Sureaux

Je folâtrais dans les sureaux yèbles, me délectant de l'odeur d'amande amère que j'adore, lorsque je vis sur un chardon une bestiole éblouissante, rouge et noire :

Un cercope rouge sang ?  Non. C'était bien les mêmes couleurs mais un peu trop grand, et trop large, avec un trop grand nombre de taches rouges. L'œil vissé au viseur de mon appareil où je vois mieux, j'essaie de comprendre : les ailes n'ont pas la rigidité d'élytres, elles semblent fines et souples comme des ailes de papillon, elles sont disposées en toit. Les antennes sont élargies au bout comme celles d'un hétérocère mais il est midi. Je recadre pour agrandir l'image :

C'est bien une zygène, ma première zygène, un hétérocère (papillon de nuit) en effet mais qui s'agite le jour. Mais des détails sont surprenants : il y a deux têtes, il y a des pattes en trop en bas à gauche, il y a un troisième corps en haut à droite.

Je fais discrètement le tour de la plante pour voir sous un autre angle. Je n'ai pas été assez discrète, elles se sont séparées. Il y a bien 3 zygènes !

Pas très moral mais tellement beau !

J'ai horreur des limaces, des démons capables de détruire en une nuit la plantule la plus précieuse. Mais je vis en harmonie avec les escargots. Je parle de ceux qu'on remarque, les gros de 4 cm ou plus. Je les fréquente depuis des dizaines d'années sur mon terrain de Veneux. Ils ne semblent pas faire beaucoup de dégâts. Il m'arrive souvent d'en voir un, car l'escargot a l'esprit grimpeur, au sommet d'une plante où il semble dormir, et aucune feuille n'a été consommée.

Ils sont très colorés, en général bruns ou roux avec des rayures en hélice, plus rarement de couleur unie :

En hiver ils s'enferment dans leur maison :

A la belle saison ils ne sont vraiment actifs le jour qu'à la période des amours :

J'ai d'ailleurs fait le voyeur de façon plus détaillée sur une note.

Ne me demandez pas le nom d'espèce, j'ai essayé de comprendre les différences, cela ne m'a pas paru évident.

Mais c'est la première fois que je vois un gros escargot aussi blanc :

Je suis cernée par les papillons. Entre deux papillons de jour, je vais vous montrer des visiteurs de la maison à l'activité plus nocturne.

La Lithosie plombée,Eilema lurideola, parait toute petite quand elle est posée car elle replie bien ses ailes.

La Maure, Mormo maura, aime bien s'installer dans les maisons pour son sommeil diurne. J'en ai trouvé deux ce matin. L'une était dans la buanderie. J'ai essayé de la sortir mais elle ne pense qu'à trouver un mur tranquille pour dormir.

L'autre était dans la maison. Elle y est toujours, elle ne bouge pas, elle dort.

 Cette nuit, j'éteindrai tout dans la maison, j'ouvrirai les portes et j'éclairerai dehors. Une vie de papillon, ça se poursuit dehors.

Egalement présent en ce moment à Romilly, le Myrtil, Maniola jurtina, est un copain du Tristan, on les voit souvent ensemble. Mais il ressemble un peu à l'Amaryllis et lorsqu'il passe vite ou lorsqu'il est loin et se sauve quand on approche, il n'est pas toujours évident de les distinguer. Certes l'Amaryllis est d'un orange remarquable mais sa femelle est plus pâle et, au contraire, la femelle du Myrtil est très colorée.

De très près ou sur photo, c'est plus facile, même lorsqu'ils ont les ailes pliées : l'ocelle noir de l'Amaryllis est marqué de deux points blancs, celui du Myrtil n'a qu'un seul point blanc.

Voici encore un très joli papillon qui préfère les fleurs de ronces. D'ailleurs l'Amaryllis, Pyronia tithonus, apparaît en même temps que ces fleurs. Les photos sont du 2 et du 6 juillet. Mais il s'intéresse aussi aux autres fleurs et celles du chardon semblent lui plaire.

La couleur dominante des ailes est orange avec une large bordure brune. Un ocelle noir sur l'aile antérieure est occupé par deux points blancs.

Le dimorphisme sexuel est peu marqué mais le mâle porte une tache sombre sur l'aile antérieure et la femelle est plus pâle.

Mâle :

Femelle probable :

Je vous ai récemment montré ma charmante femelle lucane cerf-volant

et j'espère bien voir son mec un jour.

Si je vous en reparle, c'est parce que le dernier courriel de Noé Conservation nous demande de tout faire pour sauver le lucane et aussi d'autres insectes xylophages en danger parce qu'ils ne trouvent plus de bois mort. Nous parlons des "bons" xylophages, ceux qui recyclent le bois mort et ne touchent pas au bois vivant.

A Romilly ils ont tout ce dont ils ont besoin :

un tas de bois

un tas de branchages

le banc (plein de lézards)

la table (pleine de lézards aussi).

Le tronc du frêne abattu par la tempête a été laissé en place

mais l'entrepreneur de jardins n'avait pas l'habitude d'une telle demande. Le plus incroyable c'est qu'il est toujours vivant, il repousse sur ce reste de tronc, même au sommet pourtant très étroit. J'ai planté à son pied du lierre et de la vigne qui vont s'y accrocher tout seuls et serviront ensuite de support à une clématite et d'autres grimpantes. Ainsi un vieux tronc, même mort peut devenir très décoratif.

Il y a encore de nombreux arbres creux. Mais ce qui intéresse sans doute le plus les lucanes, c'est la vieille trogne de chêne, toujours vivante mais pleine de trous et de zones pourries, car le lucane a une préférence pour le chêne.

Je laisse aussi en place, en l'air ou au sol, les branches mortes des grands chênes.

A Veneux il y a aussi tout ça, même la base du tronc d'orme déraciné par la tempête et, en plus, l'HLM à bestioles que je vous ai déjà montré :

Il abrite, des oiseaux, des mammifères y compris des chauves-souris, des insectes. J'ai déjà vu un superbe lucane mâle. Les enfants des voisins, très étonnés, m'avaient appelée pour me demander son nom, mais à l'époque je ne faisais pas de photos.

Le charmant papillon appelé Tristan, Aphantopus hyperantus, aime les bois humides et les fleurs de ronces. C'est justement le début de la floraison des ronces bleues, Rubus caesius, à Romilly.

Les papillons sont de merveilleux insectes et leurs chenilles sont souvent aussi très belles. Il faut savoir tolérer quelques petits dégâts des chenilles pour pouvoir admirer toute cette beauté. Je vous en ai déjà montré quelques uns mais à Romilly il y en a vraiment beaucoup et il y en aura encore plus lorsque les eupatoires seront en fleurs. Il y a quelques coquins qui ne se laissent pas photographier. Je pense à un petit noir qui passe tous les jours mais tellement vite que je suis incapable de lui donner un nom.

Je vais donc vous montrer chaque jour un de ceux que j'ai pu photographier.

Nous commencerons par la carte géographique, Araschnia levana, encore une vanesse. Son aspect change au cours de la saison. La voici donc en début d'été, les photos sont du 22 juin et du 2 juillet.

Sa chenille n'est pas dangereuse pour vos légumes et jolies plantes, elle ne consomme que des orties. Encore faut-il garder un peu d'orties dans un coin retiré du jardin.

En voici encore deux. Ce sont deux jolis petits papillons. Ils ont en commun une curieuse protubérance à l'avant de la tête. Il faudra qu'un jour je me penche plus sérieusement sur l'anatomie des papillons.

Harpella forficella :

Zanclognatha lunalis :

Les corymbes de Sambucus chinensis sont encore bien petits et loin d'être épanouis.

Pourtant les araignées sont déjà là.

Elles savent que ce sera leur terrain de jeux et de chasse pour tout l'été, avec moi comme spectateur.

C'était à Romilly. J'ai vu ce grand coléoptère noir posé sur un bout de carton. J'ai aussitôt pensé au lucane mais il y a un défaut : où sont passée les cornes ? Sans ces "cornes" il n'y a plus aucune ressemblance avec un cerf. Etait-ce une autre espèce ? Ou bien avait-il perdu ses cornes dans une bagarre.

Arrivée chez moi, j'ai aussitôt interrogé le grand maître Google. Mais j'ai commencé par lui demander des renseignements sur le lucane cerf-volant. C'est bien lui, sans cornes. Il ne les a pas perdues, les mâles se battent pour les femelles mais sans dégâts physiques. Il s'agit tout simplement d'une femelle. Vous pouvez le vérifier sur cette photo d'un spécialiste.

Les "cornes" sont des mandibules très développées mais trop encombrantes et peu efficaces. Celles de la femelle sont petites mais très coupantes.

Elle était grande pour une femelle. Et, cela se voit à ses positions sur les photos, elle était très lente, comme endormie. Elle n'a pas cherché à s'envoler. Tout cela est normal pour une femelle.

A noter : la larve ressemble à celle de la cétoine et du hanneton, avec quelques petites différences plus nettes, et on ne la trouve que dans le bois mort ou très malade.

Cet insecte devient rare et il est protégé. C'est sans doute, au moins en partie, parce qu'on élimine les bois morts. Mais chez moi il trouve tout ce dont il a besoin pour vivre.

Pour continuer avec les bestioles qui s'intéressent au bois mort, il se passe, toujours à Romilly, des choses étranges. Quel est l'animal qui écorce soigneusement les bûches au sommet du tas de bois en laissant des copeaux au-dessous :

Lapin ?

La nuit je ne suis jamais piquée par les moustiques même portes et fenêtres ouvertes. Je crois que c'est dû à ma lampe qui me sert également de loupe. Elle comporte un tube fluo en cercle avec une vitre dessus. Une grande quantité de mouches y est aussi piégée, pas grillées, la lampe est froide, mais elles ne savent pas ressortir. Les autres insectes, entre autres les papillons, sont également attirés mais n'y pénètrent pas.

C'est cette lampe qui a attiré cet étonnant insecte, la tipule ornée ou Ctenophora ornata. C'est donc une sorte de cousin mais plus volumineux et bien mieux décoré. Malgré son aspect de moustique géant avec déguisement de guêpe, il ne m'a jamais fait peur, il semble inoffensif et il l'est. Il a un appareil suceur et non piqueur.

C'est un mâle reconnaissable à ses grandes antennes pectinées, superbes, et à une sorte de champignon qui lui a poussé sur l'extrémité de l'abdomen.

Vous verrez nettement, à droite sur la deuxième photo recadrée sur la tête, un des balanciers indispensables à l'équilibre du vol.

J'ai eu du mal à faire ces photos, il était très agité.

A Romilly je jardine dans un monde d'agrions. Il y en a partout, même loin de la mare. Il y a des bleu clair, des bleu sombre, des rouges. Mais aujourd'hui j'en ai vu un nouveau, tout vert, d'un vert pâle surtout pour les ailes, allant par endroits presque jusqu'au jaune et, ce que je n'avais jamais vu auparavant, des taches blanches sur toutes les ailes.

Les photos ne sont pas d'excellente qualité, il était loin et à l'ombre.

Il s'est envolé. Je n'ai pas été assez rapide pour le suivre mais son départ a révélé une superbe araignée sous la feuille.

 Ensuite, j'ai vu celui-ci, peut-être le même :

Attiré par une lampe, un lampyre mâle, Lampyris noctiluca, est venu se faire tirer le portrait dans mon séjour. Vous remarquerez ses gros yeux hypertrophiés. Il faut bien ça pour repérer les petits lumignons des femelles dans la nuit.

Les syrphes, ces jolies  mouches déguisées en guêpes pour tromper le méchant prédateur, ont de très beaux yeux, de mouches. Lorsqu'elles sont encore larves, elles déciment les pucerons que les sureaux hébergent souvent. Lorsqu'elles peuvent enfin voler, elles participent à la pollinisation et les fleurs de sureaux leur plaisent beaucoup.

L'an dernier les syrphes tournoyaient au-dessus des corymbes du sureau chinois tout le temps de la floraison.

Sambucus chinensis n'est pas encore en fleurs mais Sambucus canadensis a commencé. Ce joli corymbe de 'Maxima' leur plaît.

Je n'ai jamais vu autant de cygnes que cette année, sur la Seine et sur tous les nombreux plans d'eau (ex-carrières) de la région. Grâce et beauté.

Les habitués des zones fréquentées par les humains sont peu farouches.

Au bord de la Seine cet après-midi-là, j'ai aperçu une famille cygnes très loin. Avec la vive lumière et les reflets sur l'eau, je ne voyais pas s'il y avait 3 ou 4 petits.

Mais ils m'ont vue. Ils arrivent mais en restant toujours loin de la berge où je me tiens.

Il faut dire que sur la même berge et plus près d'eux il y a un pêcheur, sans doute là tous les jours et connu des cygnes pour être radin et armé de matériel dangereux. Dès qu'ils l'ont passé, virage vers la berge :

Ils sont là, tout près de moi. Une belle famille :

Je pars vers la voiture prendre de quoi faire un goûter entre amis, toute ma brioche au chocolat va y passer. J'ai fait 150 m AR, ce n'est pas instantané. Mais quand je reviens, ils sont toujours là. Les bébés ne sont pas tous identiques, il y en a deux blancs et deux gris pourtant apparemment tous du même âge :

Je n'en sais la raison, les petits tiennent souvent une patte hors de l'eau :

et ils savent déjà chercher la nourriture sous l'eau :

Je vous avais montré la bave de coucou et la larve qui s'y cache. J'avais trouvé un adulte, le cercope rouge sang. J'en ai trouvé un autre, le cercope de l'aulne, ou cicadelle écumeuse, ou cicadelle de l'aulne, Aphrophora alni. Il a des couleurs plus discrètes, il se fond dans la nature, mais il est adorable avec sa petite tête triangulaire.

Ne prenez pas cet air dégouté, c'est très mignon un cloporte. On n'en parle pas souvent, il est considéré comme insignifiant, un moins que rien, même pas agréable à regarder. Il est pourtant indispensable comme tous les petits êtres de la nature. Il fait partie des recycleurs de matières mortes. Et il ne fera jamais de mal à vos plantes. Au pire il est désagréable quand il envahit des caves où il trouve l'humidité qu'il recherche. A Romilly j'en ai beaucoup, ils tombent dans mes trous de plantation, je les remonte délicatement. Il ne serait donc pas normal que je ne vous parle pas du cloporte mais seulement des papillons.

Il est petit, il est bien propre avec ses jolis anneaux de carapace brillants et parfaitement articulés.

Il se met en boule dès qu'il a peur.

Il se retrouve les quatre (ou plus) fers en l'air dès qu'on le bouscule.

Il est mignon, gentil, absolument inoffensif aussi bien pour vous que pour vos plantes, ne lui faites pas de mal.

Sambucus nigra 'Monstrosa' se développe merveilleusement bien à Romilly, il grandit vite, il est d'un vert superbe, très sain. Mais hier, horreur !, je vois l'extrémité de sa plus haute branche pendre lamentablement et commencer à se flétrir. 

J'ai dû la couper. Voici la cause de ces dégâts : la tige a été rongée.

J'ai fouillé dans le feuillage très dense de ce sureau, je n'ai trouvé aucune bestiole, aucune larve mais les restes de deux branches desséchées. Qui ronge mon beau sureau ?

Un superbe longicorne (lepture fauve ?) s'est posé sur le feuillage mais s'est enfui aussitôt en me voyant, la conscience pas tranquille ?

Faute de preuves il a bénéficié d'un non-lieu. Mais il reste sous surveillance. Ne ressemble-t-il pas aux deux desmocères américains qui vivent et pondent sur les sureaux américains ?

Elle était belle mais elle ne m'a laissé faire que cette photo :

Son abdomen large et plat me fait penser à une libellule déprimée mais, bien sûr, je n'y connais rien.

L'an dernier c'est moi qui étais déprimée : je n'avais pas vu une seule libellule à Romilly, que des demoiselles. Et celle-ci est la deuxième que je vois, différente de la première. Est-ce mon nettoyage en cours des bords de la mare qui les attire ? La mare voit enfin le soleil et la prolifération de plantes d'eau, jusque là chétives et sans fleurs, surtout iris, nuphar et reine des prés.

J'ai repris quelques vieilles photos mises de côté parce que je n'avais pas identifié la bestiole.

Celles-ci sont du 8 mai à Romilly. Je pense qu'il s'agit de la cétoine grise ou drap mortuaire, Oxythyrea funesta. Elle fait des ravages dans les fleurs avec une prédilection pour les fleurs blanches, surtout iris et roses.

Encore un papillon qui se fait remarquer parmi la gent lépidoptères.

Pourquoi s'appelle-t-il ainsi ? Petit parce qu'il en existe un grand qui lui ressemble beaucoup. Mars je ne sais pourquoi. Changeant parce que ses changements de couleur le font particulièrement remarquer. Son nom officiel pour l'état civil est Apatura ilia et Apatura iris pour le grand.

Je l'ai vu à Trifouilly sur la terrasse où je gare ma voiture. A un bout de cette terrasse s'est entassé de la terre chargée de débris de feuilles mortes et autres détritus. C'est ça qui l'intéressait. Il en consommait puisque la trompe y plongeait avec délices. Dès que je m'approchais il s'envolait mais y revenait aussitôt. Il m'a ainsi tourné autour pendant plus d'une heure mais je n'ai jamais pu l'approcher à moins de trois mètres. Et jamais il ne s'est posé sur une fleur. C'est une de ses caractéristiques : il s'intéresse plus aux saletés, humides de préférence, qu'aux fleurs.

Son autre particularité, propre au mâle uniquement, c'est le changement de couleur de ses ailes qui, selon l'orientation de la lumière, vont passer du brun-roux à un coloris bleu-violacé métallisé. Je vous laisse admirer.

C'est évidemment le papillon, il n'y a pas de colibri oiseau en Europe. Le papillon qui l'imite si bien c'est le moro sphinx, ou sphinx colibri, Macroglossum stellatarum.

Je suis arrivée à Trifouilly à 12 h et je l'ai vu dès que je suis sortie de voiture, s'occupant méthodiquement, fleur après fleur, d'une touffe de valériane des jardins, Centranthus ruber, à fleurs rouges. Au milieu des touffes de fleurs rouges il y a une touffe de la même plante à fleurs blanches. Il ne s'est jamais occupé des fleurs blanches. Est-ce le même individu, je ne sais, à 16 h lorsque je suis partie les valérianes étaient toujours surmontées d'un moro sphinx. C'est un papillon de nuit qui ne vole que le jour, de préférence en pleine canicule. Il fait tout pour se rendre original.

Regardez sa bouille sur cette photo, on dirait une bouille de chat :

Je vous rappelle que Oenothera speciosa est un piège mortel pour le moro sphinx. Cette très belle plante, vendue couramment, appelée œnothère rose, est originaire d'Amérique du Nord où il n'y a pas de sphinx. Elle présente un conduit étroit qui coince la trompe du sphinx et parfois d'autres papillons. Ils se débattent et finissent par mourir épuisés. Il ne faut plus acheter cette plante, elle n'est pas adaptée à notre faune.

Des lumières dans la nuit. Au nord de la maison, dans le lierre, des petites lumières vert fluo, au moins quatre par mètre carré. Bien sûr ce sont des verts luisants, Lampyris noctiluca.

Tout le monde sait que ce ne sont pas des vers mais des coléoptères dont la femelle a gardé l'aspect de la larve et donc n'a pas d'ailes. Son seul moyen d'attirer un mâle, un coléoptère complet capable de voler, c'est sa petite lumière au bout de son abdomen. Cette lumière s'éteindra quand elle sera fécondée.

Comment les photographier sans les perturber ? J'aurais pu faire des photos plus intéressantes en les mettant dans la maison mais je répugne à les ennuyer.

Je me suis juste aidée d'une lampe torche peu puissante. Les conditions étaient telles que je ne pouvais faire une mise au point précise. J'ai donc pris plusieurs photos avec une distance variable de l'objectif.

Et c'est seulement sur la photo que j'ai vu que j'avais eu la chance de photographier un couple !

Voici le cadre où se passent ces amours, en bas la lampe :

Et voici le couple :

Une femelle encore célibataire :

La larve de hanneton est un terrible ravageur au jardin. Les hannetons sont devenus plus rares mais autrefois de véritables campagnes de destruction des hannetons et de leurs larves étaient menées car ils étaient capables de décimer les récoltes.

La femelle hanneton pond ses œufs dans la terre, assez profondément. Les larves vont s'y développer 3 ans, s'enfonçant parfois jusqu'à un mètre. Elles deviennent de plus en plus grosses et dévorent les racines de toutes les plantes rencontrées.

Les larves de cétoine non seulement ne font aucun dégât mais participent efficacement au recyclage des matières mortes.

J'espère que vous êtes convaincus de la légitimité de la destruction des larves de hanneton et de la nécessité de respecter les larves de cétoine. Il faut donc savoir les distinguer.

L'argument le plus simple, le plus évident, c'est le lieu où se trouvent ces larves. J'ai trouvé ma larve de hanneton dans la terre et la larve de cétoine dans un morceau de bois pourri mais j'aurais pu la trouver dans mon tas de compost. Elles sont là où elles trouvent leur nourriture, celle de hanneton près des racines de vos plantes, celle de cétoine dans le tas de compost ou autres matières mortes.

Leurs différences morphologiques :

Larve de hanneton :

Larve de cétoine :

La larve de hanneton a une grosse tête et un petit cul, c'est l'inverse pour la larve de cétoine. Ce qui est facile à constater : la tête de la larve de hanneton est aussi large que le corps, celle de la larve de cétoine n'occupe que la moitié de cette largeur.

La larve de hanneton a de longues pattes où on distingue nettement plusieurs articles. Celle de cétoine a de toutes petites pattes qui semblent faites surtout de deux articles à angle droit, des pattes peu fonctionnelles, incapables de la soulever du sol, au point que cette pauvre larve avance sur le dos !!

Ne vous trompez pas d'ennemi. Laissez vivre les vers blancs du tas de compost. Même si vous les emmenez avec le compost dans vos plantations, ils n'y feront aucun mal, vos racines ne les intéressent pas.

Le hanneton ne me parait pas très beau, et même franchement moche, massif et lourd, même quand il est amoureux,

et franchement répugnant quand il vient s'entasser dans mes pots au printemps.

Même si la larve est pire que lui, l'imago est aussi un beau ravageur qui dévore les feuilles des arbres et des arbustes quand cet insecte adulte sort de terre affamé au printemps.

La cétoine a une splendide carrosserie vert métallisé avec des reflets mordorés selon l'orientation de la lumière. Elle est belle et elle sait décorer les fleurs

de sureau

de rhododendron,

de rose.

Elle grignote un peu et certains rosiéristes la considèrent comme un ravageur parce qu'elle a une préférence pour les roses, ce qui traduit un goût raffiné. Mais elle ne fait pas beaucoup de dégâts. Il y en a de grandes quantités sur mon terrain de Romilly comme le prouve cet attroupement sur un corymbe de sureau.

Je n'ai constaté aucun dégât sérieusement visible ni sur ce corymbe ni sur les roses.

A côté de ce broutage très limité et peu visible de fleurs, la cétoine fait partie des principaux pollinisateurs et son bilan au jardin est très positif.

J'ai planté des rosiers 'Calizia'  qui formeront un beau tapis au pied d'un sureau sibérien.

Pour planter des rosiers, il faut faire des trous. Dès le premier trou j'ai trouvé une larve de hanneton et une autre plus tard.

Je vais en profiter pour reparler, en plusieurs notes, d'un sujet qui me tient à cœur : la ressemblance des larves de hanneton et des larves de cétoine.

Mais voyons d'abord cette larve de hanneton se tortillant dans toutes ses poses préférées car elle est plutôt nerveuse.

Un détail : lorsque je l'ai prise dans la main, elle m'a mordue.

Seulement 3 pieds de cosmos, à peine plantés et déjà fleuris, ils sont le coin le plus fréquenté du jardin. Il ne s'est passé qu'une minute entre la première et la dernière photo.

Et même fané c'est un délice.

Je vous avais montré la jolie chenille du cul-doré prenant ses repas sur un rosier à Romilly sur Seine.

Le saule est aussi un de ses mets préférés. C'est sur un saule que je l'ai trouvée à Trifouilly, là encore à plus de 1 m de hauteur.

Mais elle n'a pas fait de dégâts bien visibles sur les roses. On peut la considérer comme inoffensive.

Mon avis est confirmé ici.

En fin de journée à Romilly il est apparu, époustouflant de couleurs. Le Vulcain, Vanessa atalanta, une vanesse donc comme la Belle Dame, est lui aussi un voyageur. Il est frileux et il aime bien hiberner près de la Méditerranée. A l'occasion la traversée de la Méditerranée ne lui fait pas peur mais aussi, depuis le réchauffement climatique il lui arrive d'hiberner plus au nord, surtout qu'il traine dans les vergers en automne pour se délecter de fruits trop mûrs. Encore une bonne raison de garder des orties dans le jardin, c'est l'habitat préféré de ses chenilles.

Il a voleté de-ci de-là.

Lorsqu'il s'est posé plus longuement j'ai pu m'approcher. Ce qui s'est passé alors est dû, je crois, au fait qu'il m'a vue. Il est resté fermé, m'a laissé le photographier sous tous les angles mais toujours fermé. Il sait sans doute qu'il est moins visible ainsi.

De face

De profil

Nez en l'air

Lorsqu'il a enfin ouvert ses ailes, je me suis laissé surprendre et le cadrage laisse à désirer mais même sans le bout des antennes il est superbe.

Avez-vous remarqué qu'on ne voit que 4 pattes ? C'est sa particularité, il marche sur 4 pattes. On ne sait même pas où sont les deux autres.