elles sont complexes, avec au départ une division en 5 pédoncules, c'est assez constant, et à l'arrivée toutes les fleurs sur le même plan. Mais comment décrire la zone intermédiaire et quel nom leur attribuer ? Dans la littérature botanique on les trouve sous les noms de corymbe, ombelle et même parfois cyme. On peut éliminer cyme sans hésiter. Mais est-ce un corymbe, est-ce une ombelle ?
Ces deux termes désignent des formes particulières de la grappe :
- sur le corymbe les pédoncules des fleurs sont disposés comme sur la grappe banale mais la longueur des pédoncules est telle que toutes les fleurs sont sur le même plan. A la naissance de chaque pédoncule il y a une bractée.
- sur l'ombelle aussi toutes les fleurs sont sur le même plan mais les pédoncules naissent tous au même point. Les bractées sont regroupées en ce point et forment l'involucre.

Elles sont opposées et imparipennées, presque jamais bipennées. Les folioles sont au nombre de 5 à 7, très rarement 9. Elles sont irrégulièrement dentées. Elles sont caduques mais tombent tard, souvent en décembre, et l'arbuste débourre tôt, début février cette année.
Il n'y a pas de stipules ou des stipules minuscules.
Ces fleurs dégagent une odeur qui plaît ou déplait...

Enfin le tronc présentera une écorce épaisse, rugueuse, profondément crevassée, par creusement des lenticelles qui disparaissent au profit des crevasses. C'est du liège.

Chez les plantes ligneuses il y a deux types principaux de développement :
- un type qui va donner un arbre : la croissance se fait longtemps à partir du seul bourgeon terminal pour former un tronc. Puis des branches obliques vont se former à partir des bourgeons axillaires les plus proches du bourgeon terminal. Ce développement est appelé acrotone.
- un type qui va donner un buisson, un arbuste : la tige initiale se développe moins, les années suivantes d'autres tiges se forment à partir de bourgeons de la base : développement basitone qui aboutit à un ensemble de tiges jaillissant du sol.

Le sureau noir a, au début, un développement basitone. De plus des bourgeons de la base gardent très longtemps la possibilité de se développer même sur du bois dur. Cela se produit en particulier lorsqu'une branche casse ou est fortement taillée.
Au bout de 20, 30 ans, ou plus, ces bourgeons de la base perdent cette possibilité et le sureau va former un tronc et prendre l'aspect d'un arbre.

C'est ce qui s'est passé avec mon très vieux sureau. Lorsque son tronc a cassé il a développé une forte tige à la base qui a beaucoup grossi et a formé un deuxième tronc. Lorsque ce deuxième tronc a cassé, une branche située à 50 cm du sol a grandi, de même qu'une autre au sommet de ce qui restait du premier tronc, et c'est celle-ci qui grossit le plus.

Ceci se produit sur un sureau jamais taillé. On peut maintenir un sureau sous forme de buisson dense (et sans casse) si on le taille.

Je n'ai trouvé aucune description du système racinaire de cet arbuste, sans doute parce que c'est tout simplement le développement le plus courant des racines de dicotylédone. Ce sont de vraies racines, rien à voir avec les rhizomes des sureaux herbacés qui sont des tiges à développement plagiotrope (= perpendiculaire à la force de gravité) d'où partent des racines adventives. Ici, ce sont donc des racines, une racine principale à géotropisme positif descend verticalement dans le prolongement de la tige, c'est la racine pivotante. Puis des racines latérales vont se développer obliquement pour améliorer la fixation au sol et augmenter le champ d'exploration des réserves du sol (eau, éléments minéraux).

Il ne peut donc y avoir, comme dans le cas des rhizomes apparition de tiges à distance du tronc. Il ne pourra se multiplier que par semis, bouturage ou marcottage.

ou pour certains Sambucus nigra ssp. nigra

Noms français : sureau noir, grand sureau. Noms locaux : il en existe au moins 400 en France ! Je retiendrai surtout arbre de Judas (ne pas confondre avec arbre de Judée qui est le Cercis).
Noms anglais : elder, common elder, European elderberry, black elder, bore tree, pipe tree, Hylder, Eldrum (bas saxon) et... Devil's wood.
Noms allemands : Holunder, schwarzer Holunder et au moins une quinzaine de noms locaux.
Nom espagnol : sauco
Nom italien : sambuco
Au Portugal : sabugueiro

Origine du nom latin : sambuca, sambuké, une flûte qui pouvait être faite avec le bois évidé. C'est l'ancien nom latin peut-être dérivé du grec et du syrien.
Etymologie du nom français : selon Larousse, le mot remonte à 1359, il provient de l'ancien français sëur, altération de seü, du latin sabucus.

Description
C'est un grand arbuste pouvant atteindre 6 m de haut, parfois un arbre jusqu'à 10 m. Les sujets jeunes ou souvent taillés forment des buissons denses. Les sujets plus âgés prennent souvent un aspect caractéristique : le tronc et les vieilles branches sont courbés et sur la convexité de cette courbure partent des branches verticales, l'extrémité des vieilles branches meurt souvent puis casse.

n = 36